Arnaud Guvenatam, qui a débuté sa carrière politique en 2005 à l’âge de 18 ans, a rejoint le parti socialiste par héritage familial. Le passage de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle a été un choc pour lui, renforçant ainsi son engagement politique. En 2008, lors du congrès de Reims, Jean-Luc Mélenchon a quitté le parti socialiste. Arnaud Guvenatam, séduit par le discours de Mélenchon, a alors rejoint le parti de gauche pour le soutenir. Depuis lors, et jusqu’à son implication avec la France Insoumise, Guvenatam a toujours été un fervent supporter de Mélenchon, en plus de son engagement syndical.
Anciennement représentant de la France Insoumise 21 et candidat lors des dernières élections municipales à Dijon, Guvenatam s’exprime aujourd’hui, après son exclusion de la France Insoumise 21. Dijon Actualités a recueilli ses impressions sur son passé, son présent et son futur lors d’une interview :
Arnaud Guvenatam, pouvez-vous nous expliquer les raisons votre récente exclusion de la France Insoumise 21 suite à une décision prise au niveau national ?
Arnaud Guvenatam : Je pense qu’il y a plusieurs facteurs qui ont contribué à cela. Tout d’abord, il y avait un climat délétère au sein de la France Insoumise à Dijon, dû à des orientations politiques divergentes. Et non pas du fait de problèmes d’inimitiés ou de conflits de personnes, comme certains peuvent le dire. J’étais, par exemple, fermement opposé à la participation à la primaire populaire, l’initiative lancée par les proches de Christine Taubira pour les élections présidentielles de 2022. Certains militants insoumis considéraient en effet que la FI ne devait pas présenter Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. Cette divergence d’opinions a parasité les débats pendant de nombreux mois, ce qui n’a pas facilité la situation.
Ensuite, il y a eu la désignation par le comité électoral du frère de Vincent Peillon, (ndlr : Antoine Peillon), pour la première circonscription de la Côte-d’Or. Effectivement, j’avais proposé ma candidature, persuadé que l’implantation et le travail effectué tout au long de ces années auraient pu, à mon avis, déloger Didier Martin de sa circonscription. Suite à des mois de tensions, j’ai fait l’objet de harcèlement, tout comme d’autres militants de la France Insoumise à Dijon, de la part de certains militants du même mouvement.
J’avais pris l’initiative de saisir le comité des principes en amont de la désignation du frère de Vincent Peillon car cela faisait déjà des mois que le harcèlement et les menaces, entre autres désagréments, perduraient.
Arnaud Guvenatam
J’avais pris l’initiative de saisir le comité des principes en amont de la désignation du frère de Vincent Peillon car cela faisait déjà des mois que le harcèlement et les menaces, entre autres désagréments, perduraient. Pris dans la campagne présidentielle, le comité de respect des principes n’avait pas nécessairement le temps de s’en occuper d’après ce qu’ils m’ont dit. Ils croulaient sous les demandes, étant donné que c’est un organe national, et il y avait des tensions partout dans le pays.
Publiquement, je déclare que je soutiens la NUPES, notamment Catherine Hervieu puisque je votais à ce moment-là dans la deuxième circonscription. J’étais loyal à la NUPES et loyal à l’accord passé. J’ai toujours dit que je prenais acte de la décision du comité électoral, et que je respectais cette décision. J’ai dit qu’ils commettaient une erreur politique et que ce n’était pas une stratégie permettant de gagner. Ce que je vous dis là est une analyse politique, et l’analyse que je fais est qu’effectivement, ils ont réussi dans la troisième meilleure circonscription de Bourgogne Franche-Comté à perdre énormément de voix. Ils arrivent malgré tout au second tour, et c’est une catastrophe. 41,5% des voix est un score très faible, dans le contexte de 2022. En effet dans des circonscriptions comme la deuxième, qui est très favorable à la droite, Catherine Hervieu perd seulement de 800 voix parce que c’est quelqu’un qui est implanté depuis des années. Dans la troisième, Patricia Marc qui est sur Marsannay et Chenôve depuis des années ne perd que de 60 voix, il n’y a pas de secret.
