Dans un témoignage accablant, un locataire de CDC Habitat, bailleur social, pointe du doigt les pratiques honteuses et inhumaines auxquelles il est confronté, mettant en lumière un système où l’exploitation prime sur le bien-être des habitants, selon le locataire. Ces déclarations révèlent un tableau glaçant de négligence, d’abus et de complicité, dénonçant un bailleur social peu soucieux de sa mission première : fournir des logements décents. Le locataire, Bruno Dancin, était accompagné du député Eric Coquerel, représentant de la 1re circonscription de Seine-Saint-Denis et président de la Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire.
Akli Mellouli, sénateur du Val-de-Marne du groupe Écologiste – Solidarité et Territoires, ainsi que Marius Esposito, conseiller aux affaires étrangères, à la défense et à l’Europe à l’Assemblée nationale, collaborateur d’Aurélien Taché, député du Val-d’Oise du groupe Écologiste – NUPES, étaient également présents lors de cette visite. La Côte-d’Orienne Valérie Jacq, candidate sur la liste de La France insoumise, était également présente aux côtés d’Eric Coquerel.
Selon le témoignage recueilli, le bailleur en question, CDC SIC HABITAT, est accusé de maintenir le locataire dans des conditions insalubres et indécentes depuis des années, en toute impunité. Les déclarations font état de multiples problèmes, allant de l’absence d’eau chaude pendant des années à des installations électriques dangereuses, en passant par des infiltrations d’eau et des moisissures proliférantes, mettant ainsi en danger la santé et la sécurité de l’occupant.
Face à Eric Coquerel, le locataire déclare : « Dès mon arrivée dans le logement, je rencontre de nombreux problèmes et vices cachés ». Les exemples de dysfonctionnements sont nombreux : une prise 32 Ampères était non conforme, le technicien a refusé d’installer la cuisinière électrique, c’était le 28/12/2011. CDC SIC Habitat a été informé, ils sont intervenus le 23/09/2016 pour réparer, soit 5 ans plus tard, (1825 jours pour mettre en conformité, dira le locataire). Cumulé à cela, des problèmes persistants d’eau chaude, des vecteurs électriques défectueux et une aération non conforme ont contribué à des conditions de vie intolérables, selon le locataire. Malgré les multiples signalements, les délais d’intervention ont été excessivement longs, allant jusqu’à 11 ans dans certains cas.
Le locataire souligne également l’impact délétère de ces conditions sur sa santé, avec des allergies sévères, des crises d’asthme, une réduction de la capacité pulmonaire, et même des risques de maladies graves associées à la moisissure et à l’humidité persistante : « L’absence d’aération, de lumière et de chaleur a favorisé la prolifération des moisissures. Je n’avais pas de connaissances sur le sujet et j’ai passé neuf années avec des allergies inimaginables en durée et intensité : rhinite, éternuements, crises d’asthme, difficulté à respirer (sifflement en respirant), inflammation des muqueuses, sinus… Mon état était tel que je me suis dit que je n’étais plus adapté pour la vie sur la planète… Chaque jour était une lutte insensée. Les aérations ont été changées le 23/03/2023 après un délai d’intervention de 11 ans (4015 jours) » déclare le locataire à Eric Coquerel, très attentif aux déclarations du locataire.
De nombreux dégâts des eaux coulant le long des fils électriques faisaient régulièrement claquer les luminaires », nous dira le locataire, qui prendra l’initiative de nous montrer une vidéo comme preuve : « J’ai reçu à plusieurs reprises des décharges électriques », ajoutera également Bruno Dancin.
Malgré les démarches entreprises, comme l’interpellation du Procureur de la République en décembre 2022, les actions des autorités compétentes semblent insuffisantes pour résoudre les problèmes de manière efficace, selon le locataire. Les rapports des services sanitaires municipaux ont identifié de nombreux défauts et dysfonctionnements, mais les travaux correctifs tardent à être réalisés, toujours d’après lui.
En outre, le locataire déplore un comportement malveillant et malhonnête de la part du bailleur, avec une communication défaillante, des facturations trompeuses et un manque de suivi des démarches entreprises.
Eric Coquerel, une fois la visite terminée, a accepté de répondre à nos questions : « Quand vous voyez ça, en tant que député, vis-à-vis de ce que vous avez vu, est-ce que l’on peut considérer que ce logement est insalubre ? »
Eric Coquerel : « Ah, bah clairement oui. Mais déjà, pour vous dire une chose, ce n’est pas un cas isolé. Moi, dans ma circonscription, j’ai plein de problèmes de logements insalubres gérés par des bailleurs publics. Ce n’est pas quelque chose d’anodin, mais ce n’est pas non plus quelque chose d’exceptionnel. Je suis intervenu à chaque fois, car on s’attend à ce qu’il n’y ait pas de logements insalubres dans un parc public. Celui-ci, très clairement, est insalubre. Cela dit, sur l’ensemble de l’immeuble, il y a souvent eu des travaux qui ont été faits. Maintenant, la question à se poser est quand le bailleur compte rénover le logement trop humides et tenir compte aussi des souffrances subies par le locataire pendant des années. »
« Qu’est-ce qu’on peut faire face à ces bailleurs qui indirectement ne respectent pas la loi ? »
Eric Coquerel : « Eh bien, il faut contacter des élus comme moi qui les interpellent, ce que je vais faire. Je le fais sans arrêt dans ma circonscription. Quand je trouve qu’ils ne réagissent pas assez vite, je fais ce que nous faisons là, je saisis les journalistes. En général, ça marche un peu plus. Je contacte également la préfecture à ce sujet pour faire bouger les choses. Il faut utiliser tous les moyens de pression disponibles. »
« Alors là, vous allez prendre les choses en main sur ce dossier ? »
Eric Coquerel : « Je vais regarder. Il se trouve que, en tant que président de la commission des finances, nous nommons le président de la Caisse des dépôts et consignations. Donc, nous avons des liens très étroits avec CDC Habitat, qui est une filiale de la Caisse des dépôts. Donc je vais les interpeller là-dessus, oui ! »
Au moment où nous écrivons ces lignes (le dimanche 24 mars 2024), nous étions dans l’impossibilité de joindre le bailleur social CDC Habitat afin d’avoir le contradictoire. Nous prendrons l’initiative de contacter le bailleur social dans la journée du lundi 25 mars afin de diffuser leurs avis et propos quant à la situation de ce locataire, s’ils acceptent de répondre à nos questions.