La Ville de Dijon, dans une initiative artistique originale, invite ses citoyens à prendre une part active dans le choix des artistes qui réaliseront deux fresques murales monumentales. Ces œuvres d’art seront peintes sur des façades d’immeubles du quartier de la Fontaine-d’Ouche, un quartier en pleine réhabilitation.
Quatre artistes ont été présélectionnés par la Ville pour ce projet ambitieux, et c’est à vous, les Dijonnais, de décider qui parmi eux obtiendra la chance de transformer les façades des immeubles de la Fontaine-d’Ouche en toiles de maître. Les votes seront recueillis sur la plateforme numérique Dessinons Dijon, jusqu’au 14 juin.
Chaque participant à cette consultation citoyenne peut attribuer à chaque artiste un nombre de points allant de 4 à 1. À la fin du processus de vote, les deux artistes ayant récolté le plus de points seront choisis pour réaliser les fresques. La première fresque sera réalisée sur l’îlot Berry, tandis que la seconde trouvera sa place sur l’îlot Franche-Comté. Ces deux zones de bâtiments sont actuellement en cours de réhabilitation et les fresques contribueront à leur redonner vie.
Le projet se déroulera entre avril et septembre 2024, permettant aux artistes sélectionnés d’avoir le temps de concevoir et de réaliser leur œuvre. À l’issue de la consultation, les deux créateurs les plus plébiscités se verront attribuer un îlot chacun pour donner libre cours à leur imagination et leur talent.
Pour vous aider à faire votre choix, La Maison-phare, l’organisation responsable du projet, organise des ateliers de rue où vous pourrez vous rapprocher des organisateurs du projet. Ils vous présenteront les artistes en compétition et vous aideront à faire votre choix.
Vos voix comptent et peuvent influencer le paysage culturel et artistique de votre ville. Pour voter, rendez-vous sur la plateforme en ligne Dessinons Dijon et recherchez “Fresques à Fontaine d’Ouche – Mise en valeur du quartier”. C’est une occasion unique de participer activement à l’embellissement de votre quartier et de soutenir des artistes de talent.
Retrouvez ci-dessous les quatre artistes sélectionnés :
Mist a commencé à pratiquer le graffiti en 1988, puis aux quatre coins de la planète, d’où il puise ses codes graphiques ! Né à Paris en 1972, Guillaume Lemarquier alias Mist est un artiste issu du street art, plus précisément du graffiti.
Il est rapidement devenu un des meilleurs traceurs de lettrage graffiti “wild style” en Europe, souvent accompagné par les personnages de son acolyte de l’époque Steph Cop. Il a marqué toute une génération à partir de laquelle a émergé ce qui allait devenir la culture street art.
La peinture actuelle de Mist est pour ceux qui connaissent son histoire d’une cohérence et d’une vérité totale par rapport à son parcours. Il travaille sur la calligraphie, sur l’énergie gestuelle du graffiti mais aussi sur l’intensité des couleurs dans l’unique but de se « brûler » les rétines. Sa peinture est l’évolution évidente de son premier graffiti fait le long des voies ferrées en 1988 alors qu’il était étudiant en graphisme.
Les traits de construction des lettres et les contours se sont évaporés. Il aura fallu plus de 10 ans de travail en atelier, laissant place à une abstraction dont le dynamisme et la spontanéité sont intactes. Ses fonds patinés laissent encore transparaître les stigmates des murs des terrains vagues qu’il a tant pratiqués.
Contempler une toile de Mist, c’est se perdre dans une composition abstraite d’une puissance hypnotique alliant l’art urbain au contemporain.
Kalouf est originaire de Bourgogne, il a réalisé ses premières pièces sur les murs de la ville de Nevers !
Né en 1978 au Gabon, le street artiste réside à Lyon et travaille actuellement au sein du collectif BLAST. Des projets collaboratifs aux œuvres en solo, il maîtrise parfaitement son outil de préférence : la bombe ! Cette technicité lui permet de passer facilement de la conception et réalisation de fresques de grande dimension à l’exposition d’œuvres de taille plus modeste.
