Notre équipe s’est rendue ce matin sur le site d’Ikea Dijon, où les salarié.e.s étaient appelé.e.s à débrayer à partir de 9h30 et jusqu’à midi. En cause, un échec des Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) au niveau national, l’ensemble des organisations syndicales ayant claqué la porte, fait historique de par sa rareté au sein du groupe.
Contactée par nos soins, la déléguée syndicale CGT du site dijonnais, Mme Rutkowski, est revenue pour nous sur les causes d’un tel échec.
Les organisations syndicales présentes à la table des négociations – CFDT, CFE-CGC, CGT, FO et UNSA – n’étaient pas accordées sur leur revendication à l’entrée des NAO, la CGT plaidant pour une hausse de 250€ bruts pour l’ensemble des salariés et agent.e.s de maîtrise, d’autres défendant une augmentation proportionnelle au salaire. Cependant, il semble que la direction n’ait pu satisfaire ni les un.e.s ni les autres, puisqu’au dernier jour des négociations, soit le 15 juin, c’est bien l’ensemble des organisations représentatives du personnel qui ont refusé de signer ces NAO en l’état. Réunie immédiatement en intersyndicale, elles ont donc décidé d’appeler les salarié.e.s à débrayer le 20 juin, et, pour les parisien.ne.s, à se rassembler devant le siège social de l’enseigne suédoise.
Pourquoi une telle unanimité dans la colère ? Plusieurs facteurs sont en cause. Le groupe aurait engrangé 250 millions d’euros de profits nets depuis fin mai 2023, les dividendes versés à ses actionnaires atteindraient plusieurs dizaines de millions d’euros, et son chiffre d’affaire prévisionnel s’élèverait à 3,7 milliards d’euros. Or, malgré ces chiffres, la proposition d’augmentation de la direction ne s’élève qu’à 4 %. De plus, cette augmentation ne serait effective qu’en janvier 2024, et non dès le mois de septembre, comme à l’habitude. En pleine inflation, subie de plein fouet par bon nombre de français.es, la proposition passe mal. De plus, les organisations syndicales dénoncent de véritables reculs sociaux, tels que la suppression de la journée de solidarité qui jusque là était offerte aux salarié.e.s.
Contactée, la Direction assure avoir travaillé ces NAO sur trois axes principaux : soutien du pouvoir d’achat, travail sur l’échelle des salaires, et récompense de la performance individuelle, ce qui s’est traduit par une proposition de 4 % d’augmentation collective, une augmentation des minima sociaux pouvant aller jusqu’à 6,4 %, une augmentation de 6 % du forfait journalier brut dédié à l’habillage et à l’entretien de la tenue de travail, un abondement de 70 %, plafonné, sur les versements volontaires sur les épargnes salariales et retraite. Enfin, une proposition portait sur l’augmentation liée à la performance individuelle (en-dessous, égale, ou supérieure aux attentes).
Interrogée sur l’unité syndicale historique sur ce refus des NAO, et ce qu’elle signifie à ses yeux, la Direction n’a pour le moment pas répondu.
Les organisations syndicales demandent un véritable partage des richesses engrangées par l’entreprise, pour une meilleure reconnaissance du travail de ses salarié.e.s. Reste à savoir si la Direction sera ouverte à reprendre les négociations.
Enfin, nos correspondants présents ce matin sur le site dijonnais ont été témoins d’une scène qui pose question. En effet, la direction du magasin avait diligenté une huissière (ou commissaire de justice selon la nouvelle terminologie) pour l’occasion, ce qui en soit ne serait pas problématique si celle-ci n’avait pas demandé aux salarié.e.s et soutiens présent.e.s de décliner leur identité ! L’enseigne, épinglée il y a quelques années sur l’espionnage illégal de salarié.e.s, est-elle à l’origine de cette initiative, ou s’agit-il du zèle de la commissaire de justice sur place ? La Direction ne nous a pas encore répondu sur ce point.




