La réforme des retraites tant débattue en France est désormais en marche, mais son déploiement semble susciter autant de controverses que ses principes même. La CGT 21, à travers un communiqué percutant, tire la sonnette d’alarme sur les défis imminents associés à cette mise en œuvre, qui, selon elle, a été précipitée et insuffisamment préparée.
Communiqué de presse du 30 août 2023
Réforme des retraites – Itinéraire d’une réforme impossible à mettre en œuvre
Il l’a rêvée, nous devons l’appliquer !
Malgré six mois de lutte acharnée, Macron a imposé à tous les travailleurs sa contre-réforme des retraites. Malgré les nombreux tours de passe-passe de son gouvernement, il n’a pas réussi à convaincre de l’utilité de sa réforme toujours rejetée par 93% des actifs qui ne veulent pas voir les deux plus belles années de leur retraite devenir leurs deux pires années de travail.
Les salariés de l’Assurance Retraite sont aujourd’hui logés à la pire enseigne : à la fois victimes de la réforme comme tout un chacun, bourreaux malgré eux à devoir la faire subir à tous les demandeurs de retraite, et condamnés par le calendrier brutal de la réforme qui doit être mise en œuvre dans la précipitation dès le 1er septembre prochain.
« On est prêts ! » dixit le DG de la CNAV
Le directeur général de la CNAV a beau le répéter depuis plusieurs mois dans tous les médias, la méthode Coué ne fait pas ses preuves. Une partie des décrets sont arrivés au compte-goutte tout l’été mais leur application n’est pas automatique. Il faut attendre leur analyse juridique et la rédaction de consignes nationales, leur déclinaison dans chaque caisse de retraite et leur intégration dans les outils informatiques avant qu’en bout de chaîne les salariés de la branche Retraite puissent enfin mettre en œuvre son application. A cela s’ajoute toutes les difficultés et situations non anticipées par les textes, les instructions d’application ou les outils informatiques.
Rappelons que la réforme de 2012 pose encore des soucis dans son application dans les outils informatiques de la branche Retraite. Quant aux salariés de la branche Retraite, aucune formation digne de ce nom n’a été organisée : les instructions sont déclinées en cascade, ont donc été présentées à minima et les agents ont découvert au jour le jour les nouvelles consignes, contre-consignes et feux rouges techniques en pagaille en pleine pause estivale !
Mettre en œuvre une réforme pareille en si peu de temps n’est pas seulement injuste et brutal pour les assurés, c’est aussi intenable pour les salariés chargés de l’appliquer.
Une branche Retraite à bout de souffle.
Le pire dans cette histoire c’est que la branche Retraite du Régime Général n’avait pas besoin d’un tel couperet. Ses effectifs se sont tellement réduits à peau de chagrin que l’on a commencé à attaquer l’os. La volonté des agents d’assurer un service de qualité aux assurés s’oppose aux directives de toujours faire plus avec des contrôles très allégés pour pallier les effectifs sous-dimensionnés. Pourtant en 2022, la Cour des comptes s’est alarmée du fait qu’une demande de retraite sur sept était fausse… Selon la Cour, certaines erreurs sont notamment imputables à la baisse continue des effectifs des agents des caisses de retraite chargés des liquidations.
S’ajoute aux effectifs bien insuffisants des caisses les décisions absurdes de sa direction nationale qui a mis en œuvre en 2021, malgré les nombreuses alertes internes des différents syndicats des caisses, le premier volet d’un chantier informatique mal dégrossi qui complexifie exagérément le travail quotidien des techniciens.
Le deuxième volet de ce projet informatique qui devait résoudre toutes les difficultés subies depuis presque deux années devait être mis en œuvre à la rentrée et a été finalement repoussé au dernier trimestre. Le télescopage entre la mise en œuvre de la réforme des retraites et la continuité du déploiement de cet outil fait craindre de nouvelles difficultés, notamment quant à la disponibilité des agents.
Les syndicats CGT des caisses de retraite ont beau alerter sur les conditions de travail dramatiques de leurs salariés, les directions locales des organismes font savoir qu’elles ont les mains liées par les conventions d’objectifs et de gestion conclues avec l’État et qui leur imposent de faire toujours plus avec toujours moins de moyens humains et financiers.
Les souffrances ne s’arrêteront pas là…
Le gouvernement veut nous faire croire que la réforme des retraites est derrière nous, le calendrier de mise en œuvre de la réforme va durer au moins jusque fin 2024 pour sa partie la plus simple sans pour autant être parfaitement gérée par le système d’information.
La nouvelle convention d’objectifs et de gestion imposée par l’État après la promulgation de la réforme des retraites confirme que les effectifs pourtant insuffisants de la branche Retraite seront constants pour les cinq années à venir tandis que le budget des caisses devra décroitre bien qu’en période d’inflation. Salariés de la Sécurité sociale et demandeurs de retraite ne sont donc pas au bout de leurs peines…D’autant que les effectifs sont prévus constants au niveau national, ce qui n’empêchera pas des réductions d’effectifs au niveau local ! La preuve concrète pour la CARSAT de Dijon : 26 postes seront supprimés dans les 5 ans à venir.
La CGT n’abandonnera pas son combat contre cette réforme idéologique, injuste et brutale ! La lutte continue !
Contre la réforme des retraites, la CGT revendique notamment :
- Le départ à 60 ans pour toutes et tous à taux plein
- L’augmentation des salaires et un salaire minimum de 2 000 €
- Le développement des services publics, notamment par l’embauche d’agents en nombre suffisant pour permettre de répondre aux besoins des citoyens
- La suppression des inégalités entre les femmes et les hommes
- La fin des exonérations sans contrepartie avec le conditionnement des aides publiques à une exigence de résultats