Le préfet Franck Robine a exprimé sa profonde tristesse suite au décès de Marcel Suillerot, un résistant-déporté et une figure emblématique du monde combattant en Côte-d’Or. Impliqué de manière significative dans la transmission de son histoire et des valeurs de la France Libre aux jeunes générations, Marcel Suillerot s’est éteint le 11 mars à Marsannay-la-Côte, à l’âge de 101 ans. Le préfet tient à adresser ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches dans cette période de deuil.
Marcel Suillerot est né le 9 juin 1923 à Dijon. Son parcours, marqué par un engagement précoce, révèle un homme animé par un profond sens du devoir envers sa patrie. Malgré son départ de l’école à l’âge de 12 ans pour soutenir son père dans son métier d’artisan, Marcel Suillerot n’a jamais cessé de chercher des moyens de contribuer à la lutte contre l’oppression nazie.
Son entrée dans la résistance débute dès les premiers temps de l’occupation allemande en 1940. À l’âge de 17 ans, il rejoint les bataillons de la Jeunesse communiste et se lance dans des actions clandestines, notamment la diffusion de tracts anti-nazis et la récupération d’armes dans le sud de Dijon. Arrêté en octobre 1941, il endure l’emprisonnement et la torture à la prison de Dijon et de Chaumont avant d’être déporté au camp de Rouillé dans la Vienne, puis au redoutable camp de concentration de Sachsenhausen, près de Berlin, où il reste jusqu’en mai 1945.
Sa libération marque le début d’une vie dévouée à la mémoire et à la transmission. Revenu des camps de la mort, Marcel Suillerot s’engage pleinement dans des associations d’anciens combattants et de déportés, devenant président de l’Association des Anciens Combattants et des Associations de Déportés et Résistants de Côte d’Or. Il est également vice-président de l’Amicale des Anciens déportés de Sachsenhausen et œuvre sans relâche pour le devoir de mémoire, en témoignant auprès des jeunes générations et en participant à des projets éducatifs tels que le Concours National de la Résistance et de la Déportation.
Sa contribution à la vie publique ne se limite pas à son engagement mémoriel. Marcel Suillerot a également servi sa commune en tant que conseiller municipal de Marsannay-la-Côte de 1971 à 1983. Homme de conviction, il a toujours défendu les valeurs républicaines et a plaidé pour la paix dans le monde, convaincu que c’est ainsi que l’on honore véritablement la mémoire des combattants tombés au front.
En reconnaissance de sa bravoure et de son dévouement, Marcel Suillerot a été décoré de l’insigne d’officier de la Légion d’Honneur en 2021.
Au-delà de ses activités officielles, Marcel Suillerot a été un artisan infatigable de la mémoire. Impliqué dans diverses associations et initiatives depuis des décennies, il a également réalisé plusieurs documentaires en collaboration avec la cinémathèque de Chenôve, permettant ainsi de perpétuer le souvenir des horreurs de la guerre et de lutter contre l’oubli.
Son décès laisse un vide immense dans le paysage de la résistance et de la mémoire en France. Marcel Suillerot restera à jamais un exemple de courage, de dévouement et de résilience, un héros dont le souvenir continuera d’inspirer les générations futures.
Communiqué de la préfecture de la Côte-d’Or du 15 mars 2024 :
Le préfet Franck Robine a appris avec tristesse la disparition de Marcel Suillerot, résistant-déporté, grande figure du monde combattant de la Côte-d’Or et fortement engagé dans la transmission de son histoire et des valeurs de la France Libre aux jeunes générations.
Il s’est éteint ce 11 mars à Marsannay-la-Côte dans sa 101ème année. Le préfet adresse ses très sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Quelques éléments de son parcours
Marcel SUILLEROT est né le 09 juin 1923 à Dijon. Il quitte l’école à 12 ans, sans pouvoir passer son certificat d’études, pour aider son père qui est installé comme artisan.
En 1939, son père est mobilisé et à 16 ans, Monsieur Suillerot doit travailler chez un patron plombier-zingueur. Cela le conduit par la suite à travailler dans les ateliers de la SNCF , comme manœuvre pour charger et décharger les wagons.
En juin 1940, avec l’invasion allemande, il quitte Chenôve avec sa famille pour Fussey, dans les Hautes-Côtes où ils sont hébergés par un agriculteur. Ce dernier demande à Monsieur Suillerot de l’aider à récupérer des armes. C’est le premier acte de résistance de Marcel Suillerot.
