Les agriculteurs français sont prêts à ressortir dans la rue. Moins d’un an après un mouvement de grande ampleur, la mobilisation agricole reprend de l’élan en France et devrait s’intensifier dans les prochains jours. Le sentiment d’abandon est palpable : beaucoup d’agriculteurs considèrent que les actions menées l’hiver dernier n’ont pas abouti à des résultats concrets et que les promesses gouvernementales sont restées lettre morte. Par ailleurs, l’ombre de la possible signature de l’accord commercial avec le Mercosur et les aléas climatiques ne font qu’accentuer le mécontentement de la profession.
Dès la mi-octobre, l’alliance syndicale majoritaire FNSEA-JA a appelé à de nouvelles actions nationales une fois les semis d’hiver terminés, « à partir de la mi-novembre« . Ce mouvement vise à attirer l’attention sur les difficultés grandissantes des agriculteurs. La FDSEA de la Côte-d’Or et les Jeunes Agriculteurs locaux ont déjà lancé un appel clair à la mobilisation. Leurs revendications sont éloquentes : des mesures conjoncturelles d’urgence, des aides pour la trésorerie et surtout une simplification administrative drastique. Ils veulent vivre dignement de leur travail et ne plus être écrasés par des règlements incohérents, que ce soit au niveau européen ou mondial, qu’ils soient sanitaires, climatiques ou commerciaux.
Des actions prévues en quatre étapes sur la Côte d’Or et à Dijon
La mobilisation agricole dans la Côte-d’Or se fera en quatre temps.
- Dimanche 17 novembre : Opération de « bâchage » des panneaux d’entrée des communes
Le dimanche 17 novembre marquera la première étape de cette mobilisation. Les agriculteurs prévoient de recouvrir les panneaux d’entrée de toutes les communes du département. L’objectif de cette action symbolique est clair : manifester la détresse de la profession, en montrant que le tissu rural se sent délaissé et que les agriculteurs refusent d’être ignorés.
- Lundi 18 novembre : « Feu de la Colère » à Dijon
Le lundi 18 novembre à 18h30, les agriculteurs se réuniront pour une manifestation baptisée « feu de la colère« , sans tracteurs cette fois-ci. Ils ont donné rendez-vous sur le parking de la piscine olympique de Dijon. Un grand feu sera allumé à 20 heures en signe de protestation contre les accords internationaux jugés injustes, et un barbecue convivial est prévu sur place pour discuter et organiser collectivement les prochaines actions syndicales. Cette action vise à réaffirmer leur opposition aux accords internationaux, notamment celui avec le Mercosur, perçu comme une menace pour les agriculteurs français.
- Fin novembre : mobilisation contre la suradministration
La fin du mois de novembre sera consacrée à des actions contre la suradministration et la complexité croissante des normes. Les agriculteurs veulent simplifier leur accès aux aides et aux règlementations, qu’ils jugent trop lourdes et inadaptées à la réalité de leur travail quotidien.
- Début décembre : action sur les prix
Enfin, dès le début du mois de décembre, une mobilisation sur les prix est prévue. Les détails de cette action restent à définir, en fonction des propositions qui émergeront des discussions des agriculteurs. L’objectif est de revendiquer une juste rémunération de leur travail et de sensibiliser l’opinion publique et les décideurs à l’importance de garantir un prix équitable pour les produits agricoles.
Une profession en crise, mais déterminée à se battre
Pour les agriculteurs, cette mobilisation est synonyme de dernier espoir pour faire entendre leurs voix et rappeler leur rôle essentiel dans la société. Ils souhaitent interpeller les pouvoirs publics mais aussi la population sur leurs conditions de travail de plus en plus difficiles. Les crises se succèdent : aléas climatiques, pression réglementaire, accords internationaux à leurs dépens, et en dépit des promesses passées, la situation ne semble pas s’améliorer.
Derrière ces manifestations se cache une colère grandissante, mais aussi une détermination à obtenir des avancées concrètes et immédiates. Leur message est clair : ils ne veulent plus d’un avenir incertain où leur survie dépend des caprices des accords internationaux et des politiques déconnectées de la réalité du terrain. Leur combat, c’est aussi celui de notre souveraineté alimentaire et de la reconnaissance de ceux qui nous nourrissent au quotidien.
F. Bauduin