Sophia Chikirou, députée La France Insoumise et proche collaboratrice de Jean-Luc Mélenchon, se retrouve au cœur d’une tourmente judiciaire. Mise en examen pour escroquerie aggravée, abus de biens sociaux et recel d’abus de confiance, elle est accusée de surfacturation dans le cadre de la campagne présidentielle de 2017, où elle avait géré les stratégies de communication via sa société, Mediascop. Selon l’enquête, ouverte en 2018, certaines prestations auraient été facturées à des montants jugés excessifs, des accusations que l’élue réfute fermement.
L’enquête a débuté suite à un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) et de Tracfin, qui avaient relevé des anomalies financières dans les dépenses de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2017.
Il est reproché à Mediascop, l’entreprise de Sophia Chikirou, d’avoir réalisé des bénéfices jugés anormalement élevés, et ce, en grande partie grâce à la facturation des services rendus à la campagne de La France Insoumise. Parmi les montants évoqués, Sophia Chikirou aurait perçu plus de 135 000 euros en salaires et dividendes. Malgré ces révélations, Sophia Chikirou nie catégoriquement toute accusation de surfacturation ou d’enrichissement personnel, affirmant que les montants facturés étaient « conformes aux principes du capitalisme ».
Elle évoque un « acharnement » à sa rencontre depuis plusieurs années, et déclare n’avoir « rien à se reprocher ». Sophia Chikirou n’est pas la seule figure de La France Insoumise à être mise en cause dans cette affaire. Le député Bastien Lachaud, trésorier de la campagne présidentielle, ainsi que l’association « L’Ère du Peuple », ont également été mis en examen pour des faits similaires. Ces multiples développements judiciaires viennent peser sur la structure même de La France Insoumise, où Chikirou est perçue comme une personnalité controversée.
L’enquête s’étend à des domaines plus vastes que l’entreprise Mediascop. Les accusations incluent également des infractions telles que le faux, l’usage de faux et le prêt illicite de main-d’œuvre. Les répercussions pour La France Insoumise et pour son leader Jean-Luc Mélenchon sont d’autant plus significatives que ce dernier avait été directement impliqué dans des perquisitions spectaculaires en 2018. En octobre 2018, des perquisitions avaient été exercées au siège de La France Insoumise et chez plusieurs de ses membres, dont Jean-Luc Mélenchon.
Ces opérations, diffusées en direct sur les réseaux sociaux, avaient donné lieu à des échanges tendus entre Mélenchon et les autorités. Le leader de LFI avait alors défié les forces de l’ordre, se disant victime d’une tentative d’intimidation politique. Il avait crié à l’époque : « La République, c’est moi ! », une déclaration devenue emblématique de sa posture de défiance envers les institutions. Ces événements de 2018 ont marqué la mémoire collective du mouvement, renforçant la méfiance des Insoumis à l’égard de ce qu’ils perçoivent comme une instrumentalisation politique de la justice.
Jean-Luc Mélenchon avait qualifié ces événements d’« opération de déstabilisation », affirmant que ces perquisitions visaient à discréditer son mouvement et ses dirigeants. L’avenir politique de Sophia Chikirou pourrait être sérieusement compromis par ces récentes mises en examen. Déjà considérée comme une figure vivante au sein du mouvement, cette affaire risque de fragiliser davantage sa position au sein de La France Insoumise et du Nouveau Front Populaire Écologique et Social. Son parcours, marqué par un passage au Parti socialiste et un soutien ponctuel à Nicolas Sarkozy en 2007 avant de rejoindre Mélenchon, ne fait qu’ajouter de la complexité à sa situation actuelle.