Avertissement : Notre collectif tient à clarifier sa position quant aux recompositions actuelles de la gauche locale. Le sujet apparaît régulièrement dans nos lignes ces dernières semaines, et nous tentons de rendre le plus objectivement possible ce qui se joue dans les différentes organisations politiques en jeu. Saisis par des militants de diverses tendances, nous nous appliquons à faire le tri dans les informations dont nous sommes destinataires, afin de ne pas outrepasser notre rôle d’observateurs et de diffuser une information la plus impartiale possible. Nous faisons le choix d’aborder ce sujet dans toute sa complexité car il nous paraît crucial en vue des futures échéances électorales. Il va sans dire que nous nous appuyons toujours sur des preuves factuelles ou matérielles, afin de devancer toute attaque en diffamation.
Suite à son départ de La France Insoumise, Antoine Peillon a participé, le 4 avril à 18h30, à une réunion interne regroupant plusieurs groupes d’action de la FI, dans le but d’expliciter les raisons de son choix de rejoindre GénérationS. Si ses explications en ont convaincu certains, d’autres s’inquiètent de n’y voir qu’un nouvel épisode de houle au sein d’un navire déjà bien secoué.
Au cœur des explications d’Antoine Peillon, l’importance pour lui que revêt la NUPES, bien plus que les divers partis qui la composent. Lors de son bilan, il s’est concentré principalement sur les enjeux de cette alliance dont il se présente comme l’un des animateurs principaux au niveau local. Pour lui, les conflits au sein de la FI à Dijon, dont il était l’un des cristallisateurs, rejaillissaient de fait sur l’union de gauche, y empêchant son plein investissement. Dans le contexte de la tenue d’un Comité des respects et des principes pour tenter de régler les tensions locales à la FI, il a donc décidé de tirer sa révérence, et de choisir un autre cadre pour pérenniser son action au sein de la NUPES, cela en adhérant à Génération.S.
D’aucuns diront qu’il a ainsi évité le sort réservé à Arnaud Guvenatam. Toujours est-il que la France Insoumise reste à reconstruire à Dijon, sans ces deux figures ayant généré la majorité des crispations.
Mais cela est-il encore possible ? Les rancœurs sont profondes, et cette réunion, loin de les apaiser, les a parfois ravivées.
D’abord parce que la position d’Antoine Peillon ne semble pas si claire qu’elle n’y paraît. En effet, ce dernier affiche sa volonté d’aider la LFI à se développer via son engagement au sein de la NUPES 21. La page ne semble donc pas totalement tournée, et cela inquiète ses adversaires. Car deux de ses principaux soutiens – Yves Mestas et Dominique Guidoni-Stoltz – sont toujours présents, et ont réaffirmé leur proximité idéologique et amicale avec cette personnalité clivante. Cette proximité pose question à certains militants, qui acceptent difficilement que, par ce biais, Antoine Peillon garde la main sur la FI locale. Exemple probant : la gestion du site internet, et donc d’une grande partie de la communication, reste pour l’instant de son ressort, le temps d’un tuilage avec Dominique Guidoni-Stoltz.
Autre point de tension, la mise au point d’Antoine Peillon sur son positionnement politique. Rappelons que les attaques dont il était l’objet au sein de la FI portaient notamment sur ce point, ses détracteurs lui reprochant une trop grande proximité avec le PS local, soutien affiché d’Emmanuel Macron lors des dernières élections présidentielles.
Or, lors de cette réunion, Antoine Peillon a affirmé n’avoir “jamais été LFI”, et d’avoir porté la candidature aux législatives pour des questions stratégiques, bien qu’il ne se soit jamais entièrement senti en totale adhésion avec le projet porté par ce mouvement politique. Coup de tonnerre pour tout observateur extérieur, mais pas pour ses opposants, qui voient là une simple mise en mot d’une problématique sous-jacente depuis son arrivée.
Entre sentiment de trahison, rancœurs personnelles, et crainte de stratégies politiciennes, la reconstruction de la France Insoumise risque d’être difficile à Dijon. Gageons que les militants sauront s’appuyer sur une solide colonne vertébrale idéologique et se remettre ainsi en ordre de marche pour les échéances électorales à venir.