Jean-François Dodet, maire de Saint-Apollinaire, lance un appel à nos députés concernant le projet de loi en cours de discussion sur la fin de vie. Dans une lettre adressée à Benoît Bordat, député de la circonscription, et une tribune parue dans Libération, M. Dodet exprime ses préoccupations éthiques et démocratiques à propos de l’« aide à mourir » en France.
Une rupture démocratique et éthique
La tribune, signée par le collectif Démocratie, éthique et solidarités, met en lumière les enjeux complexes et les dangers potentiels de la loi légalisant la mort provoquée. Dès les premières discussions en commission spéciale à l’Assemblée nationale, les auteurs pointent des interprétations extrêmes et des conséquences inattendues qui seraient jusqu’ici masquées par des euphémismes et des promesses de contrôle difficilement tenables.
Les signataires dénoncent une « rupture anthropologique » qui abolit les cadres éthiques et les valeurs fondamentales de notre société. Ils soulignent que la loi menace gravement des repères essentiels tels que la fraternité, la confiance dans l’accompagnement des personnes vulnérables, et le vivre-ensemble.
Des pratiques non encadrées et des risques accrus
Le projet de loi, qui sera discuté en séance plénière le 27 mai 2024, introduit l’aide active au suicide assisté et à l’euthanasie sans les nommer explicitement. Selon les critiques, la France pourrait devenir une exception avec une loi permissive, bouleversant les pratiques médicales et les relations entre patients et soignants.
Les auteurs de la tribune déplorent l’absence de dispositifs rigoureux pour comprendre et évaluer les motivations des demandes de mort. Ils s’inquiètent également du fait qu’un médecin puisse décider seul, rapidement, sans attention adéquate aux circonstances sociales, financières, psychologiques ou médicales de la personne concernée. De plus, ils notent l’absence de clause de conscience pour les pharmaciens et les établissements de santé, ainsi qu’une confusion entre soins palliatifs et aide à mourir, compromettant ainsi la démarche palliative.
Un appel à la vigilance et à la clarification du débat public
Face à ces enjeux, le collectif Démocratie, éthique et solidarités appelle à une vigilance accrue et à une clarification du débat public. Ils insistent sur la nécessité de prévenir toute forme de rupture du lien social fragilisé, particulièrement en période de crise du système de santé.
La tribune souligne les risques d’injustices, de violences et d’abus d’influence, particulièrement pour les plus vulnérables. Elle appelle à un examen minutieux et responsable du projet de loi pour éviter des dérives contraires aux droits fondamentaux garantis par un État démocratique.
Jean-François Dodet et les signataires de la tribune souhaitent interpeller les députés et l’opinion publique sur les implications éthiques et sociétales du projet de loi sur la fin de vie. Ils plaident pour un débat éclairé et une législation respectueuse des valeurs humaines et sociales, essentielles pour accompagner dignement les personnes en fin de vie.