On m’a fait porter la responsabilité de l’échec du frère de Vincent Peillon, parce que je ne l’ai pas soutenu. C’est trop pratique de faire cela ! Mais non, c’est sa campagne qui n’a pas été bonne, son absence d’implantation, son discours qui n’a pas pris et qui n’avait aucune chance de prendre dans la première circonscription. Mon exclusion arrive dans ce contexte, et elle survient un an après certains propos que j’ai écrit à l’encontre du candidat de la première circonscription. Ce qui pose tout de même une question sur la prescription de mes propos. Pour ma part, j’ai été insulté publiquement, traité de “top vidange de la fausse à purin dijonnaise”, tout y est passé. Il y a eu des communiqués de presse où j’ai été qualifié de voleur, j’ai également été insulté de « branleur », entre autres choses sur des boucles Telegram de plusieurs dizaines de personnes. Pour autant, c’est moi qui suis exclu. Mon exclusion rentre aussi dans un contexte où il y a eu l’affaire Adrien Quatennens et la France Insoumise au niveau national est sous une très grosse pression. Et comme toute institution qui se sent attaquée, elle réplique par la brutalité. La brutalité, c’est l’exclusion, c’est la pire sanction qui puisse arriver pour quelques mots qui ont été écrits. La hiérarchie des peines me pose question quant à cette sanction qui m’a frappé. Je pense que le national a dû se dire : bon, maintenant que le frère de Vincent Peillon a quitté la France Insoumise, on va tenter de repartir sur des bases saines et exclure Arnaud Guvenatam.
Je pense que le problème, ce n’est pas moi. Les problèmes sont d’ordre d’orientation et de stratégie politiques au niveau local. Je maintiens que le comité électoral et le comité de respect des principes ont commis une grave erreur. Ce n’est pas en m’écartant de la France Insoumise que cela va régler les problèmes d’orientations politiques. Aujourd’hui, il y a toujours des militants au sein de la France Insoumise 21 qui ne sont pas d’accord avec l’orientation politique en interne.
Dans un article de presse paru récemment, certaines personnes de La France Insoumise 21 prétendent que votre éviction de la LFI21 a apaisé la NUPES 21. Croyez-vous cela ?
Non, je n’y crois pas du tout. Déjà parce que je n’ai pas assisté à une réunion NUPES 21 depuis la mi-2021. Ce sont des histoires qu’ils se racontent pour se rassurer. Cela leur permet aussi d’éviter de parler des divergences politiques qui peuvent exister entre les différentes composantes de la NUPES 21. Les tensions sont encore bien existantes au sein de la FI21, pour preuve de ce qu’il s’est passé lors de la première réunion de la mise en place de la boucle départementale.
Pour rappel, La France Insoumise fonctionne par la mise en place de boucles départementales avec la désignation de représentants qui ne sont pas élus mais désignés par consensus. Le mandat ne dure pas plus d’un an, je le rappelle, c’est important, pour gérer diverses choses. Les candidatures ont été ouvertes sur la plateforme nationale de la FI afin que chaque militant.e. volontaire puisse déposer une candidature. Les responsables de groupes d’actions, avec la députée référente Aurélie Trouvé, se sont réunis pour désigner les représentants de LFI localement.
C’est le fonctionnement de la France Insoumise, je ne le remets pas en cause. J’y ai adhéré pendant plusieurs années et cela me convient tant que tout le monde est d’accord avec la manière de fonctionner. A l’issue de la réunion de la boucle départementale, je suis surpris de voir que des militants de longue date et très impliqués, ne soient pas désignés au consensus sur des postes à responsabilités. Je n’ose croire que c’est parce qu’ils me sont proches, ou simplement pas en accord avec mes détracteurs.
Non, mon exclusion n’apaise rien, il y a toujours ces problèmes d’orientations politiques au sein de La France Insoumise 21. Ce sont, je le redis, des problèmes politiques, ce ne sont pas des problèmes de personnes.
Non, mon exclusion n’apaise rien, il y a toujours ces problèmes d’orientations politiques au sein de La France Insoumise 21. Ce sont, je le redis, des problèmes politiques, ce ne sont pas des problèmes de personnes.
