Le gouvernement français a récemment déclenché une vague de controverses en publiant un décret, le 10 juillet dernier, qui autorise la suspension du repos hebdomadaire des ouvriers agricoles pendant la période des vendanges. Cette décision, inscrite au Journal officiel, permet exceptionnellement de déroger à cette règle cruciale pour la santé et le bien-être des travailleurs, sous certaines conditions strictes.
Selon le décret, les ouvriers agricoles peuvent se voir privés de leur jour de repos hebdomadaire « une fois au plus sur une période de 30 jours », exclusivement lors de récoltes manuelles urgentes « dont l’exécution ne peut être différée ». Cette mesure intervient à quelques semaines du début de la saison des vendanges, qui s’étend traditionnellement de août à octobre.
L’annonce a suscité une indignation immédiate, notamment après l’alerte lancée par Anthony Smith, député européen et représentant syndical au ministère du Travail. Smith a souligné sur les réseaux sociaux que l’été dernier, six travailleurs saisonniers ont tragiquement perdu la vie en seulement une semaine dans les vignes, principalement à cause de conditions de travail éprouvantes et de températures élevées.
Dans un contexte où la sécurité et les conditions de travail des ouvriers agricoles sont déjà précaires, cette mesure a été vivement critiquée par plusieurs représentants syndicaux et politiques. Anthony Smith a exprimé son désarroi dans une déclaration à Libération, dénonçant un traitement indigne des travailleurs : « La main-d’œuvre est corvéable à merci. Les morts de l’an dernier ne pèsent pas grand-chose face aux grappes de raisin. Et ça, c’est insupportable. »
Cependant, cette initiative a trouvé des défenseurs au sein de l’ex-majorité présidentielle dans certaines régions viticoles, qui estiment que cette flexibilisation était nécessaire pour assurer une production viticole compétitive. Selon eux, cette décision met fin à une incertitude persistante autour des dérogations annuelles requises pour ajuster les horaires de travail et les périodes de repos imposées par le code du travail.
À l’opposé de ces positions, l’Union Syndicale Solidaires 21 a qualifié cette décision de « véritable scandale », déplorant une exploitation injuste des travailleurs au mépris des normes de sécurité et du respect du Code du travail. Alors que la saison des vendanges approche, le débat sur la protection des travailleurs agricoles semble plus brûlant que jamais.