Aujourd’hui et demain, les usagers des transports en commun de Dijon doivent prendre leur mal en patience. En effet, le réseau DiviaMobilités est en proie à de grosses perturbations suite à la grève lancée par le syndicat UNSA de Divia. Cette grève de deux jours est la réponse directe à des conditions de travail devenues, selon les syndicats, « insoutenables ». Depuis plusieurs mois, les conducteurs dénoncent la dégradation progressive de leurs conditions de travail. Mais cette grève est-elle uniquement dans l’intérêt des salariés, ou reflète-t-elle également des problèmes qui affectent les usagers au quotidien ?
Des retards cumulés et des conditions de travail déplorables
Le malaise chez Divia n’a rien de nouveau, mais cette fois, c’est l’ampleur de la grève qui attire l’attention. Le syndicat UNSA a pris la parole directement, indiquant clairement que le préavis de grève est motivé par des problèmes accumulés au fil des derniers mois, exacerbés depuis la rentrée 2024-2025. Les conducteurs pointent du doigt les choix de la direction, motivés par le contrat de Délégation de Service Public (DSP) signé avec Dijon Métropole.
L’une des causes majeures de la grogne est la réduction des temps de parcours prévus pour les bus, qui sont souvent déconnectés de la réalité du terrain. Cela complique considérablement le travail des conducteurs et entraîne des retards cumulés. Ces changements sont accentués par des décisions de réorganisation de la circulation, notamment la restructuration de la place du Trente Octobre, qui a conduit à des retards récurrents sur les lignes de bus 3, 5, 6, et 8.
Surcharge de travail et manque de considération
La situation s’est également aggravée avec l’ouverture de nouvelles sections universitaires à Dijon, attirant quelque 5 000 étudiants supplémentaires. Cela a directement impacté la ligne 5, sans qu’aucun ajustement des capacités de transport ne soit envisagé pour faire face à l’afflux. En conséquence, les conducteurs se retrouvent confrontés à une surcharge de travail insupportable.
Les travaux de grande envergure menés par la Métropole, souvent interprétés comme des mesures en vue des élections municipales de 2026, perturbent également la circulation. Cela alourdit encore les conditions de travail des conducteurs, qui doivent souvent rouler avec des retards allant de 7 à 10 minutes en moyenne, sans pouvoir prendre de pause aux terminus. Cette réalité rend leur travail épuisant et affecte la qualité du service fourni aux usagers.
Une grève qui démontre un mal être général
Pour le syndicat UNSA, l’immobilisme de la direction de Divia et de Dijon Métropole est intolérable. Ils dénoncent des conditions de travail qui poussent les conducteurs à bout, avec le risque d’une augmentation de l’absentéisme au lieu de son réduction souhaitée. « Nos collègues sont épuisés de rouler plus de sept heures d’affilée sans quasiment pouvoir s’arrêter », indique le syndicat.
Il est vrai que cette grève pénalise avant tout les usagers. Pourtant, il est tout aussi vrai que les retards accumulés sur certaines lignes, comme les 3, 5, 6, et 8, sont déjà une réalité quotidienne pour les passagers. En ce sens, la grève illustre et confirme ce que vivent déjà les usagers au quotidien : des trajets aléatoires, des horaires peu fiables, et une fatigue palpable des conducteurs.
Grève dans l’intérêt général ?
La question de savoir si cette grève est dans l’intérêt général mérite d’être posée. En posant la question des conditions de travail des conducteurs, elle met également en lumière la qualité du service que les usagers peuvent attendre. Des conducteurs exténués, des horaires inatteignables et une surcharge de passagers sont autant d’éléments qui contribuent à un service dégradé pour tous.
Dès lors, en revendiquant de meilleures conditions de travail, les grévistes ne cherchent pas uniquement à améliorer leur quotidien, mais aussi à offrir un meilleur service public aux usagers. Ceux-ci pourraient être les premiers à soutenir ces revendications, car, en fin de compte, c’est aussi leur confort et leur ponctualité qui sont en jeu. Cette mobilisation pourrait bien poser les bases d’un dialogue nécessaire entre Divia, la Métropole et les usagers, en faveur d’un transport public à la hauteur des attentes de tous.