Le collectif “Sauvons les berges du Suzon” demeure en émoi face au projet immobilier Venise-2, lequel menace selon lui l’un des derniers espaces naturels au nord de la ville. Alors que le Maire de Dijon s’apprête à présenter les résultats d’une étude faune-flore réalisée sur le terrain du projet, le collectif demeure sceptique quant à l’impact réel de cette démarche sur l’avenir de la biodiversité locale.
Depuis le début de cette controverse, le Maire a été sommé à plusieurs reprises de justifier l’impact du projet Venise-2 sur l’environnement. Malgré ses promesses initiales de ne pas délivrer le permis de construire avant d’avoir les résultats d’études complémentaires, le permis a été accordé en janvier 2023, suscitant une vive réaction de la part des défenseurs de l’environnement.
La mise en place d’une étude faune-flore, annoncée par les autorités municipales, semble être perçue par certains comme un moyen de gagner du temps, sans pour autant remettre en cause le projet immobilier déjà en cours.
Cependant, des voix s’élèvent pour questionner l’objectivité de cette étude, arguant que celle-ci pourrait servir de prétexte pour maintenir le projet d’urbanisation, malgré la richesse écologique des berges du Suzon. Des bénévoles du collectif “Sauvons les berges du Suzon” ont déjà réalisé leur propre étude faune-flore, mettant en lumière la présence remarquable de nombreuses espèces protégées.
L’étude indépendante révèle la présence de 71 espèces d’oiseaux, 3 espèces de chauves-souris, 8 espèces de coléoptères, 16 espèces d’orthoptères et 60 espèces de papillons. Ces résultats, publiés dans la revue scientifique Bourgogne-Franche-Comté Nature, soulignent l’importance écologique de la région.
Pourtant, malgré ce patrimoine naturel exceptionnel, les autorités municipales semblent sous-estimer l’importance de préserver ces espaces au profit de projets immobiliers. Selon le collectif, il est urgent de changer cet imaginaire collectif et d’adopter une approche plus respectueuse de la biodiversité urbaine. La biodiversité ordinaire est un enjeu crucial, nécessitant une prise de conscience collective et des actions concrètes de la part des décideurs locaux.
Au-delà des enjeux environnementaux, l’évolution de la nature doit être envisagée dans une perspective de réconciliation entre l’humain et son milieu de vie. Avec la raréfaction des ressources et l’effondrement de la biodiversité, il est impératif d’adopter des pratiques plus durables et respectueuses de l’environnement.
Face à cette situation, le collectif “Sauvons les berges du Suzon” continue de mobiliser les citoyens et de sensibiliser l’opinion publique sur l’importance de préserver ce précieux écosystème. Les résultats de l’étude faune-flore pourraient constituer un tournant dans cette lutte, en mettant en lumière la richesse écologique des berges du Suzon et en appelant à une réévaluation du projet Venise-2.
Communiqué de presse du 20 mars 2024 :
L’étude à paraître sur l’exceptionnelle biodiversité des berges du Suzon va-t-elle permettre au maire de Dijon d’annuler le projet Venise-2 ?!
Le Maire de Dijon s’apprête à présenter les résultats d’une étude faune-flore menée sur le terrain du projet Venise-2. Nous ne sommes pas dupes de cette manœuvre, moyen de gagner du temps, tout en endormant les Dijonnaises et les Dijonnais, et nous pouvons déjà craindre que les résultats de l’étude ne remettront pas en cause le projet immobilier.
Décryptage.
Retour sur le feuilleton des études
Que ce soit en réunion de Conseil municipal, en réunions publiques ou via les réseaux sociaux, à plusieurs reprises fin 2022, le Maire de Dijon a été sommé de justifier de l’impact du projet immobilier Venise-2 sur le dernier espace naturel au nord de Dijon, d’une surface de 3 hectares et comportant une importante ripisylve pour le Suzon.
Le 1er décembre 2022 en réunion publique, puis le 5 décembre 2022 au Conseil municipal, il a assuré qu’il ne délivrerait pas le permis de construire avant d’avoir le résultat « des études complémentaires pour envisager plus précisément les effets environnementaux du projet ».
Rappelons qu‘il a menti sur ce point, puisque le permis a été accordé le 23 janvier 2023, donc avant le rendu des fameuses études et sans comporter d’étude sur l’impact de la bétonisation du site.
Ce sujet des études est revenu dans l’actualité en janvier 2024, tout d’abord lorsque la première adjointe a répondu aux questions posées par les riverains de Venise-2 lors des réunions publiques dans les quartiers, leur assurant qu’une “étude faune-flore 4 saisons” avait débuté en mars 2023.
