La région de gendarmerie de Bourgogne-Franche-Comté a publié un communiqué de presse le 4 juin 2024, révélant une affaire choquante d’exploitation et de traite d’êtres humains dans l’industrie viticole de la région.
Tout a commencé en septembre 2023, lorsque les municipalités de Meursault et Tailly, en Côte-d’Or, ont signalé un campement illégal d’une soixantaine de personnes originaires d’Europe de l’Est. Le camp, composé de tentes de fortune, était installé dans la zone protégée des Étangs d’Or. À la suite de plusieurs contrôles de la gendarmerie à différents moments de la journée, il a été constaté que les occupants, tous de nationalité roumaine, se déclaraient vendangeurs.
Les conditions de vie dans le campement étaient précaires, sans accès à l’eau potable, aux sanitaires ou à un système de collecte des ordures ménagères. Les vendeurs, sans véhicules, étaient acheminés sur les parcelles de vignes par leur employeur. Aucun contrat de travail n’a été présenté et ils étaient rémunérés par l’intermédiaire d’un « chef », un ressortissant roumain chargé de les recruteur en Roumanie et qui servait d’intermédiaire avec l’employeur français.
Certaines personnes ont déclaré ne pas avoir d’eau potable et ne pas avoir pu se nourrir correctement en raison de l’absence de salaire. Elles ont été contraintes de mendier dans les villages alentours pour survivre.
Une enquête a été ouverte pour identifier l’employeur responsable de cette situation. Les gendarmes de Beaune ont ainsi mis au jour une entreprise beaunoise spécialisée dans les prestations de service viticole depuis 2011. Le gérant de l’entreprise, bien connu dans le milieu viticole, et son épouse ont été identifiés comme étant impliqués dans cette affaire.
L’enquête a révélé que le couple était responsable de la traite des êtres humains, de la soumission de ces personnes à des conditions de vie indignes et de travail dissimulé aggravé. La fraude sociale a été réalisée à 76 000 euros. Les enquêteurs ont saisi 45 000 euros sur les comptes bancaires personnels et professionnels des mis en cause.
Présentés au parquet le 29 mai 2024, le couple et leur complice roumain ont été mis en cause et convoqués à l’audience du 16 octobre 2024. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire en attendant la date de leur procès.
Cette affaire met en lumière les sombres réalités de l’esclavage moderne et de l’exploitation des travailleurs vulnérables dans l’industrie viticole de Bourgogne. Les autorités françaises et les organisations de défense des droits humains travaillent ensemble pour lutter contre ces pratiques inhumaines et garantir que les responsables soient tenus responsables de leurs actes.