Arnaud Guvenatam
On m’a fait passer pour quelqu’un de déloyal au mouvement, cela me fait doucement rigoler eu égard à tout ce que j’ai fait et porté dans ce mouvement depuis sa création. En effet, parmi mes détracteurs, certains ont une loyauté à géométrie variable. Ça me fait penser aux élections départementales de 2021 où le seul conseiller municipal de La France Insoumise dans la métropole, ne veut pas afficher son étiquette comme France Insoumise à Fontaine-Lès-Dijon. Je parle de Sébastien Lebonnois, élu au conseil municipal sur une liste commune avec Europe Écologie Les Verts et le reste du Parti Socialiste, entre autres. Il se trouve qu’aux dernières élections départementales, il a défendu Côte-d’Or Terre d’avenir (coalition menée par le PS) sur le canton de Fontaine-Les-Dijon, et il n’est pas venu aider les autres camarades insoumis investis sur les autres cantons pour faire leur campagne. Donc, quand on me reproche un manque de loyauté, alors que certains ont soutenu des forces alors concurrentes à la France insoumise, je trouve cela savoureux.
Selon vous, Antoine Peillon, qui a affirmé n’avoir jamais été à La France Insoumise, a-t-il été loyal envers les Insoumis ou même envers les électeurs qui ont voté pour lui ?
Je dirais qu’il revient aux militants et aux électeurs de le dire. Ce qui me pose question, c’est le fait qu’une personne qui, quatre jours avant le premier tour de la présidentielle de 2017 vient expliquer dans la presse nationale que Jean-Luc Mélenchon est un autocrate, puisse être investi par LFI. Ce n’est tout de même pas quelqu’un qui a dit cela à l’âge de 25 ans et n’ayant pas de structuration politique. C’est un grand reporter qui déclare ça à 59 ans, en sachant très bien ce qu’il dit à ce moment-là. Donc, quand il s’est agi de jeter des pierres sur Mélenchon pour empêcher son accession au second tour de la présidentielle de 2017, le candidat malheureux de la première circonscription avait bien contribué à cela.
Ensuite, le frère de Vincent Peillon quitte la France Insoumise juste après le 49.3 et la certitude qu’une dissolution de l’assemblée nationale et un nouveau vote n’arriveront pas. Outre le timing, le choix de l’organisation politique Génération.s pose question. Génération.s est tout de même le mouvement de Benoît Hamon. Ce n’est pas leur faire injure que de dire que c mouvement est très favorable à l’Union européenne. Ils sont d’ailleurs dans le Pôle Ecologiste initié par EELV, qui est fédéraliste. Cela risque de créer de nouvelles tensions lors des éléctions européennes de l’année prochaine. J’espère qu’on ne me mettra pas sur le dos les divergences programmatiques européennes des diverses composantes de la NUPES…
Pour en revenir à Génétation.s , certes, à Dijon, ils ont soutenu tardivement la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Mais c’est un mouvement qui ne prône pas la rupture avec les traités européens, ils sont aussi militants pour le revenu universel, ce que nous ne sommes absolument pas. Il y a donc des divergences importantes. Encore une fois, je ne parle pas des individus, les personnes de Génération.s sont des gens que j’apprécie humainement, ce n’est pas le sujet. A EELV aussi, il y a des personnes que j’apprécie. Pour moi, ce sont des sujets politiques qui posent question. Notamment dans les choix d’organisation, et des déclarations dans la campagne des législatives. Le frère de Vincent Peillon se prononce en faveur de la Cité de la Gastronomie, et déclare publiquement que François Rebsamen est un grand maire de gauche. Cette proximité avec la branche très libérale du Parti Socialiste local est confirmée, comme je le dis depuis le début.
Génération.s a plus de compatibilités avec un Parti Socialiste très peu vindicatif sur les questions sociales et écologiques ou sur les questions européennes. Bon, on peut considérer ce ralliement à G.s comme une tactique de rapprochement pour faire une liste avec Nathalie Koenders et tous les gens qui soutiennent Rebsamen depuis 20 ans.
Est-ce que pour vous, Antoine Peillon est un opportuniste ?
Je laisse les gens se faire leur avis. Les envies et les motivations du frère de Vincent Peillon ne m’intéressent pas. Ce qui m’intéresse, c’est la ligne politique qui sera portée sur Dijon. Je vois des militants de la France Insoumise qui sont plus unitaires que jamais dans le Bien Public alors que se sont des gens qui ont dit pis que pendre sur les communistes, les socialistes et les écolos quand il n’y avait pas eu encore d’accord, et qui maintenant veulent l’unité. Cela m’amuse beaucoup quand on sait de qui il s’agit.
