Cet après-midi, Michel Barnier, nommé Premier ministre il y a près d’un mois, a prononcé son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale. Cet événement était particulièrement attendu en raison d’un contexte politique tendu marqué par l’absence de majorité absolue et une situation financière préoccupante avec un déficit budgétaire risquant d’atteindre 6 % du PIB en 2024.
Durant près d’une heure et demie, Barnier a exposé les grandes lignes de la politique de son gouvernement, composé principalement de membres de La République En Marche et des Républicains. Le Premier ministre a abordé plusieurs sujets clés comme la réduction des dépenses publiques, la maîtrise de l’immigration, et la simplification des démarches administratives et des normes. Il a commencé son discours sous tension, interrompu par des députés de La France Insoumise qui ont brandi leurs cartes d’électeurs, réclamant un poste de Premier ministre pour une personnalité de gauche, après que leur alliance a remporté les dernières élections législatives.
Face à cette opposition, Michel Barnier a proposé une nouvelle méthode de gouvernance fondée sur l’écoute et le respect des différentes forces politiques. Un des points essentiels de son discours a été sa volonté de réduire le déficit public. Il a fixé des objectifs ambitieux : ramener le déficit à 5 % du PIB en 2025 et à 3 % en 2029. Pour y parvenir, Barnier a annoncé des mesures de réduction des dépenses publiques, tout en veillant à protéger les plus fragiles.
Il a également évoqué une meilleure efficacité des dépenses publiques, notamment en éliminant les doublons et en luttant contre les fraudes. Le Premier ministre a également insisté sur la participation des grandes entreprises aux « profits importants » et sur une contribution exceptionnelle des Français les plus fortunés dans cet effort de redressement budgétaire. Michel Barnier a également ouvert la porte à une réflexion sur la proportionnelle aux élections législatives, un système de scrutin réclamé par plusieurs formations politiques de gauche au Rassemblement national, en passant par le Modem. Il a reconnu que ce mode de contrôle est déjà en place au Sénat et dans les collectivités locales et a promis d’étudier cette question sans idéologie.
Dans son discours, Michel Barnier a également abordé la question des retraites, un sujet brûlant depuis la réforme adoptée en 2023. Le Premier ministre a exprimé sa volonté de rouvrir le dialogue avec les partenaires sociaux pour étudier des ajustements raisonnables et justes. Il a évoqué la possibilité de réexaminer certains aspects, tels que les retraites progressives, l’usure professionnelle, et l’égalité entre hommes et femmes face à la retraite.
Concernant l’assurance chômage, Barnier a redonné la main aux partenaires sociaux, syndicats et patronat, pour négocier des solutions sur le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi et l’emploi des seniors. En entrant ainsi la réforme prévue par le gouvernement précédent, le Premier ministre a privilégié une approche concertée pour adapter ce système.
D’un point de vue économique, Michel Barnier a annoncé une revalorisation du Smic de 2 % dès le 1er novembre, avançant ainsi cette mesure prévue pour le début de l’année prochaine. Cette revalorisation vise à compenser la perte de pouvoir d’achat des ménages.
Sur la scène internationale, Michel Barnier a pris la décision de reporter les élections provinciales en Nouvelle-Calédonie jusqu’à fin 2025, en raison des tensions politiques et des émeutes qui ont secoué l’archipel. Il a exprimé sa volonté de s’impliquer personnellement dans la gestion de ce dossier et a annoncé qu’une mission de concertation dirigée par les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat se rendrait sur place pour favoriser la reconstruction économique et sociale de la région.
Sur les questions sociétales, le Premier ministre a réaffirmé son engagement à ne pas revenir sur les avancées obtenues au fil des ans. Il a précisé qu’il n’y aurait aucune remise en cause du droit à l’IVG, du mariage pour tous ou de la PMA pour toutes, même si certains membres de son gouvernement, comme Bruno Retailleau, avaient exprimé des réticences sur ces sujets dans le passé.
Michel Barnier a également annoncé que la santé mentale serait la grande cause nationale de 2025, un domaine qui, selon lui, mérite une attention particulière après les crises sanitaires récentes.
En résumé, le discours de Michel Barnier s’inscrit dans une volonté de redresser les finances publiques tout en tenant compte des enjeux sociaux et environnementaux. Il s’efforce de trouver un équilibre entre rigueur budgétaire et protection des plus vulnérables, tout en appelant au dialogue avec les partenaires sociaux et les forces politiques.
Toutefois, la mise en œuvre de ces réformes dans un contexte politique aussi fragmenté reste un défi majeur pour son gouvernement dans les mois à venir.