Le 7 juin 2024, la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (FNATH) a publié un communiqué de presse mettant en lumière les dangers liés à l’utilisation massive des pesticides. Forte de plus d’un siècle d’engagement pour la défense des victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelles, la FNATH tire une fois de plus la sonnette d’alarme sur un problème de santé publique qui concerne l’ensemble de la population.
La FNATH observe quotidiennement les dommages physiques et psychologiques subis par de nombreux travailleurs en raison de leur exposition à divers produits phytosanitaires. Ces produits, souvent méconnus pour leur dangerosité, provoquent des inquiétudes croissantes, tant chez les professionnels que chez les particuliers. Le communiqué souligne qu’il ne fait plus de doute que les pesticides représentent un enjeu de santé publique urgent, à l’instar de ce que fut le drame de l’amiante, nécessitant une action immédiate des pouvoirs publics.
En 2009, la FNATH a obtenu la reconnaissance de l’origine professionnelle de la maladie de Parkinson en lien avec l’exposition aux pesticides, aboutissant à la publication d’un tableau de maladie professionnelle en 2012. En 2016, un autre tableau relatif aux hémopathies malignes a permis la prise en charge des lymphomes malins non hodgkiniens comme maladies professionnelles.
Sous l’impulsion des associations, la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020 a instauré un fonds d’indemnisation des victimes de pesticides, incluant les salariés non agricoles et les enfants exposés in-utéro. Ces avancées marquent des progrès significatifs, mais la FNATH insiste sur la nécessité de poursuivre les réformes sans relâche.
Face à la crise agricole actuelle, la FNATH exprime son inquiétude quant à une éventuelle mise en pause des réformes, ce qui serait dévastateur pour la santé publique. L’association appelle à un équilibre entre la colère légitime des agriculteurs et la nécessité de protéger la santé collective, en évitant de sacrifier des normes essentielles sous prétexte de développement économique.
Les requêtes de la FNATH
Pour remédier à cette situation critique, la FNATH formule plusieurs demandes précises :
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Extension des distances minimales d’épandage des pesticides et fin des dérogations : La protection des populations riveraines et des exploitants agricoles doit être une priorité, particulièrement dans les zones urbaines en expansion.
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Application stricte de la législation européenne sur la toxicité des pesticides : Il est crucial de maintenir des indicateurs précis pour évaluer correctement la dangerosité des produits phytosanitaires.
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Réduction de 50% de l’utilisation des pesticides dans l’UE d’ici 2030 : Tous les pesticides étant nocifs, il est impératif de lutter contre leur utilisation massive.
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Introduction de 20% d’alimentation biologique dans les marchés publics d’ici 2025 : Cette mesure concerne particulièrement les établissements scolaires et vise à promouvoir une alimentation plus saine.
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Objectif de 100% d’agriculture agroécologique sans pesticides d’ici 2050 : La transition vers une agriculture durable doit être soutenue par un financement massif de la recherche sur des alternatives aux pesticides.
La FNATH rappelle que les lobbies de l’industrie phytosanitaire ne doivent pas dicter les décisions en matière de santé publique. Les connaissances scientifiques actuelles doivent guider les actions pour réduire l’utilisation des pesticides. La France, étant le deuxième pays d’Europe en termes de consommation de pesticides, se trouve à un carrefour critique où l’urgence d’agir ne peut être ignorée.
En exhortant les pouvoirs publics à prendre des mesures concrètes et ambitieuses, la FNATH se positionne comme un acteur clé dans la lutte pour la santé et la sécurité des travailleurs et de l’ensemble de la population face aux dangers des pesticides.