Pour en revenir au frère de Vincent Peillon, ce n’est pas, semble-t-il, une question d’opportunisme, c’est une question de fidélité à une orientation politique. Je pense que la situation politique de la France n’a pas changé dans ces fondements d’un point de vue tel que l’on puisse abandonner la rupture sur les traités européens, qu’on ne parle plus de mettre fin aux DSP comme l’eau, les transports, les déchets et j’en passe…
La NUPES 21 ne parle pas de fond, d’ailleurs dans l’article du Bien Public, c’est la demande du Parti Communiste et du Parti Socialiste : maintenant, il faut qu’on parle du fond. Il faut vérifier si cet accord national peut s’appliquer au niveau local, voilà ce qu’ils disent. Ça fait un an que la NUPES est constituée, ils ne parlent absolument de rien du tout localement. Ils font des communiqués de presse pour appeler à soutenir les manifestants pour la réforme des retraites, c’est bien, mais maintenant il va falloir se poser la question du fond politique.
Il y a deux solutions, soit c’est un calcul à court terme et ils se disent là, on va rafler des sièges donc on fait du Syriza, c’est ce qui s’est passé en Grèce : on suscite l’espoir, on balaye le passé, on n’en parle plus. Puis en fait, Tsipras arrive au pouvoir avec le pistolet sur la tempe et il signe le mémorandum sous menace, sinon c’est la balle. Alors que 15 jours avant, il y avait un référendum et le peuple grec avait dit qu’il était hors de question de signer le mémorandum. Et maintenant, Syriza a disparu du champ politique grec et c’est la droite brutale qui est en place.
Moi, je veux bien qu’on me dise qu’il faut lutter contre la droite et l’extrême droite en faisant à tout prix l’unité, oui mais sur quelle base politique ! Je serai toujours là pour dire : politiquement, que faites-vous ? Donc la question de la motivation personnelle du frère de Vincent Peillon ne m’intéresse effectivement pas.
En tant que militant, ayant été candidat à l’élection municipale, n’est-il pas un peu compliqué d’envisager une future alliance avec des gens qui ont travaillé avec François Rebsamen et ont contribué, comme certains le disent, à la bétonnisation de Dijon ?
C’est compliqué, et cela va nécessiter, je pense, des débats publics. Entre les différentes organisations membres de la NUPES 21, je n’aurais pas le même avis. Parce que si, effectivement, en 2020 j’ai beaucoup mis en exergue le bilan de Stéphanie Modde et d’Europe Ecologie Les Verts pendant les élections, je considère que leur candidature autonome, le fait qu’ils aient rompu depuis 3 ans, c’est-à-dire avant les opportunités politiques de rafler des sièges, les prises de position, notamment de Billy Chrétien et Carole Bernhard en faveur par exemple de la régie publique de l’eau, montrent qu’ils ont déjà prouvé leur autonomie, qu’ils ont rompu avec le système Rebsamen. À partir de là, je considère que ce sont des personnes avec qui il faut discuter.
D’autres organisations posent question. Le Parti Socialiste est aux responsabilités et il est profondément divisé. Il ont eu un congrès, et ce n’est pas la motion Faure qui a gagné en Côte d’Or. Et même dans la motion Faure, il y a des soutiens, je pense notamment au premier d’entre eux, Thierry Falconnet, qui est un très proche de François Rebsamen, qui est responsable des transports, donc de la délégation de service public des transports. Alors que dans la NUPES et à La France Insoumise, il est question de rompre avec les délégations de service public et cette logique libérale. Voilà, là on parle de politique, on parle de fond. Tout est une question de politique.
Il y a aussi localement la question du Parti Communiste avec lequel nous avions eu des avancées très significatives aux élections municipales lors de réunions de constitution du programme. Au final, le PCF a préféré aller avec François Rebsamen. David Haegy (PCF) a même défendu la Semop ODIVEA suite à la fin de la DSP de SUEZ sur l’eau, dans une vidéo de campagne de François Rebsamen. Ils ont accepté d’aller sur une liste où il était avéré qu’il y avait des anciens macronistes, du Parti Radical, du Modem, et face à la bronca ils ont finalement retiré leur soutien à François Rebsamen. Ceci dit, le candidat communiste est resté et a même été élu.
Donc effectivement, cela pose des questions car il n’y a pas eu de rupture et il y a des traces laissées par l’élection présidentielle. Fabien Roussel, contre toute logique d’intérêt général et du bien commun, a maintenu une candidature à 400 000 voix alors qu’il en a manqué 200 000 à Jean-Luc Mélenchon pour arriver au second tour. Effectivement, cela pose question.
