Le jour de leur conférence de presse, ce vendredi 1er septembre, n’a pas été choisi au hasard. En effet, coïncidant avec le jour de l’entrée en vigueur de la réforme des retraites, le choix est symbolique. Sylvain Lachaise, secrétaire de la CGT organismes sociaux de Dijon, Vincent Susini, délégué syndical de la Carsat BFC, et Safaa Jawad, secrétaire adjointe des syndicats CGT de Dijon, nous ont reçus à la Bourse du travail pour nous expliquer les difficultés de la mise en œuvre du texte par les agents de la Carsat BFC.
Effectifs insuffisants (la Carsat prévoit de supprimer 26 postes dans son département dédié aux retraites d’ici 2027), outil informatique défaillant : c’est un véritable cri d’alarme que lancent les représentants de la CGT. Sylvain Lachaise est catégorique : « Le directeur dit qu’il nous donne des moyens, c’est ce qu’il prétend, mais c’est faux ! Nous restons à effectif constant au niveau national, mais lorsqu’on regarde de plus près, chaque CARSAT perd des postes. » Puis il ajoute : « Il manque des effectifs depuis 25 ans. Si l’on voulait replacer les choses dans leur contexte, il ne suffirait pas de parler de la réforme de 2023, mais il faudrait remonter à 1998. En réalité, pour faire simple, quel que soit l’organisme de sécurité sociale, et là on parle précisément de la Carsat, nous avons des effectifs en baisse depuis 1998. ».
L’outil numérique n’est pas adapté, selon Vincent Susini, délégué syndical de la Carsat BFC. C’est un réel problème : « La loi change régulièrement. L’outil informatique a été adapté en fonction de ce qui avait été prévu avant sa livraison, mais il ne l’est plus au moment de sa mise en service. De plus, l’assistance informatique n’est pas suffisante face aux nombreuses réformes. Aujourd’hui, on nous présente une réforme censée être mise en place avec des outils adaptés, mais ces outils ne le sont pas. La plupart des cas particuliers, qui représentent une grande part des situations, ne sont pas pris en compte. Nous avons du personnel qui n’a pas été préparé à cette réforme et qui ne dispose pas des outils adéquats pour la mettre en œuvre ».
Alors que l’un des principaux objectifs de cette grande réforme des retraites était de simplifier le système, il semble que ce soit loin d’être le cas, d’après Sylvain Lachaise : « Nous ne sommes toujours pas prêts pour la réforme de 2010. La dernière grande réforme paramétrique remonte à 2010, et nous ne sommes toujours pas opérationnels. À l’heure actuelle, notre outil informatique ne nous permet pas de traiter tous les cas que cette réforme a introduits. Comment voulez-vous que nous soyons prêts pour la nouvelle réforme ! ».
On pourrait croire que, puisque le départ à la retraite est repoussé, il y aurait moins de charge de travail pour les salariés de la Carsat. Ce n’est pas le cas ! « Quand je dis que nous ne sommes pas prêts pour la réforme de 2010, nous ne le sommes vraiment pas ! Avant même de parler de la réforme des retraites qui nous arrive soudainement aujourd’hui, il faut savoir qu’à Dijon, il y a 10 000 dossiers en attente de traitement. Et ces 10 000 dossiers concernent uniquement les droits personnels. Je ne parle pas des demandes de réversion, des révisions, etc. Je n’évoque pas tout ça ! » nous annonce Sylvain Lachaise.
Safaa Jawad, secrétaire adjointe des syndicats CGT de Dijon, insiste : « Sachant que déjà avant la réforme, il y avait un délai d’attente de 6 mois entre le moment où on dépose sa demande de pension et le moment où on est payé », puis elle ajoute : « De manière générale, que ce soit pour les salariés de la Carsat ou d’autres, il paraît inenvisageable de faire plus avec moins. Les salariés ne pourront pas travailler plus rapidement. Actuellement, concernant les objectifs de production de la Carsat, inutile de préciser qu’aucun objectif de production ne pourra être respecté. C’est impossible ! ».
Pour Sylvain Lachaise, les choses sont claires : « Pas besoin de s’attarder sur les détails. Quand, globalement, vous avez des effectifs qui diminuent, une charge de travail qui augmente, des réformes qui perturbent continuellement, des logiciels informatiques qui ne sont pas à la hauteur, et des consignes qui changent constamment… Par exemple, on vous dit le matin qu’il faut faire ceci, à midi cela, et le soir autre chose. Concrètement, le quotidien des conseillers retraite à la Carsat, c’est ça. Et évidemment, à un moment donné, ça ne peut plus fonctionner. »
Journée de grève et de manifestations le 13 octobre 2023
Pour information, 920 employés, dont 800 basés au siège à Dijon, travaillent à la Carsat de Bourgogne-Franche-Comté. La Carsat prévoit de supprimer 26 postes dans son département dédié aux retraites d’ici 2027. Ces postes concernent spécifiquement ceux en charge du calcul des pensions de retraite, ce qui ne devrait pas améliorer la situation.
La CGT a fixé un rendez-vous pour le vendredi 13 octobre, à l’occasion d’une journée de mobilisation européenne contre l’austérité, pour la hausse des salaires et pour l’égalité homme-femme.