Dans un contexte où les entreprises continuent de s’enrichir, la vague de suppressions d’emplois dans l’industrie s’intensifie en France. La CGT dénonce cette crise sociale grandissante et présente ses propositions pour y faire face, prévoyant des actions sur l’ensemble du territoire le 12 décembre pour soutenir l’emploi et l’industrie.
Près de 300 plans de licenciement en cours
Depuis plusieurs mois, la CGT alerte sur la situation industrielle française qu’elle qualifie de « désastreuse« . En mai dernier, la confédération a recensé 130 plans de suppressions d’emplois afin de mettre en évidence un processus de désindustrialisation galopant. En octobre, le nombre de plans présentés au Premier Ministre atteignait déjà 180. Aujourd’hui, la CGT en recense 286 depuis septembre 2023, une progression alarmante qui n’épargne aucun secteur.
Entre 128 250 et 200 330 emplois menacés
Les chiffres révèlent une tendance globale à l’accélération des licenciements, avec plus de 120 plans répartis entre juillet et novembre 2024, dont 89 sur la seule période de septembre à novembre. Les secteurs les plus impactés comprennent :
- La métallurgie : 13 000 emplois directs menacés ou supprimés
- Le commerce : Plus de 10 000 emplois supprimés
- Le secteur public et associatif : Plus de 7 000 emplois supprimés
- Les banques et assurances : Plus de 6 000 emplois supprimés ou menacés
- La chimie : Plus de 7 000 emplois supprimés
Au total, la CGT estime qu’entre 128 250 et 200 330 emplois sont menacés ou ont déjà été supprimés depuis septembre 2023, une situation qui pourrait être encore plus grave si l’on prend en compte l’ensemble des conséquences indirectes.
Des régions vidées de leur vitalité
Au-delà des ravages sociaux liés à la destruction d’emplois, la désindustrialisation a également des conséquences territoriales profondes. Chaque emploi supprimé crée un effet domino qui affecte les sous-traitants, les prestataires de services et tout l’écosystème économique local. Ces licenciements ne font pas seulement disparaître des emplois : ils désertifient des régions entières, affaiblissant le commerce de proximité et le dynamisme local.
La Côte-d’Or est également concernée par ces suppressions d’emplois, notamment avec deux entreprises touchées : BAYARD HABILLEMENT à Quetigny avec 130 emplois supprimés dans le secteur du textile, et PPG à Genlis avec 31 emplois supprimés dans les industries chimiques.
Derrière ces chiffres, il y a des vies brisées et des familles plongées dans l’incertitude. Les suppressions d’emplois, souvent annoncées en quelques minutes via des méthodes impersonnelles comme des visioconférences ou des SMS, ne tiennent pas compte des conséquences humaines. Ces décisions peuvent conduire à des situations de grande précarité, allant de la perte de logement à l’isolement social.
Une souveraineté industrielle menacée
La délocalisation des productions vers des pays où les normes environnementales sont faibles est une autre source de préoccupation. Non seulement ces choix aggravent le bilan carbone, mais ils menacent également la souveraineté économique de la France. En externalisant des secteurs entiers de sa capacité productive, la France devient dépendante d’autres économies, perdant des savoir-faire clés et sa maîtrise sur des secteurs stratégiques.
Malgré cela, l’État continue de verser des aides publiques massives aux entreprises sans imposer de contreparties selon la CGT. La Cour des comptes estimait en juillet 2023 que 260,4 milliards d’euros avaient été alloués sous forme de subventions, de prêts garantis ou de reports de cotisations sociales, sans véritable contrôle de l’usage de ces fonds.
La CGT demande une action immédiate de l’État
Pour la CGT, il est urgent que l’État prenne ses responsabilités. La confédération demande l’organisation immédiate d’assises pour l’industrie afin de relancer l’outil productif et agir en faveur de l’emploi en France. Une politique industrielle ambitieuse, visant à stopper les délocalisations et à relocaliser les productions, est indispensable pour garantir un avenir durable au pays.
La CGT appelle ainsi à une mobilisation nationale le 12 décembre pour défendre l’emploi et soutenir l’industrie. Elle insiste sur la nécessité de relocaliser la production et de lutter contre le dumping social, qui exploite les travailleurs sous-payés à l’étranger tout en détruisant les emplois locaux. Le temps est venu d’adopter une véritable stratégie industrielle pour restaurer la souveraineté et garantir un avenir plus solidaire et prospère pour la France.