Le samedi 31 août 2024, un rassemblement significatif s’est tenu en Bourgogne, précisément à Dijon, où environ 100 personnes se sont réunies pour exprimer leur solidarité avec les populations maliennes, en particulier les Touaregs, victimes d’une répression croissante sous le régime militaire en place au Mali. Organisé par des représentants de la diaspora Touareg en collaboration avec la Ligue des Droits de l’Homme, Section de Dijon et Agglomération, cet événement a été marqué par des discours poignants et des témoignages soulignant les violations graves des droits humains au Mali depuis le coup d’État du 18 août 2020.
La situation au Mali : un glissement vers la dictature
Depuis la prise de pouvoir par les militaires suite aux coups d’État d’août 2020 et mai 2021, le Mali traverse une période de transition politique qui s’est rapidement muée en un régime militaire répressif. Ce régime, au lieu de préparer un retour à un gouvernement civil, a instauré une dictature où les libertés fondamentales sont sévèrement restreintes. Les opposants politiques, les journalistes, ainsi que les défenseurs des droits humains sont constamment harcelés, enlevés, ou emprisonnés. La Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH) a publié plusieurs rapports dénonçant ces dérives autoritaires, qui vont à l’encontre des engagements pris par le Mali sur le plan international.
Un rassemblement pour dénoncer l’injustice
Le rassemblement à Dijon a été organisé dans ce contexte sombre, visant à sensibiliser l’opinion publique et les autorités françaises sur les violations des droits humains perpétrées au Mali. Les orateurs ont mis en lumière la situation désespérée dans laquelle se trouvent de nombreux Maliens, notamment les Touaregs, souvent marginalisés et persécutés. Les discours ont souligné l’urgence d’une intervention internationale pour rétablir l’ordre constitutionnel et protéger les libertés fondamentales des citoyens maliens.
Harcèlement et répression au Mali : un tableau sombre
Le régime militaire malien, depuis son arrivée au pouvoir, n’a cessé de resserrer son emprise sur la société civile et les institutions politiques du pays. L’une des mesures les plus controversées a été l’interdiction des partis politiques en avril 2024, suivie par l’arrestation de plusieurs membres de la principale coalition d’opposition. Bien que cette interdiction ait été levée en juillet 2024, les arrestations et les persécutions des opposants se sont poursuivies, renforçant le climat de peur et de répression.
Les journalistes ne sont pas épargnés par cette répression. Plusieurs ont été enlevés, détenus arbitrairement ou contraints à l’exil, comme le journaliste Malick Konaté ou encore le chroniqueur de radio Ras Bath, condamné à une peine de prison après avoir critiqué le régime en place. Ces attaques contre la liberté de la presse illustrent la volonté du régime de contrôler toute information susceptible de remettre en question son autorité.
Appel à la libération des prisonniers politiques
Lors du rassemblement, les représentants de la diaspora Touareg ont appelé à la libération immédiate de toutes les personnes détenues arbitrairement au Mali. Ils ont insisté sur la nécessité de rétablir les droits à la liberté d’expression, d’opinion, d’association et de presse, tous garantis par la Constitution malienne et les instruments internationaux ratifiés par le pays. Les participants ont également exigé que le gouvernement malien organise des élections libres et transparentes, afin de permettre un retour à un régime civil.
La mobilisation à Dijon témoigne de l’engagement de la diaspora Touareg et des défenseurs des droits humains en France pour attirer l’attention sur la situation alarmante au Mali. À travers ce rassemblement, ils espèrent non seulement sensibiliser l’opinion publique, mais aussi exercer une pression sur les autorités françaises et européennes pour qu’elles agissent en faveur du respect des droits humains au Mali. La route vers un Mali démocratique et respectueux des droits fondamentaux semble encore longue, mais l’espoir demeure grâce à l’engagement de ceux qui, même à des milliers de kilomètres, ne cessent de lutter pour la justice et la liberté.