Alors que nous avons diffusé hier le communiqué de l’Union Syndicale Solidaires 21 qui invitait « l’ensemble des saisonnier.es à constituer des assemblées générales dans les domaines pour mener une action et faire entendre la colère » suite à la polémique des conditions d’hébergement des saisonniers, nos journalistes ont été contacté à propos d’une situation inattendue sur la Côte.
En effet, nous avons été informé que ce vendredi en début de soirée des tracts (dont certains en anglais) ont été découverts sur de nombreuses voitures ainsi que des affiches sur des murs pour mobiliser les vendangeurs face à la situation actuelle. A notre connaissance, cette action s’est déroulée principalement dans la commune de Morey-Saint-Denis qui fait la polémique depuis une dizaine de jours avec le « village vendangeurs » qui est loin de faire l’unanimité ou plutôt si, mais en sa défaveur (lire notre article sur le sujet).
Il semblerait que dans la nuit de vendredi à samedi des affiches de Solidaires 21 ont été déposées dans une demi-douzaine de communes de la Côte pour faire entendre les revendications des saisonniers et informer la population de la situation calamiteuse de ces vendanges 2023.

D’après une communication de Solidaires 21 sur leurs réseaux sociaux, celle-ci a fait le choix de diffuser son message au Clos de Vougeot, lieu très fréquenté à l’année et encore plus pendant les journées du Patrimoine.
Par ailleurs, la situation monte tellement d’un cran que le premier communiqué de Solidaires 21 se retrouve traduit sur un site espagnol : https://www.briega.org/es/opinion/francia-vendimias-2023-cosecha-desastrosa-para-temporeros
Mais, si nous osons employer le terme de mouvement social, c’est surtout parce que nos journalistes ont été informés d’une action similaire mais portée directement par les saisonniers. En effet, il semblerait qu’aujourd’hui des centaines de tracts ont été déposés sur les véhicules dans de très nombreux villages et des affiches placardées pour appeler les vendangeuses et vendangeurs à agir.
D’après nos informations, c’est plus d’une dizaine de villages qui sont concernés par cette situation. Le nombre de communes visées et la rapidité de l’action de propagande laissent penser que cette action est le fruit de de plusieurs groupes de vendangeurs. Nous ne savons pas si ceux-ci sont organisés collectivement ou non car il existe différentes affiches. Même si nous ne pouvons l’affirmer totalement, selon toute vraisemblance, les groupes auraient profité du repos méridien pour passer à l’action.
Comme vous pouvez le voir sur les photos qui nous ont été transmises par des habitants des villages de Premeaux-Prisset et Nuits Saint-Georges, le message est clair, les saisonniers ne veulent pas se laisser faire ! Sur l’une des affiches, nous pouvons y lire que d’après les saisonniers « la saison est nulle à chier » et qu’ils veulent tout bloquer, quant à la seconde affiche transmise à Dijon Actualités, nous pouvons voir qu’un appel est lancé à mener « des opérations de tractages, des blocages ».


D’après nous, une telle situation est unique pour la Côte et les vignerons doivent commencer à très sérieusement trembler. Si les salariés passent à l’acte, la fin des vendanges pourrait être des plus délicates. Néanmoins et il est important de le rappeler, cette situation provient d’une décision de la préfecture qualifiée par plus d’un de totalement absurde. Même si le président de la Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne (CAVB) a critiqué la décision préfectorale, que dira-t-il si la fin des vendanges ne se déroulent pas comme prévue ?
De notre côté, nous sommes impatients de suivre l’évolution de la situation qui, dans tous les cas, restera dans les annales tant il est difficile pour des travailleurs précaires de se mobiliser et d’observer quelles sont les actions qui pourraient être mises en œuvre par les saisonniers. Cette incertitude participe à la beauté des mouvements sociaux.
Enfin, une dernière question peut légitimement se poser : les dernières « Paulée » vont-elles pouvoir se dérouler ?


