Dijon Actualités a rencontré le conseiller municipal d’opposition à Chenôve, Philippe Neyraud (Le Bon Sens / LR). Ambiance tendue au conseil municipal, un procès est prévu le lundi 4 septembre à 13h30. Nous faisons le point avec ce conseiller municipal sur plusieurs sujets qui concernent ou touchent directement les habitant(e)s de Chenôve.
Monsieur Neyraud, comment êtes-vous venu en politique ?
Je suis venu en politique notamment en raison de mes origines familiales. Ma grand-mère était secrétaire du responsable de Force Ouvrière dans les années 70/80, Monsieur Bergeron. De ce fait, il y avait souvent des conversations passionnées entre mon père, qui était socialiste, et elle. J’ai donc grandi dans ce milieu d’origine ouvrière. J’avais aussi, d’un autre côté, un grand-père maternel qui était communiste résistant à Longchamp, avec des idées très à gauche. Je dirais que tout était réuni au départ pour que je sois une personne dite de gauche.
D’ailleurs, j’ai voté socialiste pendant un certain temps, même si je n’en suis pas très fier aujourd’hui… Mon arrivée sur Chenôve en 2003 a fortement modifié mon approche politique, et l’idée dont je m’en faisais, je me suis dit alors : “Si c’est ça le socialisme, ce n’est pas pour moi !” J’ai alors fait mon cheminement et je me
suis progressivement rapproché du Modem. De fil en aiguille, on m’a proposé de me présenter aux élections municipales sur la liste de Pierre Jacob, qui était UMP à l’époque. C’est ainsi que je suis devenu UMP, puis ensuite membre des Républicains.
Comme vous le savez sans doute, en 2014, Pierre Jacob n’est pas allé au second tour, et il n’y a pas eu de représentant de notre liste. J’ai donc continué mon combat sur des sujets qui m’intéressaient, notamment la fiscalité à Chenôve qui me semblait très élevée : Taxes foncières pour une maison de 120 m² entre 2400 et 2500 € pour un ménage. Ajoutez à cela la taxe d’habitation, le crédit de la maison, l’impôt sur le revenu, et à la fin du mois, il ne reste pas grand-chose. C’est ainsi que mon intérêt pour la politique a débuté. J’ai
alors créé une association, “Les Pierres Bleues”, et nous nous sommes battus, non seulement sur la fiscalité, mais aussi sur d’autres sujets, comme par exemple les bulles de verre placées de manière anarchique à l’époque.
Monsieur Neyraud, comment expliquez-vous l’ambiance délétère qui règne au sein des conseils municipaux à Chenôve ?
Je dois avouer que je ne peux pas l’expliquer, car je ne me suis pas engagé en politique pour vivre des conseils municipaux avec une telle ambiance délétère. Pour moi, être dans l’opposition c’était avant tout pour participer de manière active à la vie de ma commune en essayant d’apporter ma vision des choses de manière saine et sereine.
Cette ambiance, que je qualifierai de « malsaine » et « non républicaine » s’est installée progressivement entre 2014 et 2020. En effet, par le biais de mon association sur la fiscalité, j’ai rapidement remarqué que je dérangeais la municipalité actuelle. Le point de non-retour a été l’interdiction d’une manifestation que j’avais sollicité de manière officielle pour apporter des renseignements aux habitants de Chenôve sur les taxes locales. C’est précisément à ce moment-là que j’ai décidé de me faire ma propre liste aux municipales de 2020.
Mais, c’est surtout lors du premier conseil avec ma colistière Nadia Haddad, que cette ambiance délétère a atteint son paroxysme. Dès que nous avons été installés, la majorité municipale a utilisé un ton hautain et très orgueilleux à notre encontre sans savoir pourquoi. Je me souviens de cette petite phrase lâchée de manière péremptoire par un des adjoints « Il va falloir rapidement vous mettre à niveau ». À l’époque, nous sortions du covid, une période difficile pour tous, et nous nous attendions à un climat plus apaisé. C’est exactement le contraire qui s’est passé. Nous avons été étiquetés comme étant des novices appartenant à la droite extrême, qu’on n’aimait pas le grand ensemble et qu’on n’aimait personne. Je vous invite d’ailleurs à visualiser ce conseil pour vous en rendre compte. Voilà comment a débuté ce premier conseil et ce qui a provoqué le départ de Nadia Haddad.
