Hier après-midi, une manifestation contre la réforme des retraites a eu lieu dans les rues ensoleillées de Dijon, regroupant environ 6 500 personnes selon les syndicats et 3 500 selon la police. Cela marquait la quatorzième journée de contestation unitaire contre la réforme des retraites. Bien que les chiffres aient diminué par rapport aux manifestations précédentes, l’événement s’est déroulé sans incident, tant sur le parcours que sur la place Wilson. Au niveau national, le ministère de l’Intérieur a recensé 281 000 manifestants, tandis que la CGT annonce un chiffre de 900 000 manifestants.
La question qui se posait hier lors de cette manifestation était de savoir si c’était la dernière mobilisation des organisations syndicales contre la réforme des retraites. Tout laisse à penser que cela pourrait bien être le cas, car l’intersyndicale ne se réunit que la semaine prochaine, ce qui n’est pas un bon signe pour les militants les plus motivés. De plus, les vacances d’été approchent à grands pas et cette dernière manifestation n’a pas répondu aux attentes en termes de participation, malgré les chiffres avancés par les organisations syndicales à Dijon.
Bien que la majorité des Français soutienne le mouvement social contre la réforme des retraites, il est difficile de mesurer combien d’entre eux participent activement aux manifestations organisées par les syndicats. L’argument de la perte d’argent n’est plus recevable aujourd’hui, car selon certains syndicalistes rencontrés hier, les caisses de grève sont bien remplies : “On ne peut pas dire qu’il s’agit d’un problème d’argent, dans les caisses de grève, il y a de l’argent, c’est le monde à l’envers”, déplore un syndicaliste.
Il convient également de prendre en compte le contexte national des organisations syndicales. L’UNSA tient actuellement son congrès à Dijon, tandis que la CFDT est en pleine période de transition suite au futur départ de Laurent Berger. Les salariés, voire les Français en général, comptent sur les syndicats mais ne s’impliquent pas activement dans les manifestations ou les actions qu’ils organisent. C’est malheureusement une triste réalité qui s’imposera une fois de plus aux organisations syndicales lors de leur prise de décision la semaine prochaine.
Les plus déterminés affirment : “Nous ne lâcherons rien, nous devons continuer à nous mobiliser, même pendant l’été. Il faut être partout et continuer d’agir. Reste maintenant à savoir sous quelle forme nous pourrons mener ces actions”, déclare Sylvain, membre de la CGT de Côte-d’Or.
Julien, lui, est plus pessimiste : « Moi, je pense que les jeux sont faits, il faut être réaliste. Si les organisations syndicales ne fixent pas de date avant l’été et qu’elles disent : “On continuera en septembre”, c’est mort ! On nous a déjà fait le coup par le passé, il ne faut pas l’oublier. Puis, entre nous, où sont les salarié-e-s ? Ils soutiennent, mais où sont-ils ? ».
Les plus déterminés surveilleront attentivement la décision de l’intersyndicale la semaine prochaine, une décision qui ne manquera pas d’avoir des conséquences, quel que soit le choix fait. À moins que le 8 juin 2023, à l’Assemblée nationale, la proposition de loi du groupe Liot ne produise son effet, ce qui enlèverait une épine considérable du pied des organisations syndicales.











