La Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) traverse une crise profonde depuis deux ans, aggravée par la mise en place du Code de la Justice Pénale des Mineurs. Cette réforme a entraîné une accélération des procédures, la multiplication des audiences et des écrits, ainsi qu’une pénurie de places d’hébergement, rendant les missions des Unités Éducatives de Milieu Ouvert (UEMO) particulièrement difficiles. Ces difficultés sont exacerbées par l’absence de moyens supplémentaires, malgré les nombreuses alertes des syndicats. En 2023, la situation a pris un tournant critique, alors que le gouvernement dirigé par Gabriel Attal, Bruno Le Maire et Éric Dupond-Moretti a imposé des coupes budgétaires drastiques à la PJJ. Ce coup de grâce a été porté malgré des promesses politiques de meilleure prise en charge des jeunes en difficulté, souvent problématiques des milieux les plus vulnérables.
Le drame s’est déroulé en cinq actes principaux. D’abord, en février, Bercy a annulé 10 milliards d’euros de crédits aux services publics, dont 37,9 millions d’euros destinés à la PJJ. En juillet, la direction de la PJJ a annoncé une réduction de 30 à 40 % des budgets de fonctionnement, créant un choc parmi les professionnels. Fin juillet, la DPJJ a ordonné le non-renouvellement de 500 contractuels au 1er septembre, sans aucune explication, touchant des éducateurs, professeurs techniques, assistantes sociales, psychologues et autres personnels. Bien que le ministère de la Justice ait annoncé une enveloppe de 3 millions d’euros pour certains recrutements, la DPJJ est conservée sourde aux revendications des organisations syndicales, alors même que 16,5 millions supplémentaires étaient gelés par le gouvernement en juillet. Ce n’est qu’après deux journées de grève, en plein mois d’août, que la directrice de la PJJ, Mme Nisand, a pris la parole le 6 septembre, promettant un retour progressif de la moitié du budget de recrutement des contractuels, une réponse jugée largement insuffisante par les syndicats face aux besoins et à la gravité de la situation.
En Côte d’Or et Saône-et-Loire, voici les conséquences selon le SNUPES :
- STEMOI 21 : 4 ETP gelés dont 3 éducateurs sur l’UEMO et un PT sur l’UEAJ.
- EPE : si l’effectif est maintenu, l’hébergement perd les renforts éducatifs dont il bénéficiait.
- STEMOI 71 : 10 ETP gelés (répartis sur les 4 unités).
- CEF 21 : 4 ETP gelés dont 1 RUE et 3 éducateurs.
« Aucun renfort, aucun remplacement des congés maladie ou des temps partiels ne sera possible. La pluridisciplinarité est mise à mal, voire disparaît, dans plusieurs UEMO du territoire. Des listes d’attente pour les mesures s’allongent dans tous les services. Le rapport de force créé suite aux journées de grève des 14 et 29 août a fait réagir la DPJJ et le ministère, mais nous ne nous contenterons pas de miettes (les CDD proposés au compte-goutte ne sont que pour 4 mois !) » déclare encore le syndicat.
Les personnels de la PJJ, lassés de travailler dans des conditions dégradées, ont décidé de se mobiliser et de faire grève aujourd’hui. Soutenus par une intersyndicale (UNSA-PJJ, CGT-PJJ, CFDT-PJJ, SNPES-PJJ/FSU), ils réclament une amélioration urgente de leurs conditions de travail. Des rassemblements sont prévus dans plusieurs tribunaux judiciaires de Bourgogne-Franche-Comté et du Centre Val de Loire, notamment à Vesoul, Montbéliard, Besançon, Tours, Bourges, Nevers, Blois et Dijon. Cet appel s’adresse également aux magistrats, avocats, personnels judiciaires et citoyens, pour défendre une justice des mineurs digne et réclamer les moyens nécessaires à l’accomplissement des missions éducatives.