Une étude récente de l’INSEE Bourgogne-Franche-Comté révèle que les immigrés occupent 7 % des emplois de la région. Ces données, publiées en 2023, offrent un regard détaillé sur la participation des immigrés à l’économie locale, et soulignent certains des défis auxquels ils sont confrontés.
En Bourgogne-Franche-Comté, les immigrés représentent environ 7,3 % des habitants, soit 204 500 personnes. Parmi eux, 77 600 ont acquis la nationalité française et 126 900 restent de nationalité étrangère. En matière d’emploi, seulement 7 % des postes sont occupés par des immigrés, ce qui représente 76 000 travailleurs. Ce chiffre reste relativement faible comparé à l’Île-de-France, où 20,4 % des emplois sont occupés par des immigrés.
Profil des immigrés sur le marché du travail
Les données de l’INSEE montrent qu’un peu plus de 7 immigrés sur 10 sont en âge de travailler (entre 15 et 64 ans). Sur ce groupe, 77 % des hommes immigrés participent au marché du travail, soit la même proportion que les hommes non-immigrés. Chez les femmes, en revanche, la situation est différente : seulement 62 % des femmes immigrées sont présentes sur le marché du travail, contre 73 % pour les femmes non-immigrées. Ces disparités peuvent s’expliquer par un niveau de diplôme souvent plus bas, un nombre plus élevé d’enfants à charge, ainsi que des raisons culturelles.
Les secteurs où les immigrés sont présents révèlent des réalités contrastées. Ils sont nombreux à occuper des emplois dans le nettoyage, le bâtiment, l’aide à domicile, l’hébergement, la restauration ou encore la santé. Des secteurs souvent caractérisés par des conditions de travail difficiles et moins bien rémunérées.
Surqualification et inégalités salariales
L’étude de l’INSEE met également en évidence un problème de surqualification. En effet, un quart des immigrés sont surdiplômés pour le poste qu’ils occupent. Cette situation touche particulièrement les immigrés occupant des professions intermédiaires : environ 33 % d’entre eux pourraient prétendre à un poste de cadre. Toutefois, la reconnaissance des diplômes obtenus à l’étranger reste souvent complexe en France, et la barrière de la langue peut également constituer un frein à leur évolution professionnelle.
En ce qui concerne les ouvriers immigrés non qualifiés, leur salaire moyen est de 1 425 euros nets par mois, soit 610 euros de moins que celui des autres salariés de la région. Ces inégalités montrent les difficultés rencontrées par les immigrés pour accéder à des postes mieux rémunérés, en raison notamment d’une moindre reconnaissance de leurs compétences.
Les professions les plus occupées par les immigrés
Certains secteurs se distinguent particulièrement par la présence des travailleurs immigrés. Ainsi, en Bourgogne-Franche-Comté, les immigrés représentent 31 % des agents de nettoyage (soit 2 900 emplois), et 28 % des ouvriers du gros œuvre non qualifiés (1 800 emplois). Ils sont également très présents parmi les aides à domicile (1 850 emplois), les agents de service hospitalier (1 750 emplois) et les aides-soignants (1 500 emplois).
Les départements de la Côte-d’Or et du Doubs sont les plus concernés par la présence des immigrés dans les emplois locaux, avec respectivement 18 100 et 17 200 emplois occupés par des immigrés. La Saône-et-Loire arrive en troisième position avec 13 400 emplois.
Les obstacles à l’accès au travail
L’étude rappelle que les immigrés sont davantage confrontés au chômage, avec un taux de 11,2 %, contre 7,4 % pour les personnes non-immigrées. Plusieurs obstacles peuvent expliquer cette différence, comme le niveau de qualification souvent plus faible, la non-reconnaissance des diplômes étrangers ou encore la barrière de la langue. Toutefois, il est à noter que 62 % des immigrés ont pu accéder librement au marché du travail français sans avoir besoin d’un visa spécifique, notamment ceux issus de pays de l’Union européenne ou de la Suisse, Monaco, Andorre et Saint-Marin.
Les immigrés de Bourgogne-Franche-Comté occupent une place essentielle dans l’économie régionale, bien qu’ils soient souvent confrontés à des conditions de travail difficiles, une surqualification et des inégalités salariales. Leurs contributions sont précieuses, en particulier dans des secteurs tels que le nettoyage, la santé, et le bâtiment, qui sont vitaux pour la région. Pour que leur intégration soit pleinement réussie, il reste à répondre aux obstacles systémiques qu’ils rencontrent encore sur le marché du travail.
La mise en place de dispositifs facilitant la reconnaissance des diplômes et un meilleur accès aux formations qualifiantes pourrait être une solution pour réduire ces disparités et offrir à chacun des opportunités à la hauteur de ses compétences. La question de l’égalité d’accès aux emplois de cadre pour les immigrés demeure ainsi un enjeu majeur pour les années à venir.