Selon vous, au regard du passé, la NUPES 21 a telle un avenir ?
C’est une question qui est compliquée, comme je vous le disais. Je pense qu’avec les Verts il y a quelque chose de possible à faire. La France Insoumise est très écolo, je pense qu’un pôle écolo localement est quelque chose de très intéressant. En revanche, avec les « électricité et Béton », c’est plus compliqué sur ces questions. Je vois la fébrilité des uns et des autres dans l’article du Bien Public où il est plus facile de dire que c’est la faute d’un homme, en l’occurrence moi, si les relations sont tendues. Non, je ne pense pas avoir tendu les relations, j’ai défendu un programme pour lequel un mouvement national m’a mandaté. C’est ce que j’ai fait. La difficulté qu’il y a, c’est de régler les questions de fond politique. Là, la NUPES 21 est face à un moment de vérité.
Il y a peu, voire très rarement de communication de La France Insoumise 21. Tout semble passer par la NUPES 21. Y a-t-il encore une ligne politique à La France Insoumise 21 ?
Alors, oui et non. Effectivement, La France Insoumise 21 est divisée, il y a le bloc des gens qui sont contre moi et qui sont satisfaits de mon exclusion, et qui se répartissent les postes dans la boucle départementale, et ensuite il y a les militants de terrain qui travaillent, proches de la FI, présents dans les syndicats et dans les associations. Les jeunes notamment qui font un travail formidable, comme sur le CROUS où ils s’occupent des problèmes de cafards et de punaises de lit, bref… Leur travail montre ce qu’est un engagement politique. Là, il s’agit d’aller au charbon, d’aller se frotter à la direction du CROUS, ça mobilise du temps, de l’énergie. Il s’agit aussi de fédérer les étudiants autour de la dignité humaine. On parle vraiment de choses qui sont concrètes, Victorien et Jasmine font un travail incroyable. Victorien est une personne qui s’investit depuis des années, qui tient la barre et qui est écarté des boucles départementales, car selon eux, il n’est pas pertinent. Moi, ça me fait quand même rigoler.
Localement, je pense également à la famille Triangle Rouge qui a toujours été dans le combat politique, malgré une certaine naïveté vis-à-vis de certaines personnalités pseudo-locales. Depuis des années, ils se sont battus pour faire éclater la vérité sur ce qu’il s’est passé lors de la liquidation du Crédit Municipal et les 45 millions d’euros en découlant. Ils sont allés jusqu’à gagner contre Rebsamen au tribunal administratif pour obtenir des documents, comme je l’avais fait auparavant sur le sujet de l’eau. Pour le reste, les multiples candidat.es et autres donneurs de leçons n’ont jamais porté de sujets d’intérêt général sur le plan local.
Il y a des choses qui se font à La France Insoumise 21, mais la communication en leur nom ne se fait pas, c’est triste. Bon, en même temps, pour pouvoir communiquer sur des sujets locaux, faut-il encore avoir des choses à dire ! Même la communication au sein de la NUPES 21 est compliquée, parfois tout le monde signe, parfois tout le monde ne signe pas les communiqués de presse. J’ai beaucoup d’échos rapportant le caractère très tendu des réunions de coordination. Réunions auxquelles, je ne participe, je le redis… A mon sens, La France Insoumise doit réaffirmer son caractère insoumis.
Quand le frère de Vincent Peillon dit qu’il ne doit pas y avoir d’hégémonie de LFI dans la NUPES, je dis que c’est quand même un mouvement qui a fait 22% à la présidentielle sur la base de son programme. De ce point de vue-là, on a une responsabilité d’être le moteur de l’alliance. Je pense qu’il y a un effacement délibéré qui, personnellement, me pose question et qui, encore une fois, m’interpelle sur l’orientation politique locale qui doit être donnée par certains représentants de la NUPES 21.
Une fête de l’Union sera vraisemblablement organisée le 9 septembre 2023 par la NUPES 21. Trouvez-vous que cela est une bonne idée, et serez-vous présent à cette fête de l’Union ?
Je ne sais pas quel va être le contenu de cette fête. S’il y a des tables rondes pour discuter du programme entre les différents représentants de la NUPES 21, je dis banco, cela pourrait être intéressant. Être dans un moment d’éducation populaire, ça pourrait être intéressant. Si on m’invite pour débattre, alors j’irai.
