Le Mouvement Emmaüs a rendu publics hier des faits graves impliquant l’abbé Pierre, fondateur emblématique du mouvement. Ces accusations, portant sur des actes pouvant s’apparenter à des agressions sexuelles ou à du harcèlement sexuel, concernent des salariées, volontaires, bénévoles, et des jeunes femmes de l’entourage personnel de l’abbé Pierre, et s’étendent de la fin des années 1970 à 2005.
Le Mouvement Emmaüs a mandaté le groupe Egaé, expert en prévention des violences, pour mener un travail d’écoute et d’analyse approfondi. Grâce à ce travail, sept témoignages ont été recueillis, dont celui d’une femme qui était mineure au moment des premiers faits. Selon les informations disponibles, d’autres femmes ont également subi des faits similaires mais n’ont pas encore pu être entendues.
Il y a un an, Emmaüs France a reçu un premier témoignage signalant une agression sexuelle commise par l’abbé Pierre. En réponse, une délégation a rencontré la victime pour recueillir son témoignage. Suite à cette rencontre, Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre ont initié un travail d’écoute en interne pour identifier d’éventuels autres faits similaires. Caroline De Haas, du groupe Egaé, a dirigé ce processus qui a révélé ces témoignages accablants.
Les organisations saluent le courage des victimes qui ont témoigné, mettant en lumière des comportements intolérables qui ont laissé des marques profondes. « Nous les croyons et nous nous tenons à leurs côtés, » a déclaré Patrick Atohoun, président d’Emmaüs International. « Ces révélations bouleversent nos structures et changent profondément le regard que nous portons sur un homme connu pour son combat contre la pauvreté, la misère et l’exclusion. »
Emmaüs réaffirme son engagement à combattre toutes formes de violences et à dénoncer les actes inacceptables, même s’ils sont le fait d’une figure centrale de son histoire. « Nous le devons aux victimes et à tous ceux qui, depuis plus de 70 ans, portent au quotidien les actions du Mouvement, » a ajouté Bruno Morel, Président d’Emmaüs France.
Le Mouvement Emmaüs a mis en place un dispositif de recueil de témoignages, strictement confidentiel, géré par le groupe Egaé. Ce dispositif permettra aux victimes ou témoins de comportements inacceptables de l’abbé Pierre d’être entendus, de manière anonyme si elles le souhaitent, et d’être orientés et accompagnés.
Les dirigeants d’Emmaüs ont exprimé leur détermination à continuer d’œuvrer pour un monde plus juste et solidaire, malgré ces révélations. « Nous allons vivre une période mouvementée, mais nous poursuivrons sans relâche notre combat auprès des plus démunis, » a déclaré Marie-Hélène Le Nédic, présidente de la Fondation Abbé Pierre.
Ces révélations marquent un tournant pour le Mouvement Emmaüs, mais renforcent également son engagement à défendre les valeurs de solidarité et d’entraide qui ont toujours été au cœur de son action.