Elle a eu peur de ce climat et a déclaré : “Si c’est ça la politique, ce n’est pas pour moi”. Elle a alors laissé sa place à Philippe Singer, malheureusement décédé depuis. Il m’a beaucoup appris lors de ces 3 dernières années et il était également surpris par ce climat tendu, d’autant plus qu’il avait été 1er adjoint et avait contribué pendant 2 mandats à la vie politique locale. Il m’avait dit une fois : “J’étais de l’autre côté avant et je ne me souviens pas que c’était comme ça avec les autres”.
Une indiscrétion de la partie adverse m’avait rapporté « NEYRAUD dans 6 mois, il sera parti du conseil comme avec DODET ». Monsieur Dodet est aujourd’hui le maire de Saint-Apollinaire et Il s’était présenté à Chenôve il y a une quinzaine d’années. A plusieurs reprises lors des conseils municipaux, cette majorité a essayé de nous intimider certainement pour que nous abandonnions. En ce qui me concerne, ça me fait l’effet inverse, plus on m’attaque et plus je suis motivé à continuer mon travail d’élu.
Nous avons donc en toute logique Philippe Singer et moi-même travaillés sur les dossiers que l’on nous présentait et certains posent questions : Par exemple, au niveau des finances, il y a selon nous des aberrations, de même en matière de politique RH du personnel ou encore sur les liens parfois tenus entre la mairie et les associations. Pour celles-ci rappelons que la loi de 1901, impose à une association d’être apolitique. Or, à Chenôve, certaines associations semblent influencées par la municipalité, ce que je trouve inapproprié. Nous essayons de lutter, avec nos moyens, contre ces méthodes que je juge sectaires.
Pensez-vous que la politique menée par Thierry Falconet et sa majorité et à la hauteur de ce qu’attendent les habitants de Chenôve ?
Je pense que vous anticipez ma réponse : elle est résolument négative. D’ailleurs, je considère que la ville de Chenôve, de par son passé et son histoire, est trop impliquée dans la politique nationale. Certes, nous avons eu un bon maire en la personne de Roland Carraz, qui fut également député et secrétaire d’État. Puis vint monsieur Esmonin, qui fut également député. Et, sans minimiser l’importance, du rôle d’un Maire, je rappelle à Monsieur Falconet qu’il n’est pas député et qu’il n’a donc aucune influence sur les sujets nationaux. Ainsi, parler lors des conseils municipaux de la réforme des retraites, de la guerre en Ukraine ou de la baisse des effectifs de police sous Sarkozy (plus de 12 ans maintenant) relève davantage de l’Assemblée nationale que d’une commune.
Pour moi, un maire doit avant tout être proche de ses habitants. Être proche signifie les consulter et être honnête. Pour preuve, prenons les grands dossiers tels que le PLUi-HD où il n’y a eu aucune concertation. Certains ont même été induits en erreur, pensant que le PLUi-HD dans sa forme originelle était une bonne chose pour Chenôve. Or, il y a actuellement, une pétition contre ce PLUi-HD qui a recueilli plus de 500 signatures afin de le modifier. Pour nous, il aurait fallu que cette concertation ait lieu bien avant que la majorité municipale l’adopte dans sa globalité. Cette problématique du PLUI HD était abordée dans notre programme municipal.
De même, les nouvelles constructions autour de la place Changenet auraient mérité une concertation et une véritable anticipation de l’offre de stationnement qui sera certainement déficitaire. Là encore, on observe que la majorité impose sa vision sans consulter, en arguant que “c’était dans le programme”. Pour moi, être maire, c’est tenter de répondre aux attentes de la majorité des habitants en écoutant leurs doléances.
Reconnaissons aussi que Chenôve est une ville qui abrite une grande pauvreté et nous avons manqué l’occasion qui s’offrait à nous de baisser le taux de logement sociaux de manière importante (44 % actuellement) grâce au 1000 nouveaux logements créés par le PLUI HD. Ce n’est pas le choix de cette municipalité ! Il aurait également fallu renforcer les efforts en matière économique pour permettre un meilleur retour à l’emploi des personnes en difficultés. C’est ce que nous aurions fait.