En politique parfois, il faut savoir s’inviter. Seriez-vous prêt à vous inviter à cette fête ?
Non, non, non, je ne m’invite pas. Si on considère que je peux apporter quelque chose, je viendrai. Cela fait pratiquement un an que je ne participe plus aux réunions de la NUPES, donc bon… Visiblement, ma parole et mes idées trouvent encore un écho, puisque certains parlent de moi dans la presse.
Arnaud Guvenatam chez Europe Ecologie Verts demain, c’est possible ?
Tout d’abord, je tiens à dire que je me sens très bien au Parti de Gauche (PG). Ensuite, je ne suis pas certain que les Verts me démarchent pour adhérer à Europe Ecologie les Verts. Cette hypothèse nécessiterait, je pense, qu’il y ait une modification profonde de l’ADN d’Europe Écologie Les Verts sur un certain nombre de questions. Sur les questions écologiques je pense qu’il y a des gros points communs, il se trouve que j’ai un master 2 en écologie. La biodiversité, la biologie de la conservation, sont des sujets qui me tiennent vraiment à cœur, c’est le centre de ma formation scientifique et universitaire, il y a donc des liens évidents. Néanmoins, ça me semble difficile pour le moment, de pouvoir aller défendre un fédéralisme européen. J’ai la conviction que les traités européens corsettent les marges de manœuvre des États dans, par exemple, le déploiement de la planification écologique. En effet, la planification écologique présente dans le programme de l’Avenir en commun nécessite d’avoir des leviers bien plus importants au niveau de l’État que ce dont on dispose actuellement ! C’est beaucoup le reproche fait à Macron de ne pas être ambitieux sur les questions écologiques, déjà parce que je pense que ce n’est pas son logiciel, et aussi parce qu’effectivement il y a la question des traités européens qui nous interdisent par exemple de mettre en place des droits de douane importants sur les produits qui ne respectent pas les conditions environnementales etc. Donc, adhérer chez les Verts ça ne serait possible qu’avec des modifications profondes de l’analyse de ce parti, analyse que je respecte, encore une fois. Dans le débat politique il faut que les idées soient défendues. Mais à ce stade, adhérer chez EELV, non.
En toute franchise, la France Insoumise 21, vous l’avez défendue, vous l’avez représentée, est-ce qu’elle vous manque aujourd’hui ?
Je vais faire du Mélenchon. Parce que je trouve qu’il est franc, donc je vais vous parler franchement. La France Insoumise – et Jean-Luc Mélenchon l’a dit – n’a pas vocation à être démocratique, c’est un mouvement gazeux. C’est avant tout un outil de prise du pouvoir. Je ne suis pas attaché aux outils, je n’ai pas de fétichisme par rapport au mouvement. J’ai un attachement aux militants, aux individus qui défendent leurs convictions avec sincérité. Ces gens-là ne me manquent pas puisqu’ils sont toujours présents dans mon entourage proche. Je les vois toujours, on a toujours des débats politiques, on discute… Humainement il n’y a pas de problèmes. La vraie question c’est : est-ce que la France Insoumise peut encore être un outil de prise du pouvoir ? Là c’est plus compliqué parce qu’effectivement il y a des dissensions profondes entre, je dirais, ceux qui veulent plus de démocratie interne et ceux qui disent que dorénavant ce sera comme auparavant. Donc je pense qu’il y a des questions structurelles qui doivent être réglées. Se pose aussi la question de la prise de recul de Mélenchon. Il y a des ambitions, il y a des ambitieux, et je ne sais pas si ça peut permettre de tenir le cadre idéologique du programme. Je l’espère, mais à ce stade, je n’en ai pas la conviction certaine, je ne sais pas. Par contre je suis convaincu d’une chose, c’est que la pertinence de la candidature de Mélenchon en 2027 est évidente pour moi. Ceux qui le voient à la retraite, ce sont les mêmes qui le voyaient fini en 2012 avec son score de 11%, qui le voyaient fini en 2017 etc. On m’a raillé en interne quand je donnais les raisons politiques et faisais des analyses de sociologie politique montrant pourquoi Mélenchon pouvait dépasser son score de 2017. Il a fait 22% en 2022 !
