La tension monte dans le secteur agricole français, et une nouvelle vague de mobilisations pourrait secouer le pays à compter du 15 novembre. L’alliance syndicale agricole majoritaire, composée de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs, se prépare à reprendre des actions à grande échelle. C’est ce qu’ont annoncé les présidents de ces organisations dans une interview accordée à Ouest-France hier.
Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a déclaré que la possibilité d’un accord commercial entre la Commission européenne et le Mercosur constituait une « ligne écarlate » pour les agriculteurs français. L’accord, qui pourrait être sur la table lors du sommet du G20 qui débutera le 18 novembre, inquiète fortement le monde agricole. En effet, il ouvrirait la porte à l’importation de 99 000 tonnes de viandes bovines, 180 000 tonnes de viandes de volaille, 3,4 millions de tonnes de maïs et 180 000 tonnes de sucre. Des volumes considérables qui mettent en péril les équilibres économiques des filères françaises.
Déjà, le 18 octobre dernier, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs avaient sonné l’alerte en publiant un communiqué, co-signé avec des associations spécialisées dans les secteurs bovins, betteraves, lait, maïs et aviculture. Pour ces organisations, l’accord avec le Mercosur constitue une menace majeure pour les agriculteurs, d’autant plus dans un contexte de hausse des coûts de production et de pressions croissantes sur les exploitations agricoles françaises.
Des actions éparses en région, la colère gronde
Les derniers jours ont déjà été marqués par plusieurs actions locales d’agriculteurs, notamment en Occitanie, d’où était parti le mouvement de l’hiver dernier. Lundi soir, environ 200 agriculteurs ont déposé des panneaux de signalisation devant la préfecture de l’Ariège, tandis qu’une soixantaine de leurs confrères ont déversé dans la nuit de vendredi à samedi des bottes de foin, de la paille et de la laine de mouton devant plusieurs bâtiments publics à Auch, dans le Gers.
Ces actions, symboliques mais révélatrices d’une colère latente, pourraient préfigurer un mouvement de protestation plus massif à partir du 15 novembre. Les revendications des agriculteurs sont claires : une meilleure considération des impacts économiques de ces accords internationaux et des aides plus rapides pour soutenir le secteur.
Un contexte particulier en Bourgogne-Franche-Comté
La tension est également palpable en Bourgogne-Franche-Comté, où les agriculteurs se battent pour obtenir les aides du FEDER (Fonds européen de développement rural). Thibault Renaud, vice-président des Jeunes Agriculteurs de Bourgogne-Franche-Comté, a expliqué la situation explosive lors d’une action organisée le 18 septembre dernier : « Cela fait 18 mois que le conseil régional est en charge du dossier Feader. Depuis le début, nous les prévenons qu’ils ne sont pas prêts. Ils ont pris beaucoup de retard dans le traitement des dossiers et, à la vitesse où ils avancent, ils ne seront pas en mesure de tout traiter avant le 30 juin 2025. Ce qui est grave, car à cette date, l’argent retournera à l’Europe. »
Les agriculteurs craignent ainsi de perdre des financements essentiels pour leurs exploitations. L’incapacité de l’administration régionale à répondre à temps aux demandes d’aides menace la viabilité des fermes et accentue le sentiment d’abandon régnant chez les producteurs.
Vers un automne de mobilisation ?
Les signes de grogne se multiplient à l’approche du 15 novembre, date qui pourrait marquer le début d’une nouvelle phase de mobilisations à travers la France. Si les accords commerciaux avec le Mercosur sont maintenus, il est probable que les actions se durcissent et se généralisent dans tout le pays.
Pour les agriculteurs français, la question n’est pas seulement celle de la concurrence économique, mais bien de la survie de leurs métiers et de la reconnaissance de leur rôle crucial dans la société. Les prochains jours seront décisifs pour savoir si le gouvernement réagira afin d’éviter une flambée de la contestation.