Ce matin, plus de 1 000 pharmaciens, préparateurs en pharmacie et étudiants ont convergé vers la Place du Théâtre à Dijon pour une manifestation d’ampleur. Cet événement, qualifié de véritable succès par les organisateurs, s’est déroulé dans une ambiance déterminée et solidaire. Après avoir emprunté la rue de la Liberté, le cortège a atteint la Place Darcy, marquant ainsi une mobilisation significative au cœur de la ville.
À 11 h 30, le préfet de Côte-d’Or a reçu une délégation des manifestants pour écouter leurs revendications. Cette manifestation intervient dans un contexte particulièrement difficile pour les pharmaciens, confrontés à une hausse des charges depuis trois ans et à l’échec des négociations avec l’Assurance maladie concernant la revalorisation de leurs honoraires. Les nouvelles missions en matière de prévention, de dépistage et de vaccination, bien que cruciales, restent également sans soutien adéquat.
Les pharmaciens ont décidé de fermer leurs officines sur tout le territoire et de manifester ce 30 mai pour attirer l’attention sur leurs difficultés. Les menaces de dérégulation, la vente en ligne de médicaments par des plateformes commerciales avec des stocks déportés, et la persistance des pénuries de médicaments sont autant de défis qui mettent en péril leur profession et la qualité des soins offerts aux patients.
En outre, l’avenir des officines de pharmacie est suspendu à la publication de la réforme du troisième cycle des études pharmaceutiques, attendue depuis plus de sept ans par les étudiants et l’ensemble de la profession. Cette réforme est essentielle pour permettre aux jeunes pharmaciens de s’installer dans des territoires où ils sont nécessaires, garantissant ainsi un accès de proximité aux soins pour tous.
Face à l’ampleur de la mobilisation, l’ARS Bourgogne-Franche-Comté a réquisitionné plusieurs pharmacies par mesure de précaution. Pierre-Olivier Variot, pharmacien dijonnais engagé et récemment réélu à la tête de l’USPO (Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine) le 22 mai dernier, a exprimé le ras-le-bol des pharmaciens :
« Il y a quatre raisons pour lesquelles nous manifestons aujourd’hui. La première concerne les ruptures de médicaments, de plus en plus fréquentes, qui nous paralysent et nous empêchent de travailler correctement, stressant nos patients et posant de sérieux problèmes. La seconde raison est la réforme des études qui n’arrive pas. Nous l’attendons pour que les étudiants puissent s’installer dans les territoires où on a besoin d’eux. La troisième raison est économique : nous n’avons pas été revalorisés depuis 2018 ! Avec l’inflation, nous ne pouvons plus nous en sortir. Et la dernière raison, c’est la vente de médicaments sur internet, une mesure de libéralisation qui mettrait en place des plateformes pour acheter les médicaments. Le médicament n’est pas un bien de consommation, c’est un bien de soins, qui s’inscrit dans un parcours de soins. »
Pierre-Olivier Variot invite l’ensemble des pharmaciens à rester mobilisés : « Aujourd’hui, c’est le premier jour de mobilisation, ce ne sera peut-être pas le dernier. J’invite tous les pharmaciens à rester mobilisés si nous devons organiser une nouvelle journée de mobilisation. »
Cette grève est exceptionnelle, étant seulement la deuxième dans l’histoire récente de la profession, après celle de 2014 qui avait déjà massivement mobilisé les pharmaciens pour protester contre un projet de loi menaçant le monopole officinal de dispensation des médicaments. La profession se mobilise donc à nouveau pour défendre son rôle crucial dans le système de santé français et garantir un accès de qualité aux soins pour tous les citoyens.