Le préfet de Côte-d’Or a apporté des précisions quant à la situation de plusieurs familles d’origine étrangère qui avaient été expulsées de l’abri de nuit situé rue des Creuzots, à Dijon. Ces expulsions avaient engendré une manifestation dernièrement devant l’abri de nuit, et lundi dernier, trois députés de Côte-d’Or ainsi que des associations sociales locales ont organisé une conférence de presse pour pointer du doigt le rôle des services de l’État. Franck Robine, le préfet de Côte-d’Or, a apporté des précisions sur la situation de ces familles, et a déclaré à nos confrères de K6FM le mardi 10 septembre 2024 :
« Ce sont toutes des familles en situation irrégulière sur le territoire français. Elles ont demandé asile, cet asile leur a été refusé par un juge […] donc elles doivent quitter le territoire français. Néanmoins, pour ne pas les laisser à la rue – et il va de soit que, en tant que préfet, je ne laisse personne à la rue – elles se sont vu proposer un hébergement dans ce qu’on appelle un abri de nuit, le temps qu’elles s’organisent pour partir. Cet abri de nuit, c’est un abri d’urgence qui est réservé aux personnes les plus fragiles, notamment les familles qui ont de très jeunes enfants, ou les femmes enceintes. Et donc, j’ai demandé à sept de ces familles de partir, et je leur ai proposé en contrepartie d’être hébergées dans ce qu’on appelle un dispositif d’aide au retour. C’est-à-dire que vous êtes hébergé, vous n’êtes pas laissé dans la rue, mais vous vous engagez à entreprendre les démarches pour rentrer dans votre pays. Il me semble que la République française s’honore, elle a des lois, les lois de la République, ces familles sont en situation irrégulière, mais elles ne sont pas laissées à la rue, simplement, il leur a été proposé cet hébergement avant de repartir chez elles.
Il se trouve qu’un certain nombre de ces familles ont refusé d’être hébergées dans ce dispositif d’aide au retour, considérant qu’elles ne devaient pas repartir. Je suis désolé les lois françaises s’appliquent, je suis préfet de la république, je le fais avec humanité, il ne s’agit pas de les mettre à la rue, mais elles doivent accepter d’être hébergées, puis de repartir dans leur pays ».
Paul Garrigues, le représentant de la Ligue des Droits de l’Homme à Dijon, réagit aux propos tenus par le préfet de la Côte-d’Or : « Nous avons un désaccord de fond. Pour la LDH comme pour toutes les associations de défense des droits humains, il y a des droits fondamentaux pour tout être humain, qui plus est s’agissant d’enfants, et le droit à une mise à l’abri en fait partie. Les textes définissant l’hébergement d’urgence parlent d’ailleurs de toute personne en situation de détresse. Ces droits d’un enfant doivent être totalement séparés de la situation administrative de ses parents. Et plus précisément, s’agissant de ces familles, plusieurs ont des démarches en cours pour obtenir une régularisation. Ce que leur ont proposé les services de l’État, ce n’est pas un hébergement, mais d’accepter d’être expulsés vers des pays où elles ont tout à craindre ! ».
Pour le représentant de la Ligue des Droits de l’Homme : « Rentrer dans cette logique, c’est accepter de voir toujours plus de personnes vulnérables à la rue, dans des situations de grand danger. Pour nous, quand un enfant est en danger, d’abord sur le protège, ensuite on cherche des solutions de fond ! Et les solutions de fond, c’est plus de lieux d’hébergement, mais surtout la régularisation de personnes qui ne demandent qu’à travailler et vivre normalement ! ».
Alors même que le préfet de la Côte-d’Or assure agir avec humanité, l’urgence reste : des familles avec enfants se retrouvent à la rue, ce qui les met en danger.