Le projet de création d’un parc urbain baptisé « Eiffel » au sein du Port du Canal de Dijon ne fait pas l’unanimité parmi les riverains et suscite de vives inquiétudes. Une pétition rassemblant plus de 200 signatures a été lancée, signe de la frustration grandissante au sein de la communauté locale.
Les résidents du quartier, bien que favorables à l’embellissement de leur environnement, expriment leur mécontentement face au manque de prise en compte de leurs préoccupations légitimes. En particulier, les questions relatives à la tranquillité publique, à la sécurité et au stationnement demeurent des sujets de préoccupation majeurs pour les riverains.
Le président du groupe Agir pour Dijon, Emmanuel Bichot, se félicite d’avoir obtenu autant de signatures pour cette pétition, précisant que d’autres signatures sont encore en cours de collecte. Il convient de rappeler qu’Emmanuel Bichot avait organisé une réunion avec les habitants fin janvier 2024.
Lors d’une réunion publique le 27 janvier 2024, près d’une quarantaine de riverains ont exprimé leur désir d’être entendus par la municipalité. Trois motions ont été votées à l’unanimité ou avec une large majorité :
– Clôturer le parc « Eiffel », le fermer la nuit et le gardienner ;
– Renoncer à l’installation de guinguettes ou fortement réglementer leur usage ;
– Maintenir des places de stationnement le long du parc, quai Nicolas Rolin et avenue Jean Jaurès.
Les riverains expriment également le souhait que le projet de parc puisse être étendu au flanc sud de la Cité internationale de la gastronomie et du vin, avec une espace naturel de près de deux hectares le long de de l’Ouche relié au port du canal par une passerelle. Aujourd’hui cette parcelle sert de base arrière du chantier pour la rue Monge, mais après ?
Les riverains demandent donc à la municipalité de Dijon d’ouvrir rapidement une véritable concertation avec eux sur les différents volets du projet.
En parallèle de cette contestation, une réunion s’est tenue le 8 mars 2024 entre les résidents ayant un bateau dans le port du canal, Voies Navigables de France (VNF) et Dijon Métropole. Cette réunion a mis en lumière les conséquences importantes des travaux prévus pour le Port du Canal.
En effet, dès le 1er juillet 2024, les travaux débuteront, entraînant l’évacuation de tous les bateaux stationnés dans le port du canal. Cette annonce a plongé les occupants des bateaux dans l’incertitude la plus totale, ne sachant pas où ils pourront amarrer leurs bateaux, ni s’ils pourront revenir une fois les travaux achevés. La municipalité n’avait jamais informé les propriétaires de bateaux du port du canal de cette date limite jusqu’à la réunion du 8 mars 2024.
Depuis le début de la présentation du projet, les riverains et occupants des bateaux estiment être très mal informés. Le flou persiste encore aujourd’hui, ce qui les pousse à envisager la création d’une association de quartier pour défendre leur cadre de vie qu’ils estiment menacé par ce projet. Emmanuel Bichot, le président du Groupe Agir pour Dijon, a accepté de répondre à nos questions :
Monsieur Bichot, le groupe Agir pour Dijon accompagne les riverains qui essaient de défendre leur cadre de vie. La pétition lancée à votre initiative a réuni plus de 200 signatures. Êtes-vous satisfait du nombre de signatures ?
« Nous avons réunis plus de 200 signatures nominatives de riverains à ce jour, ce qui représente plus du quart des riverains. C’est un résultat significatif pour une pétition de cette nature, qui est une démarche engageante. Certains habitants ont connu la lente dégradation du port du canal depuis une vingtaine d’année et le désintérêt de la municipalité pour tous les désordres signalés. En particulier les nuisances sonores diurnes et nocturnes ou les trafics. Ce qui fait qu’ils ne sont pas prêts à faire confiances les yeux fermés« .
Les propriétaires de bateau vont devoir quitter le port du canal, ils en ont été informés le 8 mars dernier par VNF et Dijon Métropole. Trouvez-vous cela normal ?
« Cette nouvelle vient de tomber comme un coup de tonnerre pour les personnes concernées, installées sur une dizaine de bateaux-logements. Ils doivent avoir quitter le port avant le 1er juillet. Il n’en avait jamais été question dans le discours de la municipalité, c’est donc la stupeur et là désolation. Cela est inquiétant sur la manière dont ce projet est conduit et le flou sur son contenu« .
La municipalité a-t-elle suffisamment concerté avec les riverains selon vous ?
« Le problème est que, dès sa présentation au conseil municipal du 25 septembre 2023, le projet était flou. Il était demandé un vote de principe avec une enveloppe de plus de 9 M€. C’est une somme considérable. Nous avons découvert rapidement, avec stupeur, que la priorité pour ce parc semblait être, paradoxalement, de construire de nouveaux bâtiments au beau milieu du site, sur l’emplacement de l’actuel aire de jeux pour les enfants. Il est question de « guinguettes » et de « commerces ». Les riverains ont exprimé des préoccupations légitimes lors d’une réunion au jardin de l’Arquebuse, mais elles n’ont pas été entendues. Quand nous les avons relayées au conseil municipal du 18 décembre 2023, le maire a exprimé le souhait que le parc soit un lieu d’accueil pour tous les sans-abris et sans domiciles fixes de Dijon la nuit. Mais il oublie que des riverains sont directement confrontés à cette situation. Le malentendu est en train de s’installer, c’est dommage pour un projet qui devrait rassembler« .