Dès octobre 1940, il devient membre des bataillons de la Jeunesse communiste. Il poursuit ainsi ses actes de résistance en s’engageant dans la diffusion de tracts anti-nazis et la récupération d’armes dans le sud de Dijon.
Arrêté en octobre 1941, il est incarcéré et torturé à la prison de Dijon et de Chaumont. En octobre 1942, il est transféré au camp de Rouillé dans la Vienne, puis en février 1943 vers le camp de concentration de Sachenhausen non loin de Berlin.
Il y reste jusqu’en mai 1945 où en travaillant à l’usine d’aviation Heinkel, il a pu saboter avec d’autres détenus la fabrication des avions réservés aux pilotes allemands.
Libéré, Monsieur Suillerot reprend son activité à la SNCF jusqu’à sa retraireen 1978.
De retour des camps de concentration, Monsieur Suillerot s’investit pleinement au sein de différentes associations à Marsannay la Côte, dont l’Association des Anciens Combattants etles Associations de Déportés et Résistants de Côte d’Or dont il est président depuis 1947. Il est également très engagé auprès de l’Amicale des Anciens déportés dont il est le Vice-Président depuis 1955 et attache une importance particulière au devoir de Mémoire.
C’est pourquoi, depuis plus de trente ans, Monsieur Suillerot témoigne sans relâche auprès des jeunes collégiens et lycéens de Côte d’Or et de Savoie, comme au collège Marcel Aymé de Marsannay la Côte dans les années 80, préparant les élèves en lien avec d’autres anciens combattants au Concours National de la Résistance et de la Déportation. Il participed’ailleurs activement à sa mise en place dans le département de Côte d’Or avec le Président du Conseil Général Henri Berger. Par ailleurs, il accompagne encore chaque année les jeunes aux camps de Sachsenhausen (Allemagne) et de Natzweiler Struthoh (Bas-Rhin) afin de leur expliquer son parcours mais aussi l’histoire du nazisme et ses conséquences dévastatrices tout en faisant passer un message de paix et de fraternité avec le peuple allemand.
Parallèlement, Monsieur Suillerot travaille en partenariat avec la cinémathèque de la commune de Chenôve et réalise plusieurs documentaires à destination du public.
En plus de consacrer une bonne partie de sa vie au Devoir de Mémoire, Monsieur Suillerot a participé pleinement à la vie de sa commune, Marsannay-la-Côte, en devenant conseiller municipal de 1971 à 1983.
Homme de conviction, Monsieur Suillerot s’est battu pour la France et ses valeurs républicaines. Il n’a jamais failli dans ses devoirs de citoyen et affirme, fort de son parcours, que « la meilleure façon d’honorer la mémoire des soldats morts au combat, c’est d’agir pour la paix partout dans le monde ».
Il reçoit les insignes d’officier de la Légion d’Honneur en 2021.
Activités diverses
depuis 1947, président départemental de la fédération des déportés internés résistants patriotes (FNDIRP) ;
depuis 1955, vice-président de l’Amicale des anciens déportés de Sachsenhausen à Paris ;
depuis 1955, membre de l’association Nationale des Cheminots Anciens Combattants (ANCAC) ;
depuis 1956, membre du bureau de l’association des Anciens Combattants ;
depuis 1960, responsable du bureau de la Société de Gymnastique « La Persévérante » ;
depuis 1978, membre au comité de Jumelage France-Belgique ; de 1990 à 1994 : président ;
membre du comité de parrainage du concours de la Résistance et de la Résistance de Côte-d’Or.
Situations diverses, fonctions électives, missions en France et à l’étranger
– de 1971 à 1982, conseiller municipal et adjoint aux travaux à la mairie de Marsannay-la-Côte (21).
Actes de courage et de dévouement
1940 -1941 : résistant dès l’âge de de 17 ans ;
1943 -1945 : incarcéré au camp d’Oranienburg-Sachsenhausen.
Travaux et publications sur le Devoir de mémoire
témoigne régulièrement auprès des établissements scolaires de côte d’Or, cérémonies de commémorations ;
réalisation de plusieurs documentaires avec la collaboration de la cinémathèque de Chenôve (pour exemples, « Sur les traces de Marcel Suillerot » en 2011 ; Les « flammes de la mémoire » en 2012).