De ses jeunes années gabonaises, il a gardé une sensibilité importante par rapport aux arts africains et à la nature. Ce sujet se répète dans ses œuvres et donne une dimension engagée à son travail, axé sur les problématiques environnementales. Le règne animal est également pour lui une source infinie d’inspiration, fondamentalement liée à notre avenir : « Pour moi l’écologie c’est important et même s’il n’y a pas beaucoup d’animaux en ville. Justement, avec la peinture j’en ramène. »
D’un naturel plutôt discret qui contraste avec ses œuvres souvent poignantes, l’artiste aime travailler en extérieur pour interagir avec son public : « Travailler dans la rue, ça représente défendre des idées, c’est aussi colorer des espaces tristes. Socialement c’est intéressant, on a des retours direct d’échanges et social. »
La culture hip-hop et l’univers des comics américains font également partie de ses sources d’inspiration : « Je suis originaire de Bourgogne dans un petit bled à la campagne. J’ai commencé en faisant des tags la nuit sur des murs planqués. Ensuite je suis allé à Nevers, une ville plus grande, où j’ai commencé à faire des pièces plus grosses en couleur sur les murs des villes. »
À 14 ans, Diego alias Difuz se retrouve dans un commissariat de police après avoir réalisé un graff vandale.
Il continue pourtant à exercer sa passion et devient l’un des street artistes les plus importants de Marseille !
Né en 1985 à Paris mais élevé à Marseille, Difuz pratique le graffiti depuis l’âge de 13 ans. Membre du crew (équipe) “Ki Fait Ça ? », il investit l’espace public depuis près de 15 ans et représente aujourd’hui la scène urbaine montante de Marseille. C’est lors d’un voyage en Amérique du Sud, sa terre d’origine, qu’il décide en 2009 de se consacrer entièrement à la peinture et à l’illustration.
Il commence alors à enrichir son univers, un monde figuratif issu des cultures urbaines. Il invente et développe une société peuplée de personnages évoluant au fil des scènes, dans un monde où le réel et l’imaginaire semblent se refléter. Le travail de la lettre y est également important et entretient un lien avec le graffiti de ses origines : « Je peins des persos et des lettrages dans un esprit plus ou moins funky. »
L’artiste nourrit son travail de voyages, de rencontres et de moments simples de la vie : « Je peins pour parler de ce que je ressens, la plupart du temps en utilisant des persos et des illustrations. Avec ça, je peux parler de ce que je veux, de l’être humain, de la vie, de choses simples. J’aime aussi parfois n’avoir rien à dire et peindre pour le plaisir. »
L’artiste qui a peint la plus grande fresque d’Europe en 2014, dans le 13e arrondissement de Paris. Elle mesure 66 mètres de haut, 15 mètres de large, et représente un mois de travail !
Pantonio est né en 1975 sur l’une des îles aux Açores, située dans l’océan Atlantique Nord au Portugal. Il est l’un des street artistes les plus importants et productifs de son pays. Son travail fait souvent référence aux richesses de son pays et de sa région. Formé à l’école des arts et métiers à Paris, il suit ensuite un cursus pour les arts graphiques à l’Institut polytechnique au Portugal. C’est à Lisbonne dans les années 90 que Pantonio fait ses armes sur les murs de la ville.
Pantonio est depuis toujours influencé par le fleuve Tage qui traverse le Portugal. Il crée au pinceau des personnages, des animaux fantastiques, des lapins, des poissons, des tortues, toujours en mouvement. On y aperçoit parfois des traits façon cordage qui évoquent la pêche et le monde marin si chers à la tradition portugaise.
L’utilisation volontaire de quatre couleurs dominantes, bleu, noir, blanc et rouge, n’est pas sans rappeler le bleu sombre de la mer, le noir des fonds marins et le rouge volcanique du centre de la Terre : « […] Je choisis des espèces que j’aime : tortues, baleines… La baleine est un voyageur lent, calme, tranquille, après toute cette folie incarnée par la population des lapins ! Elle porte un message pacifique, positif. »
À travers ses fresques, Pantonio souhaite revaloriser l’espace et inciter au dialogue : « J’ai commencé par un travail d’intervention très direct dans la rue. La rue permet de jouer beaucoup avec les lieux, les espaces… L’humour était très important dans ma démarche. Mais il s’agit aussi de respecter ce qui existe. C’est nécessaire de ne pas craindre de prendre son propre espace, mais dans le respect. Je passe rarement plus de quelques jours à peindre quelque chose dans la rue, mais cela reste ensuite beaucoup plus longtemps pour les habitants du lieu ! »