Le lundi 14 octobre 2024, Dijon Actualités a annoncé qu’une mesure temporaire et conservatoire de suspension, d’une durée de quatre mois, avait été prise par le Centre National de Gestion (CNG) à l’encontre du directeur du CH La Chartreuse, Monsieur François Martin. Pour assurer la continuité du service durant cette période, Monsieur Pascal Taffut, directeur adjoint au CHU de Dijon, a été nommé directeur par intérim.
Bien que la peur règne en maître au sein du CH La Chartreuse, un salarié a accepté de nous apporter son témoignage sur les événements. Ce salarié souhaite rester anonyme pour le moment, compte tenu du contexte. Nous avons pris l’initiative de lui poser la question suivante : « Étiez-vous au courant de ces problèmes de harcèlement ? » Il nous répond : « Oui ! ». Ce salarié nous explique avoir lui aussi subi les foudres de Monsieur François Martin.
« C’était des agents non remplacés, des problèmes de budget, […] par exemple, nous avions une vraie politique sur la biodiversité et la gestion du parc, mais il a tout abandonné, parce que c’était moi qui portais le projet plus que d’autres. Régulièrement, il disait que nous avions les effectifs du château de Versailles ! Moi, je ne me laisse pas trop faire, alors quand il me demandait d’aller aménager son logement de fonction, je lui répondais : quand vous me donnerez les effectifs ! » nous confie le salarié.
Puis il ajoute : « J’ai reçu de nombreux agents, et accompagné de nombreux agents qui ont subi du harcèlement moral. Il y aura une enquête administrative, et je témoignerai à ce moment-là aussi ! ».
Il nous explique également que la CFDT, avec son avocate, a fait une demande de protection fonctionnelle à l’ARS et que cette demande est restée sans suite il y a quelques années. « Il a installé un climat de terreur au plus haut niveau » nous dira le salarié. Avec ce témoignage, nous apprenons que la CFDT avait alerté l’ARS il y a quelques années sur le comportement de Monsieur François Martin.
Puis il nous dit : « Moi, j’ai accompagné énormément de cadres, et même une directrice qui est partie à la retraite. C’est quelqu’un qui humilie les gens, surtout les femmes, tout le temps. C’est-à-dire qu’il les rabaisse volontairement, évidemment quand il est seul avec elles, ou alors devant tout le monde. Quand il est en réunion de direction, en réunion de cadres supérieurs, ou en réunion de cadres, il aime faire pleurer les femmes en les humiliant, en les humiliant en réunion ».
« Et souvent, il se vante d’avoir fait pleurer une telle ou une autre pendant les réunions », nous dit-il. Il nous explique aussi que, selon lui, Monsieur François Martin est toujours dans la séduction auprès des femmes. Il nous dit : « Après, il est toujours dans la séduction avec les femmes, ça, c’est sûr ! Moi, ça, je ne l’ai pas subi ».
Nous prenons l’initiative de dire au salarié : « On parle aussi de harcèlement sexuel ! ». Le salarié nous dit : « Moi, la seule chose que j’ai vue, c’est qu’il (François Martin) est très séducteur, et parfois il a eu des propos ou des comportements… Il a aussi tenu des propos sexistes sur ma collègue de la CGT. À ce moment-là, il y avait plusieurs témoins. D’ailleurs, il s’est excusé à la réunion suivante. J’ai dit à ma collègue : « Si tu étais sortie, on t’aurait suivi ! » ».
Et il nous dit : « Après, parfois en instance, il y avait certaines directrices, il se penchait régulièrement pour leur chuchoter à l’oreille, ou regardait dans leur décolleté ! Finalement, après, elles essayaient de se mettre le plus loin possible, parce qu’on voyait bien que ça n’allait pas ! Et souvent, elles me prenaient à part pour se confier sur certaines choses, mais sans témoignage, sans rien, on ne peut rien faire ».
Nous demandons au salarié si, selon lui, l’Agence Régionale de Santé (ARS) avait une part de responsabilité du fait qu’elle n’a pas agi lorsqu’elle a été informée du comportement du directeur. Le salarié nous répond : « Je pense qu’ils avaient besoin de lui. Bon, alors moi, les psychiatres m’ont dit : c’est un pervers narcissique ! Comme il n’a aucune conscience, et aucune empathie, c’était l’idéal pour redresser les comptes en licenciant à tour de bras, en ne remplaçant pas les postes, et ainsi de suite ! Il a redressé la situation, il a fait des économies, mais dans tout ce qu’il fait, il y a une dynamique, avec derrière le fait de rabaisser les gens. C’est-à-dire : « Tenez, il faudra que vous me fassiez ça, si vous y arrivez, parce que vous n’avez pas forcément les compétences ! ». Systématiquement, il y a des mots comme ça, humiliants, derrière ! ».
Le salarié nous parle aussi de propos racistes venant de Monsieur François Martin : « Un jour, il m’a appelé, j’étais au self, et il m’a dit : « On va accueillir des Ukrainiens ». Eh bien, j’ai dit oui, c’est bien. « Oui, mais ce ne sont pas des blonds aux yeux bleus, ce sont des Noirs ! » »
Monsieur François Martin avait aussi un chien qu’il amenait régulièrement au bureau. Selon le salarié, ce chien aurait mordu plusieurs personnes à l’hôpital, dont des médecins : « C’est la secrétaire qui devait le promener », nous dira le salarié. Nous lui demandons s’il est sérieux dans ses propos, il nous répond : « Oui, oui ! ».
Comme beaucoup d’autres salariés, il se dit soulagé de la suspension du directeur, Monsieur François Martin. « C’est une délivrance, un soulagement, le fait qu’il soit écarté », nous diront plusieurs salariés. Aujourd’hui, tout le monde attend l’enquête administrative. Une chose est certaine selon le salarié qui nous apporte son témoignage : la CFDT avait saisi l’Agence Régionale de Santé (ARS), avec son avocate, au sujet du comportement du directeur, et rien n’a été fait !
D’après nos informations, un comité social et économique (CSE) extraordinaire est prévu ce jeudi 17 octobre 2024. Bien que la suspension du directeur François Martin ne soit pas à l’ordre du jour, il y a de fortes chances pour que l’affaire soit discutée. De plus, un conseil de surveillance est prévu le vendredi 18 octobre au matin, et là aussi, l’affaire devrait être abordée dans les discussions.
Toujours selon nos informations, trois salariés, des cadres supérieurs, auraient dénoncé le comportement du directeur, Monsieur François Martin. Contactées, certaines organisations syndicales nous disent qu’elles souhaitent maintenant que la parole se libère, et que les salariés témoignent sur le comportement du directeur. Quand on demande à un représentant syndical : « Au bout de quatre mois, est-ce qu’il doit revenir ? », le syndicaliste nous dit : « On espère tous que non ! ».
Fabien B.
Face à la gravité des accusations contenues dans ce témoignage, Dijon Actualités tient à rappeler qu’il est important de souligner que toute personne suspectée ou poursuivie est présumée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été établie. Monsieur François Martin est donc présumé innocent des faits qui lui sont reprochés, et ce, jusqu’à ce que sa culpabilité soit prouvée.