La tension monte à la SNCF. Suite à la rencontre du 28 octobre dernier avec le ministre des Transports, qui a confirmé la liquidation de Fret SNCF, et celle du 5 novembre avec la direction de l’entreprise dans le cadre d’une alarme sociale unitaire, les syndicats cheminots appellent à une grève nationale unitaire le jeudi 21 novembre 2024.
La SNCF face à l’acte 2 de la réforme ferroviaire de 2018
La situation actuelle est perçue par les syndicats comme l’acte 2 de la contre-réforme ferroviaire de 2018. Selon eux, les mesures actuelles visent à démanteler l’unité du Groupe Public Unifié en décloisonnant les différentes Sociétés Anonymes (SA) qui le composent, au profit d’une logique de privatisation et de rentabilité financière sans limites. Pour les cheminotes et cheminots, cette politique signe la fin de la cohésion sociale de la SNCF, tout en menaçant directement leurs conditions de travail.
Face à la liquidation de Fret SNCF, la privatisation progressive des activités TER, Transilien et Intercités, ainsi que le plan de réorganisation de SNCF Réseau « Résonances », les syndicats préviennent qu’ils ne resteront pas inactifs. Ils accusent le PDG de la SNCF de saper l’unité du groupe au profit d’une stratégie de dumping social.
Un combat pour l’intérêt général et contre un gouvernement illégitime
« Nous ne laisserons pas passer le train de la liquidation de Fret SNCF sans réagir », clament les syndicats dans leur appel. Ce mouvement ne se limite pas à la seule défense des cheminots ; c’est aussi une lutte pour un service public ferroviaire fort, face à des choix politiques qu’ils jugent dangereux, y compris le plan « Car express » annoncé pour 2025. Les organisations syndicales mettent en avant l’importance cruciale du rail pour répondre aux enjeux écologiques actuels. Dans une période marquée par la crise climatique, elles considèrent que le train doit être une priorité absolue, non seulement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi pour offrir une alternative de transport durable et accessible à toutes et tous.
Les syndicats pointent aussi un gouvernement « illégitime » qui, selon eux, s’attaque aux services publics au profit d’une logique de rentabilité court-termiste. Ils estiment que des choix politiques différents sont possibles et nécessaires pour renforcer le ferroviaire et garantir son avenir.
Une grève nationale le 21 novembre : un ultimatum clair
Pour faire face à cette situation, les syndicats cheminots appellent à une grève unitaire le jeudi 21 novembre. L’objectif est de marquer un coup d’arrêt, démontrer leur détermination et leur solidarité face à une direction et un gouvernement qui misent sur la résignation. Cette mobilisation concernera tous les services : les SA Voyageurs, SNCF Réseau, le GIE, ainsi que la SA Holding.
Cette grève de 24 heures est présentée comme un ultimatum : si les revendications ne sont pas satisfaites, un mouvement plus long et plus intense sera lancé en décembre. Parmi les exigences des syndicats figurent l’arrêt du processus de liquidation de Fret SNCF, un moratoire sur les privatisations des activités TER, Transilien et Intercités, et l’adoption d’une loi de programmation pluriannuelle pour la modernisation du système ferroviaire.
Un avenir en suspens
Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir du rail en France. La mobilisation des cheminots et la réponse qu’apporteront la direction de la SNCF et le gouvernement seront déterminantes pour la suite du conflit. Dans un contexte de crise écologique, sociale et économique, le sort du service public ferroviaire reste suspendu à cette confrontation entre deux visions opposées de son avenir : celle d’une privatisation croissante dictée par des objectifs de rentabilité financière et celle d’un service public au service de l’intérêt général.
L’échéance du 21 novembre sera donc un moment charnière. Pour les cheminotes et cheminots, cette mobilisation n’est pas seulement un mouvement social, c’est une lutte pour la survie de l’idée même de service public. L’ultimatum est lancé – la balle est désormais dans le camp du gouvernement et de la direction de la SNCF.