Après trois tours de scrutin tendus, Yaël Braun-Pivet, candidate macroniste, a finalement remporté la présidence de l’Assemblée Nationale en devançant André Chassaigne, le candidat désigné par le Nouveau Front Populaire (NFP). C’est grâce aux suffrages de la droite que Yaël Braun-Pivet a pu l’emporter, marquant ainsi une étape importante dans le paysage politique français actuel. Cette élection s’inscrit dans un contexte politique particulièrement agité, où les fractures entre les différentes forces politiques sont de plus en plus apparentes.
Une élection laborieuse
La réélection de Yaël Braun-Pivet ne s’est pas faite sans difficulté. Il a fallu trois tours de scrutin pour qu’elle réussisse à obtenir une majorité, témoignant de la fragmentation et de la complexité des alliances politiques actuelles. André Chassaigne, représentant du NFP, a bénéficié d’un soutien important mais insuffisant pour contrer l’alliance formée entre les macronistes et la droite. Cette victoire pour Braun-Pivet est perçue comme un symbole de résilience pour le camp macroniste, mais elle a également suscité de nombreuses critiques et a accentué les tensions politiques.
Mobilisation populaire à Dijon
Simultanément à cette élection, plusieurs villes françaises, dont Dijon, ont été le théâtre de rassemblements pour demander « le respect du vote populaire ». À Dijon, environ une centaine de personnes, selon les estimations des services de police, se sont rassemblées devant la préfecture. Ce rassemblement a été organisé à l’appel de la CGT et de la Ligue des Droits de l’Homme. Attac 21, l’une des organisations ayant déclaré ce rassemblement en préfecture, a exprimé sa position lors de sa prise de parole devant les manifestants :
« La société civile s’est mobilisée de manière à empêcher l’accession au pouvoir de l’extrême droite. Elle a accueilli avec un soulagement profond les désistements républicains qu’elle appelait de ses vœux et le succès, certes relatif, des forces démocratiques. Depuis lors, le président de la République n’a eu de cesse de contester la victoire du Nouveau Front Populaire arrivé en tête aux élections législatives anticipées. À l’inverse du respect de l’usage démocratique, il a exprimé sa volonté d’imposer une coalition dont son ex-majorité serait le pivot, et refusé d’envisager la formation d’un gouvernement conforme au choix des électrices et électeurs. Une telle issue ne ferait qu’accentuer le chaos démocratique et social en niant le verdict des urnes. En tant que protecteur de “l’intérêt supérieur de la Nation et garant des institutions”, le Président est tenu de respecter le résultat du vote ».
Des revendications claires
Les participants au rassemblement ont exprimé leur profond désaveu des politiques néolibérales menées par Emmanuel Macron. Selon eux, ces politiques favorisent les plus fortunés et les dirigeants des grandes entreprises, au détriment des travailleurs et des travailleuses. Ils accusent le programme néolibéral de destruction des services publics, de sape des libertés publiques, d’atteintes à l’État de droit et d’inaction en matière environnementale, conduisant à l’instabilité et à l’exaspération sociale. Les manifestants estiment que ces politiques économiques antisociales sont le carburant du Rassemblement National (RN) et que les votes lors des élections ont également exprimé un refus clair de l’extrême droite, avec son lot de racisme, d’antisémitisme, d’islamophobie, de sexisme, de LGBTQIA+phobie, et de toutes les formes de discrimination.
Pour les manifestants présents hier soir, les choses sont claires : “En donnant un plus grand nombre de député-e-s aux groupes du Nouveau Front Populaire, les urnes ont exprimé l’aspiration de la population à la mise en œuvre de mesures qui rompent avec des politiques injustes et inégalitaires. C’est la responsabilité des forces progressistes de rester unies pour porter et incarner cette alternative. Après une mobilisation historique où le mouvement social a pris toute sa part, elles ne doivent pas faillir et proposer un gouvernement pour mettre en œuvre des mesures d’urgence : augmentation des salaires, abrogation des réformes des retraites et de l’assurance chômage, retrait de la loi immigration, adoption d’une loi cadre sur les violences sexistes et sexuelles, réponse à l’urgence environnementale… La seule solution, c’est une réelle alternative démocratique et sociale ! “.
Ce climat de mobilisation montre une France divisée et en quête de justice sociale et démocratique. L’attente est grande pour ceux et celles qui ont voté pour le Nouveau Front Populaire. Les forces du NFP ne se sont toujours pas entendues sur un nom pour le poste de Premier ministre. Les militants veulent encore croire à un accord, mais ils ne cachent pas leur incompréhension devant les blocages récurrents, qui arrangent leurs adversaires.