L’association de consommateurs CLCV a constaté que les marges brutes mensuelles sur la distribution de carburant, notamment l’essence et le gazole, ont explosé entre janvier 2022 et juin 2023. Elle réclame une opération à prix coûtant immédiate.
Après une période où les distributeurs opéraient avec des marges très faibles, il semblerait que depuis le début de l’année 2023, les marges brutes sont exceptionnellement élevées, selon la CLCV. Après une première alerte publique de la CLCV début mai, il est vrai que l’association a constaté un tassement de cette marge brute. Cependant, celle-ci n’a pas encore atteint la fourchette normale de 15 à 18 centimes.
L’évolution des marges brutes de la distribution sur le carburant
(D’après les données l’Union française des industries pétrolières (UFIP))
Essence SP 95 E5 (en centimes par litre) |
Gazole (en centimes par litre) |
|
Juin 2023 |
25,4 |
23,4 |
Mai 2023 |
25,2 |
24,6 |
Avril 2023 |
27 |
29 |
Mars 2023 |
26,7 |
27,8 |
Février 2023 |
26 |
28,1 |
Janvier 2023 |
23,8 |
25,6 |
Décembre 2022 |
13,4 |
10,6 |
Novembre 2022 |
5 |
11,6 |
Octobre 2022 |
-6,7 |
-8,1 |
Septembre 2022 |
-8 |
-7,4 |
Août 2022 |
3,4 |
3,1 |
Juillet 2022 |
6,3 |
7,9 |
Juin 2022 |
1,7 |
7,6 |
Mai 2022 |
-3,1 |
2 |
Avril 2022 |
5,6 |
2 |
Mars 2022 |
20,6 |
18,4 |
Février 2022 |
18,4 |
17,6 |
Janvier 2022 |
19,2 |
18,3 |
Moyenne année 2021 |
16,2 |
16,6 |
Moyenne année 2020 |
17,9 |
16,3 |
Moyenne année 2019 |
14,6 |
13,9 |
Moyenne année 2018 |
13,2 |
12,4 |
Le tableau réalisé par la CLCV indique que la marge brute de “transport distribution” se situe généralement autour de 15 centimes le litre (voir les moyennes annuelles de 2018 à 2021). L’année 2022 a été particulièrement tumultueuse. Selon la CLCV, après un début d’année marqué par une marge plutôt élevée, celle-ci a fortement chuté car les distributeurs ont choisi de ne pas répercuter l’intégralité de la très forte hausse des cours du brut suite à la crise ukrainienne. Cette marge brute a même été négative certains mois, illustrant l’engagement des distributeurs à limiter la flambée des prix à la rentrée (septembre et octobre). Elle a ensuite brièvement retrouvé un niveau normal en décembre. Cependant, elle est bien trop élevée depuis janvier, malgré une certaine accalmie depuis notre alerte publique de mai.
Il apparaît en outre, que les prétextes avancés par les distributeurs lors de notre communication de mai n’ont vraiment plus lieu d’être. Il n’y a plus de grèves pour perturber la logistique. Par ailleurs, les cotations de biocarburants sont en forte baisse depuis près d’un an.

La grande distribution et les groupes pétroliers affirment sans cesse qu’ils s’engagent en faveur du pouvoir d’achat. Il est temps que cet engagement se concrétise. Pour la CLCV, ils doivent arrêter de tergiverser : “nous leur demandons de baisser leurs prix et leurs marges en mettant en place des opérations immédiates à prix coûtant, afin que les ménages ne soient pas pénalisés lors de leur départ en vacances“.
En ce qui concerne la méthode de calcul, selon la CLCV, la marge brute dite “transport distribution” sur le carburant se détermine en faisant la différence entre le prix hors taxes du carburant et le prix à la sortie de la raffinerie (appelé “cotation Rotterdam”). Il s’agit donc de la partie du prix total qui revient au distributeur, soit sa marge brute, et non sa marge nette (ou bénéfice). Évidemment, les coûts réels des distributeurs étant assez stables, un niveau élevé de marge brute laisse présager une marge nette confortable, voire franchement élevée.
Pour effectuer ses calculs, la CLCV se base sur la base de données de l’Union française de l’industrie pétrolière (UFIP), qui fait référence. Dans une récente déclaration à la presse, le président du syndicat professionnel UFIP a souligné l’intégration des biocarburants pour expliquer en partie ces marges élevées. De plus, il n’écarte pas un phénomène de “reconstitution de marge” de la part de la distribution.