J’ai toujours été de ceux qui considéraient que c’était un grand penseur de la Gauche, c’est un peu le Jaurès du XXIème siècle. C’est quelqu’un qui continue à apporter une richesse idéologique et politique énorme. Alors il fait des erreurs, mais ça reste je pense le plus grand atout de la France Insoumise. J’ai la certitude que c’est lui qui devrait défendre le programme en 2027. Programme que j’espère toujours ambitieux, car le risque c’est la dilution. Mais justement je lui fais confiance pour que ça ne soit pas dilué, que ça ne soit pas vendu. Pour moi la France Insoumise elle a un avenir, j’en ai été exclu donc je ne peux plus y participer en tant que tel mais j’y participerai à ma manière, au Parti de Gauche par exemple, pour prendre part activement à la campagne présidentielle qui amènera je l’espère la victoire de notre camp politique. Je dis bien « notre » camp politique car être exclu de la France Insoumise ne veut pas dire être exclu du camp politique. Personne ne peut m’en exclure d’ailleurs.
Concernant la NUPES 21, imaginons un accord pour une liste NUPES aux prochaines élections municipales à Dijon. Vous souhaiteriez voir qui en tête de liste ?
Sincèrement je ne sais pas. Car selon la tête de liste, l’empreinte politique ne sera pas la même sur la campagne. Si la tête de liste est communiste, on n’aura pas la même campagne qu’avec une tête de liste écologiste. Pour des raisons évidentes de divergences profondes, sur des questions telles que la bétonisation, le nucléaire, le 100% bio, le zéro déchet etc. Ces orientations sont très avancées chez EELV et chez LFI, mais ne sont pas des préoccupations centrales au Parti Communiste, qui travaille surtout sur des questions très sociales. Je ne dis pas que la France Insoumise ne travaille pas ces questions, au contraire, mais l’identité profonde n’est pas la même. Donc selon la tête de liste la campagne sera très différente. Ce que je voudrais, c’est qu’il y ait un équilibre entre tout ça. C’est-à-dire qu’on n’ait pas une campagne qui s’adresse exclusivement aux habitants plus aisés du centre-ville, mais qui mobilise aussi les habitants des quartiers populaires, et les gens qui sont éloignés de la vie politique. Je rappelle qu’aux dernières municipales, le taux de participation était de 30%. Certes en contexte covid, mais ça reste un taux très faible. Le maximum de taux de participation c’est 50%, ça veut dire qu’il y a déjà 50% de personnes qui sont en grève du vote. Notre camp politique est d’ailleurs celui qui se déplace le moins lors des scrutins intermédiaires. Donc c’est essentiel de penser la question : quelle est l’orientation politique qu’on veut mettre dans cette liste ? D’autant qu’il y a un attachement à la personne, il y a des réseaux, il y a l’implantation. Donc je ne suis pas en capacité de donner un nom.
Vos électeurs. Vous en avez eu, vous les avez représentés. Auront-ils un jour l’occasion de revoir Arnaud Guvenatam soit sur une liste, soit tête de liste à une élection ?
J’ai toujours fonctionné de la même façon par rapport aux candidatures. La vérité c’est qu’il y a plus de place pour être candidat que de candidats. Il faut savoir que ça nécessite une implication, de s’exposer publiquement, et je pense avoir été énormément exposé ces dernières années. Ça m’a d’ailleurs valu beaucoup de difficultés dans le milieu professionnel, et pas que, quand je pense au harcèlement dont j’ai été victime ou même à mes parents intimidés à leur domicile. Avoir un engagement Insoumis public c’est très compliqué. Donc, j’ai fonctionné en me mettant à la place à laquelle mes camarades pensaient qu’il fallait que je sois. S’ils estiment que je peux porter une liste, avec des exigences d’orientation politique, s’ils pensent que je peux apporter sur une liste parce que sur certaines thématiques on me donne toute latitude pour défendre un certain nombre de choses dans le cadre d’un programme partagé, pourquoi pas. Mais je ne suis pas dans une démarche de me dire : je construis quelque chose pour avoir ma tête sur l’affiche. Ça ne m’intéresse pas.
Donc Arnaud Guvenatam, contrairement à ce que certains disent, politiquement il n’est pas fini.
Je ne sais pas s’il y a des gens qui disent que je suis fini politiquement ou que je ne le suis pas. Moi-même je n’en sais rien. Avais-je commencé ? Je sais une chose, c’est que j’ai des convictions et que je suis en vie. Donc je continuerai à défendre les idées qui sont les miennes.