Une nouvelle fois, à l’instar du scrutin de 2022, les sondages n’ont pas permis de prévoir les résultats du second tour des législatives. Contre toutes les prédictions, le Nouveau Front populaire (NFP) est arrivé en tête, suivi par Ensemble et le Rassemblement national (RN) en troisième position. Aucun des trois blocs n’a obtenu la majorité absolue.
Les résultats en chiffres
Avec 182 députés, le Nouveau Front populaire termine en tête de ces élections législatives en nombre de sièges. Grand gagnant du premier tour, le RN chute finalement au second tour, avec 143 sièges, alors qu’il pouvait rêver d’une majorité absolue au-delà des 289 parlementaires. Entre ces deux forces, la coalition présidentielle Ensemble perd sa majorité relative et obtient 163 députés. Aucun bloc n’atteint les 289 sièges nécessaires sur les 577 pour une majorité absolue à l’Assemblée nationale, rendant probable la formation de coalitions et d’alliances pour chaque texte législatif. Emmanuel Macron devra choisir un Premier ministre capable de former un gouvernement résistant à de possibles motions de censure.
Les leçons du second tour
Le NFP en tête, sans majorité absolue
Comme en 2022 avec la Nupes, le Nouveau Front populaire a rassemblé les forces de gauche pour ces élections législatives anticipées, virant cette fois en tête du second tour avec 182 députés, contre 150 sièges pour la Nupes en 2022. Au premier tour, le NFP était arrivé en seconde position avec 27,99% des voix, derrière le RN et ses alliés (33,14%), un résultat explicable par les nombreux désistements liés au front républicain contre le RN et une participation plus forte (67,1% contre 66% au premier tour).
À l’intérieur du NFP, LFI arrive en tête (75 sièges), suivi du PS (65 sièges), des Écologistes (33 sièges), et des communistes (9 sièges). Des divers gauche pourraient s’associer au groupe et influencer les équilibres. Deux questions subsistent après cette victoire : le NFP restera-t-il uni ou chaque parti reprendra-t-il son indépendance ? Jean-Luc Mélenchon, traité de « boulet » par François Ruffin, va-t-il s’imposer comme figure de proue ?
Le RN, déçu, signe malgré tout sa meilleure performance
L’extrême droite reste aux portes du pouvoir. Marine Le Pen, réélue au premier tour à Hénin-Beaumont, n’aura jamais été aussi proche de faire entrer son parti au gouvernement avec 143 sièges, dont 126 pour le RN et 17 pour leurs alliés proches d’Eric Ciotti. Malgré certaines figures-phare n’ayant pas réussi à faire basculer certaines circonscriptions face à la gauche, cette défaite est à relativiser. Le RN a largement augmenté son nombre de députés en deux ans (plus de 55 députés), comparé aux 89 élus de 2022.
Ensemble résiste mieux que prévu
Le camp présidentiel obtient 163 députés : 99 pour Renaissance, 33 pour le Modem, 26 pour Horizons et 5 divers centre ou autres. Arrivé troisième au premier tour, Ensemble se retrouve en seconde position, aidé par les désistements de la gauche. Ce score est plus bas qu’en 2022 où Ensemble avait obtenu 250 sièges.
Gabriel Attal présente sa démission
Réélu dans les Hauts-de-Seine, le Premier ministre Gabriel Attal a choisi de démissionner, son camp n’ayant pas obtenu la majorité relative. Il estime toutefois que « trois risques ont été écartés par les Français » : la victoire d’une majorité absolue à gauche menée par la France insoumise, une majorité absolue de l’extrême droite et une disparition d’Ensemble.
Vers une France ingouvernable ?
La « clarification » voulue par Emmanuel Macron a paradoxalement conduit à une situation complexe. Sans majorité absolue, la France pourrait se retrouver sans boussole politique. L’Assemblée nationale, plus fragmentée et chaotique, sera le théâtre de tractations et négociations successives. Raphaël Glucksmann résume : « Il va falloir accepter que l’Assemblée nationale devienne le cœur du pouvoir. » Olivier Faure parle, lui, d’une « refondation autour de grands axes permettant de faire nation. »
Ces législatives 2024 marquent une nouvelle ère politique en France, où les alliances et les compromis seront au cœur du fonctionnement parlementaire.