Après la révélation choquante des pratiques inhumaines à l’Abattoir Bigard de Venarey-les-Laumes par l’association de défense des animaux L214, une réaction immédiate était attendue de la part des autorités. Cependant, les mesures annoncées par la préfecture de la Côte-d’Or semblent loin de répondre adéquatement à la gravité des infractions constatées.
Dans un communiqué, la préfecture a annoncé un audit et la suspension temporaire des abattages des veaux et des bovins de grande taille. Pourtant, ces actions semblent dérisoires face aux infractions graves documentées par L214, notamment la libération d’animaux encore conscients de leur contention, qui se débattent même après avoir été suspendus.
Plus alarmant encore, ces infractions majeures étaient déjà connues en 2016, mais aucune action significative n’a été prise depuis lors. L’abattoir est censé être sous le contrôle quotidien des services vétérinaires de l’État, soulignant ainsi un manquement évident à leur mission de contrôle.
Face à cette inaction persistante, L214 a décidé de porter plainte contre l’État pour son échec à assurer un contrôle adéquat des abattoirs. Sébastien Arsac, directeur des enquêtes de L214, souligne avec indignation : “Les mesures annoncées par la préfecture sont dérisoires, pour ne pas dire risibles! Les services de l’État sont au courant depuis des années, ils se moquent du monde en prétendant les découvrir aujourd’hui.”
Alors que le ministère de l’Agriculture envisage le contrôle vidéo dans les abattoirs comme une solution potentielle, L214 insiste sur le fait que cela ne résoudra pas le problème fondamental de la souffrance animale. Pour eux, la véritable solution réside dans la réduction du nombre d’animaux abattus, une approche déjà adoptée par d’autres pays européens comme l’Allemagne et les Pays-Bas.
Dans cette optique, L214 s’est fixé un objectif ambitieux : réduire de 50 % le nombre d’animaux tués d’ici 2030. Cette démarche vise à adresser directement la source du problème en diminuant les cadences dans les abattoirs, une mesure essentielle pour limiter la souffrance des animaux d’élevage.
En attendant, la plainte déposée par L214 met en lumière l’urgence d’une action gouvernementale sérieuse pour garantir le respect des normes de protection animale et la mise en place de véritables mesures de contrôle efficaces dans les abattoirs français.
Communiqué de presse du 11 avril 2024 :
Abattoir Bigard : L214 porte plainte contre l’État pour manquement à sa mission de contrôle vétérinaire
Comment s’attaquer au problème à la source ?
Suite aux images révélées par L214 ce jeudi 11 avril, les services de la préfecture de la Côte-d’Or se sont rendus ce matin à l’abattoir Bigard de Venarey-les-Laumes. Dans un communiqué, la préfecture annonce un audit et la suspension provisoire des abattages des veaux et des bovins de grand gabarit.
Des mesures dérisoires au regard des graves infractions observées sur les images, en particulier les animaux libérés de leur contention encore conscients qui se débattent jusqu’après leur suspension. Une non-conformité majeure déjà constatée en 2016 et qui aurait dû être sanctionnée par les services vétérinaires de l’État présents quotidiennement sur place.
En conséquence, L214 engage ce jour un recours contre l’État pour manquement à sa mission de contrôle.
La préfecture de Côte-d’Or contrôle un abattoir… contrôlé quotidiennement par ses propres services
Informé de l’enquête à paraître, le préfet de la Côte-d’Or a annoncé hier dans un communiqué prendre « des mesures immédiates ». Les mesures immédiates en question : envoyer sur place le directeur départemental de la DDPP21 « afin d’évaluer la situation et la nécessité de mettre en œuvre des mesures correctives ».
Dans le même communiqué, la préfecture rappelle pourtant que « cet abattoir fait l’objet d’un contrôle permanent par la Direction départementale de la protection des populations de Côte-d’Or (DDPP21 – ex services vétérinaires) chargée de l’application de la réglementation relative à la protection animale ». Alors pourquoi ces infractions n’ont-elles pas été corrigées par les agents vétérinaires présents quotidiennement à l’abattoir ?
Le ministère de l’Agriculture envisage le contrôle vidéo dans les abattoirs
Le ministère de l’Agriculture envisage le contrôle vidéo « comme une des réponses à apporter pour lever le climat de suspicion et de défiance qui règne sur les abattoirs ».
Pour L214, il est impossible d’espérer pouvoir limiter la souffrance de plus d’un milliard d’animaux abattus chaque année en France avec des caméras qui ne seront accessibles qu’aux services vétérinaires, déjà présents dans les abattoirs. Cette mesure est une tentative de diversion pour éviter d’aborder la seule solution qui traite vraiment le problème de la souffrance des animaux d’élevage, déjà évoquée par le récent rapport de la Cour des comptes, à savoir diminuer le nombre d’animaux élevés, comme s’y engagent déjà d’autres pays (Allemagne, Pays-Bas).
Pour Sébastien Arsac, directeur des enquêtes de L214 : « Les mesures annoncées par la préfecture sont dérisoires, pour ne pas dire risibles ! Les mesures correctives, c’est au quotidien que les services vétérinaires présents à l’abattoir sont censés les demander ! Ces non-conformités sont d’ailleurs connues depuis 2016, où les mêmes dysfonctionnements avaient déjà été observés… par les mêmes services ! Les services de l’État sont au courant depuis des années, ils se moquent du monde en prétendant les découvrir aujourd’hui. Nous portons donc plainte contre les services de l’État pour manquement à leur mission de contrôle !
La seule solution pour limiter la souffrance des animaux dans les abattoirs, c’est de diminuer les cadences et donc de diminuer le nombre d’animaux tués. L214 va mettre tous les moyens en œuvre pour atteindre un objectif très concret : diminuer de 50 % le nombre d’animaux tués d’ici 2030. »