Hier soir, plus de 150 personnes sont réunies à Chevigny-Saint-Sauveur pour inaugurer l’exposition « Charb ». D’ailleurs, peu de mairies, donc de maires, ont accepté de recevoir cette exposition « Charb ». Marika Bret, ancienne directrice des ressources humaines de Charlie Hebdo, et une personne qui a beaucoup compté dans la vie de Charb, est désormais, depuis de nombreuses années, responsable de sa mémoire.
Depuis 2015, elle vit sous protection policière. Elle était présente hier pour cet événement et a mis en avant le fait que certains maires ont été réticents à accueillir cette exposition, la peur prenant hélas le dessus. Et pour dénoncer cette attitude, Marika Bret a eu des mots extrêmement forts : « lâcheté, complaisance, hypocrisie », voilà comment elle a décrit les maires, ou autres, qui ne se bousculent pas pour exposer cette exposition de Charb dans leurs villes.
La peur est bien présente chez les élus, il en faut aujourd’hui du courage pour exposer cette exposition de Charb. Guillaume Ruet fait partie des trois maires qui ont accepté de recevoir cette exposition. Il l’a dit avec énormément de franchise hier soir : » Je l’avoue bien volontiers, je n’ai jamais et je ne suis d’ailleurs toujours pas un grand lecteur de Charlie Hebdo. Il m’est même arrivé de ne pas aimer certains dessins ou de les trouver de mauvais-goût (et c’est bien mon droit) et pour autant j’ai toujours trouvé sain dans notre démocratie que les caricatures en tout genre, même celles qui me déplaisent, puissent être publiées pour questionner les pouvoirs en place, qu’ils soient politiques, économiques ou religieux « .
Le maire de Chevigny-Saint-Sauveur assume cette exposition au sein de sa ville : » C’est une exposition que j’ai personnellement voulu accueillir, car elle est porteuse d’une valeur cardinale, la liberté et plus précisément la liberté d’ expression « .
Pour lui : » Le dessin de presse, c’est tout cela et c’est un art dont CHARB était un maître du genre. Le dessin de presse est la représentation graphique d’un événement de l’actualité par un observateur à la fois artiste et journaliste. Celui-ci peut recourir à différents types de dessin dont, par exemple, la caricature, le reportage dessiné, le croquis d’audience… Le dessin témoigne d’un regard personnel et subjectif du dessinateur sur l’actualité.
C’est l’expression d’un point de vue, qui invitent le lecteur à porter un regard différent sur un événement et à se faire son propre jugement. Les dessins ont pour fonction de faire rire (ou sourire), de faire réagir ou de déranger, d’éveiller l’esprit critique des lecteurs, bref de faire débat.
Dessin polémique, la caricature déforme, parodie, raille, ridiculise, dénonce une situation ou le comportement d’une personne ou d’un groupe social grâce à l’accentuation du trait et à sa force de simplification. C’est un art de la subversion qui déforme le modèle, s’attaque à la personne publique, à son image, à ses sentiments, à sa politique, en faisant preuve d’irrespect et d’impertinence.
Puis ajoute : Le dessin de presse et la caricature invitent à réfléchir et ne se lisent jamais au premier degré. Encore moins dans les pages de Charlie Hebdo. Chez Charlie, le rire ne moque pas, il dénonce. C’est un rire intellectuel, un rire politique. Charlie rit de l’horreur, mais ne se moque jamais des victimes. Si on s’interdit de rire de choses tristes ou graves, le champ de l’humour devient impraticable.
Il faut donc apprendre à lire un dessin et cela figure d’ailleurs dans les programmes de l’Education Nationale, j’espère que les enseignants du collège et du lycée de Chevigny emmèneront leurs élèves cette semaine. En tout cas, c’est cette ignorance-là, celle de savoir lire un dessin de presse, qui a tué les membres de la rédaction de Charlie Hebdo « .
Guillaume Ruet, le maire de Chevigny-Saint-Sauveur, fait partie des 3 maires ayant eu le courage d’affronter la peur en acceptant de recevoir cette exposition au sein de la ville. Selon l’Association des maires de France, ce pays compte environ 35 000 maires, Guillaume Ruet sort du lot, chapeau l’artiste !