Le Maire a confirmé cette étude en cours, lors des vœux de la Fédération régionale du BTP le 30 janvier 2024 : « Pour ce projet, on a décidé de faire une étude “faune-flore” pour savoir quelles seront les conséquences qu’auront ces constructions sur un territoire qui est un peu à l’abandon. Cette étude faune-flore, elle prend 1 an. ».
Mais, pourquoi donc lancer une étude, alors que le permis de construire a déjà été accordé ?
Conclusion de l’étude
Il s’agit donc d’une étude “faune-flore”, qui est réglementaire dans le cadre de projets soumis à étude d’impact, ce dont Venise-2 était pourtant dispensé.
Ce type d’étude, réalisée via un inventaire de terrain à des périodes différentes de l’année, propices aux diverses catégories d’espèces, vise à déterminer la présence d’espèces protégées au sens de la Directive européenne et du Code de l’environnement, pour lesquels il est interdit de détruire, de modifier ou de dégrader les habitats naturels.
Or, les bénévoles du collectif “Sauvons les berges du Suzon”, aidés de naturalistes de plusieurs associations locales, ont déjà produit leur étude faune-flore sur le terrain.
Des inventaires sérieux, souvent réalisés sur plusieurs années, montrent que la RUBS recèle :
- 71 espèces d’oiseaux, dont 33 sont nicheurs,
- 3 espèces de chauves-souris,
- 8 espèces de coléoptères,
- 16 espèces d’orthoptères,
- 60 espèces de papillons : 55 espèces de papillons de jour (Rhopalocères) et 5 espèces de Zygènes, 7 espèces figurant sur la liste rouge des papillons menacés en Bourgogne.
Un article “Bilan du suivi en papillons de jour d’une zone semi-naturelle péri-urbaine sur les rives du Suzon, à Dijon (Côte-d’Or)” a d’ailleurs été publié en pages 119 à 130 du numéro 36 de la revue scientifique Bourgogne-Franche-Comté Nature.
En dépit d’un tel patrimoine naturel, que l’on peut qualifier de remarquable pour un milieu urbain, nous savons que la législation environnementale actuelle ne suffit pas à le préserver pour sa simple valeur patrimoniale. D’où l’importance de la labellisation de “Réserve Urbaine de Biodiversité du Suzon” (RUBS) par décret citoyen.
=> C’est pourquoi nous affirmons que l’étude demandée par la Mairie, payée aux frais du contribuable, concluera à l’absence d’enjeu de biodiversité et servira de prétexte à maintenir le projet d’urbanisation de ce havre de biodiversité.
Changer d’imaginaire sur la nature
Revenons au qualificatif du Maire, qui parle de la RUBS à ses amis bétonneurs comme d’un
« territoire un peu à l’abandon ».
Quant à sa première adjointe, qui « connaît bien le quartier », elle affirme en réunion publique que « Personne aujourd’hui ne se promène dans cette zone. C’est que des ronces », oubliant au passage sa signature de l’engagement de la Ville de Dijon, “Ambassadeur de la Stratégie Régionale pour la Biodiversité”.
Voilà une vision passéiste de la nature en ville où seuls les espaces ayant subi l’intervention de l’Homme trouvent grâce aux yeux des décideurs !
Dès aujourd’hui, la biodiversité ordinaire est un enjeu fort : par leurs projets, les élu.e.s doivent accompagner les habitant.e.s vers une modification de l’imaginaire collectif sur la nature, désormais tourné vers une meilleure cohabitation et une plus grande compréhension du vivant.
Rappelons que, jusqu’en 2021, la prairie du Suzon bénéficiait d’un entretien annuel réalisé par fauchage tardif en septembre, permettant à la flore et aux insectes d’accomplir leurs cycles, tout en évitant au milieu de s’embroussailler au risque d’étouffer les fleurs et herbes. Cette opération a brusquement pris fin, à la faveur de la promesse de vente des terrains municipaux au promoteur de Venise-2.
A l’été 2023, les bénévoles de la RUBS ont fauché eux-mêmes la prairie, à l’aide d’outils manuels, sans moteur ni pétrole.
Avec la raréfaction des ressources et l’effondrement de la biodiversité, les enjeux des années à venir sont bien d’accompagner l’évolution de la nature vers une réconciliation de l’humain avec son milieu de vie.
A travers les mémoires produits par les avocats de la Ville dans les différents recours judiciaires contre le projet Venise-2, nous déplorons que l’exécutif de la Ville de Dijon est totalement incapable s’approprier cette nouvelle vision du monde.
Les résultats de l’étude faune-flore pourraient-ils faire changer les choses ?
Collectif Sauvons les berges du Suzon
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Ressources et actualités de la RUBS