En ces temps de fortes chaleurs, la question de la sécurité et du bien-être des salariés refait surface. Bien que la France n’ait pas établi de seuil précis de température à partir duquel un employé peut légitimement refuser de travailler, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) recommande fortement de porter une attention particulière aux conditions de travail lorsque le thermomètre dépasse 30 degrés. Ce chiffre descend à 28 degrés pour les métiers nécessitant une activité physique importante.
Les entreprises, notamment dans le secteur du BTP, se trouvent face à un véritable casse-tête. D’un côté, elles ont la responsabilité d’assurer la sécurité et le bien-être de leurs employés en proposant des solutions comme la mise à disposition gratuite d’eau, l’installation d’une ventilation adéquate ou encore la fourniture de moyens de protection adaptés à la canicule. D’un autre côté, elles doivent concilier ces mesures avec les impératifs de leurs chantiers et les attentes de leurs clients.
À Dijon, cette question est devenue brûlante. Tandis que certaines entreprises ont d’ores et déjà modifié leurs horaires pour protéger leurs employés des chaleurs accablantes, d’autres semblent moins empressées de le faire. C’est le cas de l’entreprise Peinture Quadri, engagée dans un chantier rue Bouhey-Allex à Dijon.
Nous avons pris l’initiative de demander à Florent Martin, responsable façade chez Quadri, pourquoi l’entreprise n’avait pas généralisé l’aménagement des horaires de travail. Sa réponse a été la suivante : « Les horaires sont aménagés chantier par chantier, en concertation avec l’équipe et selon leurs souhaits :
- Horaires de l’entreprise : 7h45-11h45 / 13h30-17h30
- Horaires du chantier BOUHEY : 7h45-11h45 / 12h30-16h30
Il faut également prendre en compte les copropriétaires qui ne souhaitent pas être dérangés et tiennent à leur tranquillité matinale ainsi qu’à leur intimité en période estivale, notamment avec des échafaudages devant les fenêtres… ».
Si cette explication est recevable, elle suscite toutefois des interrogations sur la mise en balance entre la sécurité des salariés et la tranquillité des copropriétaires. Au vu de la réponse à notre question, il semblerait que chez Quadri, la tranquillité des copropriétaires soit privilégiée.
Lors de notre visite sur le chantier, nous avons constaté que les salariés disposaient d’un bungalow sans frigo, où les salariés se changeaient, mangeaient et stockaient le matériel du chantier. Selon Florent Martin, responsable façade chez Quadri : « Le bungalow de chantier n’est pas un lieu de vie. Les salariés ont à leur disposition un véhicule de chantier leur permettant de se changer à l’entreprise (vestiaires à leur disposition), une cuisine équipée et une salle pour prendre leur repas lors de la pause méridienne (d’une durée de 1h45) ».
Un problème se pose : le véhicule mentionné n’a que deux places, et non quatre. Il s’agit donc soit d’une absence de logique, soit d’une incohérence flagrante. Plus alarmant encore, nos observations sur le terrain montrent que les salariés n’avaient pas la protection adéquate contre le soleil, malgré les obligations de l’employeur en la matière.
Devant ces observations, une évidence se dessine : bien que des directives soient en place et que la prise de conscience soit croissante, bon nombre d’entreprises doivent encore améliorer leurs pratiques pour garantir des conditions de travail adéquates lors des pics de chaleur, notamment dans le secteur du BTP.






