Depuis l’année 2018 jusqu’à présent en 2023, le nombre de loups en France a connu une croissance significative, passant de 430 individus à près de 1000. Cette expansion a engendré une situation préoccupante pour les éleveurs et l’agriculture, exacerbée par le nombre élevé de victimes parmi les animaux d’élevage. En effet, selon les données recueillies, près de 12 000 animaux sont tués chaque année par les loups, et cette tendance a même pris de l’ampleur depuis 2022.
Dans les régions de la Côte d’Or et de l’Yonne, le début de l’année 2023 a déjà été marqué par la mort de plus d’une trentaine d’ovins et de jeunes bovins, et la responsabilité du loup dans ces incidents n’a pas été totalement exclue. Cette situation a créé un climat d’incertitude et d’appréhension parmi les éleveurs de ces régions.
Un point alarmant est que le nombre de loups dépasse largement le seuil de viabilité démographique fixé à 500 individus par les scientifiques. Cette situation pose une série de défis majeurs, en particulier pour les éleveurs pratiquant le pastoralisme. Les attaques répétées de loups ont non seulement des répercussions économiques, mais engendrent également des conséquences psychologiques et émotionnelles chez les éleveurs, dont le quotidien est marqué par une augmentation du temps consacré à la surveillance des troupeaux et à la mise en place de mesures de protection coûteuses et souvent inefficaces.
Alors que le Groupe National Loup s’apprête à faire des annonces le 4 septembre prochain, les éleveurs et les associations agricoles lancent un appel pressant aux pouvoirs publics pour mettre en place des mesures concrètes dans le nouveau plan loup 2024/2029. Parmi leurs revendications figurent :
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Fusion des tirs de défense : Les éleveurs demandent la fusion des tirs de défense (simple et renforcée) en un seul, mis en œuvre par cinq tireurs et valable pendant cinq ans, dans toutes les régions où la présence du loup est constatée et ce, durant toute la période concernée, sans restrictions ni priorisations.
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Plafond de destruction : La demande est faite de supprimer le plafond actuel de destruction de 19%, ce qui permettrait une meilleure réponse à la présence croissante des loups.
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Utilisation d’armes dotées de lunettes à visée nocturne : Les éleveurs et les chasseurs ayant reçu une formation devraient être autorisés à utiliser des armes avec des lunettes à visée nocturne, sans être contraints à un éclairage préalable du loup.
L’impact économique de ces mesures est également souligné. Les éleveurs en appellent à des indemnisations complètes qui couvrent l’ensemble des dépenses liées aux attaques de loups, sans nécessiter de trésorerie avancée. Ces indemnisations devraient tenir compte de la valeur réelle des animaux touchés, notamment en considérant leur génétique et leur valeur sur le marché. Les pertes indirectes, telles que les avortements, devraient également être prises en compte, contrairement à la situation actuelle.
Une demande cruciale est que ces indemnisations ne proviennent pas des budgets de la Politique Agricole Commune (PAC) ou d’autres fonds agricoles, mais plutôt des ressources dédiées aux espèces protégées.
Face à cette situation complexe, les organisations syndicales agricoles, à savoir les FDSEA et JA de Côte d’Or et de l’Yonne, ainsi que le Syndicat d’Elevage Ovin de Côte d’Or, appellent à la mobilisation. Le 31 août 2023 à 14h00, un rassemblement est prévu devant l’Office Français de la Biodiversité (OFB), situé au 57 rue de Mulhouse à Dijon, pour faire entendre leurs revendications et exprimer leurs préoccupations quant à l’avenir de l’agriculture et du pastoralisme en France.