À Dijon, sept familles hébergées depuis plusieurs mois à l’abri de nuit sont désormais confrontées à une décision aux conséquences dramatiques. SOS Refoulement et un collectif d’associations locales dénoncent l’arrêt brutal de leur prise en charge, qu’ils estiment orchestré par les services de la préfecture de Côte-d’Or. Ce vendredi, ces familles ont été convoquées par l’ADEFO, l’association gestionnaire de l’abri de nuit, pour recevoir un courrier de la préfecture. Ce courrier leur annonce une fin de prise en charge immédiate et les oriente vers un établissement situé au 1, rue des Verriers. Derrière cette adresse se cache en réalité un centre de préparation au retour, géré par ADOMA, une filiale de CDC-Habitat, où les familles sont censées organiser leur « départ volontaire » vers leur pays d’origine.
Un prétexte injustifié pour justifier l’expulsion
La justification avancée par la préfecture ? Ces familles ne rempliraient plus les critères de vulnérabilité, des critères pourtant arbitraires et édictés par l’État. Le règlement de fonctionnement de l’abri de nuit, signé par les familles à leur arrivée, impose en effet des conditions strictes pour bénéficier de cet hébergement : avoir un enfant de moins de trois ans, être une femme enceinte, ou souffrir de pathologies médicales avérées et attestées. Cependant, les familles concernées s’insurgent contre cette décision, arguant que leurs situations n’ont pas évolué depuis leur admission au dispositif d’urgence. Elles déplorent une application rigide et déshumanisée de ces critères, en contradiction avec le principe d’inconditionnalité de l’hébergement d’urgence consacré par l’article L. 345-2-2 du code de l’action sociale et des familles.
Une Politique Qui Bafoue la Dignité Humaine
SOS Refoulement et les autres associations dénoncent fermement cette politique qui instrumentalise la vulnérabilité des personnes en situation irrégulière pour les forcer à quitter le territoire. Derrière cette décision, elles voient une stratégie délibérée de gestion des flux migratoires, au mépris des droits humains fondamentaux. En 2019, deux centres de préparation au retour ont été créés en Bourgogne, dont un à Dijon, précisément pour pallier les « difficultés d’éloignement » des personnes déboutées du droit d’asile, selon les propres termes du Préfet Fabien Sudry. En priorisant la situation administrative des résidents sur leur vulnérabilité réelle, les services de l’État rompent avec les principes fondamentaux de l’hébergement d’urgence, qui garantissent la sauvegarde de la dignité humaine et la sécurité des personnes, en particulier des enfants.
Des conséquences dévastatrices pour les familles
Les conséquences de cette décision sont catastrophiques pour les familles concernées. Confrontées à un choix cruel entre la rue et un retour forcé dans des pays qu’elles ont fui pour des raisons de sécurité et de dignité, ces familles sont acculées. Les associations locales appellent à une mobilisation urgente pour faire respecter les droits de ces familles à un hébergement digne et pérenne. Elles rappellent que la régularisation de leur situation leur permettrait non seulement de travailler, mais aussi d’accéder à un logement stable, leur offrant ainsi une chance de reconstruire leur vie en sécurité.
SOS Refoulement et le collectif d’associations exigent le respect inconditionnel du droit à l’hébergement pour toutes et tous, sans distinction de situation administrative. Ils dénoncent une politique abjecte qui nie les droits humains les plus fondamentaux et appellent à la solidarité pour que ces familles puissent enfin vivre dans la dignité.
Le sort de ces familles est aujourd’hui entre les mains des citoyens, des associations et des institutions qui refusent de se résigner à une telle injustice. La solidarité est plus que jamais nécessaire pour défendre le droit à un hébergement inconditionnel et pour protéger ceux qui sont les plus vulnérables parmi nous. Il est impératif que ces pratiques inhumaines cessent immédiatement et que la dignité de chaque individu soit respectée.