Lors d’un conseil municipal, vous avez évoqué un “malaise managérial” et un “mal-être au travail” parmi les salariés de la ville de Chenôve. Que vouliez-vous exprimer par là ?
Au Bon Sens, nous avons l’habitude de répondre aux questions sans les éluder, je vais donc y répondre avec sincérité. Nous avons effectivement abordé la question du malaise managérial au Conseil municipal, principalement à cause des nombreuses et récentes démissions au sein des cadres de la ville de Chenôve. Il ne se passe pas un conseil sans qu’une démission ne soit enregistrée. Récemment, une ancienne employée du service RH de la ville a même obtenu gain de cause au tribunal administratif. Ces évènements ne sont pas anodins. Lorsque les cadres quittent en masse une entreprise, qu’elle soit publique ou privée, cela indique généralement un problème profond qu’il est urgent d’enrayer.
Concernant le mal-être au travail, j’en parle parce que j’ai été alerté à plusieurs reprises par des employés de la Ville de Chenôve qui m’ont confiés être en arrêt maladie par peur de retourner au travail, que ce soit à cause de leur hiérarchie ou d’un manque d’écoute, se sentant même parfois dévalorisés. Ensuite, le bilan social fourni par la Mairie de Chenôve pour l’année 2021 est très révélateur pour nous de ce mal être au travail. Pour la ville de Chenôve, on dénombre plusde 8 100 jours d’absence par an pour les maladies ordinaires et pour un total d’environ 430 employés, cela représente, de mémoire, 37 jours d’absence par an et par employé, ce qui est considérable. Alors si je pointe ces absences c’est avant tout pour essayer de diminuer ces problèmes et d’en trouver la cause.
Vous avez pris l’initiative de porter plainte contre Thierry Falconet pour diffamation. Où en est cette affaire ?
Vous avez raison de poser cette question, car cette affaire sera jugée au tribunal correctionnel de Dijon ce lundi 4 septembre. En ce qui concerne cette plainte, je ne ferai pas de commentaires détaillés. J’ai confiance en la justice de mon pays et j’espère que cette affaire sera jugée sur le fond et non sur la forme.
Toutefois, je suis impatient que cette affaire soit réglée car elle m’a profondément affecté. Je n’en dirai pas plus, si ce n’est qu’il y a eu une succession d’affaires. Certes, elles sont différentes, mais je rappelle qu’il y a eu une plainte pour harcèlement sexuel, une autre pour harcèlement moral, et Monsieur Falconet a déposé plainte pour menaces de mort sur sa personne. C’est une série de plaintes qui coûte cher à la commune en raison de la protection fonctionnelle. Je suis reconnaissant de l’avoir, car elle est nécessaire à ma défense.
Cependant, ces dépenses auraient pu être évitées, à mon avis. Un autre point qui m’étonne dans cette affaire est le choix d’un avocat parisien pour la défense de Monsieur Thierry Falconet. Un avocat proche de l’ancien président Hollande qui va spécialement faire le déplacement depuis Paris. Cela a de quoi interpeller le contribuable qui va payer indirectement cette note de justice. Il y a à mon sens de très bons avocats sur Dijon.
Monsieur Neyraud, comment voyez-vous l’avenir ?
Il faut bien avouer que d’une manière générale les voyants ne sont pas au vert mais je vais vous répondre avec une devise le l’île de la réunion « Florebo quocumque ferar » que l’on peut traduire par Je fleurirai partout où je serai plantée.
Je l’applique au quotidien, en croyant que tout est possible et en agissant en conséquence pour que les projets aboutissent. Autrement dit, nous pensons au Bon Sens que Chenôve pourrait jouir d’une meilleure réputation. Si des efforts été faits au niveau de la police de proximité, une meilleure synergie avec les entreprises du secteur sud dijonnais, davantage de concertation avec les habitants, les bailleurs sociaux, une mise en avant du plateau…. Alors vous voyez, il y a beaucoup de travail sur la planche, mais nous sommes avec mon nouveau colistier Christophe Guillet déterminés.