Ce vendredi matin, une centaine d’agriculteurs de Bourgogne-Franche-Comté ont convergé vers le centre-ville de Dijon, répondant à l’appel des syndicats FDSEA et Jeunes Agriculteurs. Ils sont venus sans tracteurs ni fumier, mais avec une colère palpable. L’objectif de leur mobilisation : faire pression sur le Conseil régional et sa présidente, Marie-Guite Dufay, pour obtenir le versement des aides qui leur sont dues.
Présents devant le siège de la Région dès 10 heures, les agriculteurs attendaient d’être reçus par Marie-Guite Dufay. Une rencontre à huis clos était initialement prévue vers 11 heures. Pendant ce temps, les élus du Conseil régional étaient réunis en séance plénière. Cependant, vers 11 h 30, la situation a pris un tournant inattendu : une partie des manifestants a tenté d’entrer dans l’édifice où se tenait la séance plénière. Bien qu’ils aient été repoussés dans un premier temps par les forces de l’ordre, ils ont finalement réussi à pénétrer dans le bâtiment et la séance a été interrompue. Les agriculteurs ont alors pris la parole devant les élus régionaux.
Pour ces agriculteurs, l’occasion était cruciale pour faire entendre leurs difficultés et la situation précaire à laquelle ils sont confrontés, entre la hausse des coûts de production et le retard dans le versement des aides indispensables à leur survie économique. Mais l’un des moments marquants de cette manifestation s’est produit lorsque plusieurs agriculteurs présents dans l’hémicycle ont filmé un conseiller régional dont l’attitude contrastait fortement avec la gravité des revendications exprimées.
En effet, Bertrand Veau (Groupe Notre Région par coeur), élu délégué en charge de la démocratie et de la participation citoyenne, a été surpris en train de jouer sur son téléphone portable alors que les agriculteurs prenaient la parole pour évoquer leurs problèmes. Selon plusieurs témoins présents derrière lui, monsieur Veau était concentré sur un jeu plutôt que sur les propos des manifestants.
Cette attitude a suscité l’indignation parmi les agriculteurs, qui ont estimé qu’il s’agissait d’un manque flagrant de respect à leur égard. Alors que des hommes et des femmes exposaient les difficultés auxquelles ils sont confrontés chaque jour pour maintenir leur exploitation et faire vivre leur famille, l’attitude d’un élu censé être à l’écoute des citoyens est apparue comme une preuve de l’incompréhension et de la distance entre le monde politique et la réalité du terrain.
Pour certains, cette scène révèle l’écart grandissant entre ceux qui prennent des décisions depuis leurs bureaux et ceux qui en subissent les conséquences au quotidien. Les agriculteurs, qui doivent jongler avec des revenus précaires, des charges croissantes, des contraintes environnementales strictes et un manque de reconnaissance, attendaient une oreille attentive et une réponse concrète à leurs revendications. Au lieu de cela, ils ont eu droit à une indifférence apparente de la part de Bertrand Veau, ce qui ne fait qu’exacerber leur colère et leur frustration.
Il est difficile de ne pas voir dans cette situation une maladresse, voire une erreur politique. Alors que le secteur agricole traverse une période de crise, marquée par la désertification des campagnes, la baisse du nombre d’exploitations, et la détresse psychologique de nombreux agriculteurs, il semble essentiel que les responsables politiques se montrent solidaires et attentifs. Les manifestants n’ont demandé que justice et soutien pour des aides qui leur sont dûes, des aides qui permettent à beaucoup d’entre eux de survivre.
Il revient à chacun de juger si l’attitude de monsieur Bertrand Veau était justifiable ou non. Mais une chose est certaine : dans ce contexte tendu, un peu plus d’attention et de respect envers ceux qui font vivre nos territoires ruraux aurait été bienvenu. La situation des agriculteurs n’a jamais été aussi précaire, et elle mérite l’attention de l’ensemble des conseillers régionaux, sans distraction ni indifférence.