Face à l’exposition croissante des jeunes à la pornographie et au manque d’information sur la sexualité, Sidaction appelle à une mise en œuvre réelle de l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle à l’école. Une urgence de santé publique pour préparer les jeunes à une sexualité épanouie, responsable et respectueuse.
L’adolescence est une période riche en questionnements sur la sexualité. Cherchant des réponses, les jeunes se tournent souvent vers des sources qui ne sont ni fiables ni adaptées. Ainsi, 42 % des garçons regardent des vidéos pornographiques pour en apprendre davantage sur le sexe, et 60 % des jeunes ont leur premier contact avec la pornographie avant l’âge de 15 ans. Or, la pornographie, destinée aux adultes, expose les jeunes à une vision faussée et déformée de la sexualité, axée sur la performance, la domination et souvent dépourvue de toute considération pour le consentement.
« La pornographie est interdite aux moins de 18 ans. Et c’est au législateur d’agir pour faire en sorte qu’elle ne soit pas accessible », rappelle Florence Thune, directrice générale de Sidaction. Cependant, l’accès à ces contenus reste massif pour de nombreux adolescents. Florence Thune insiste : « L’école et les programmes d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle contribuent directement à lutter contre les clichés véhiculés par ce type de contenus et permettent aux jeunes de décrypter et comprendre ce à quoi ils et elles sont exposé.es ».
Pourtant, malgré la loi de 2001 qui prévoit au moins trois séances annuelles d’éducation à la sexualité tout au long de la scolarité, la mise en œuvre reste très insuffisante. En 2023, seulement 15 % des jeunes de 15 à 24 ans ont déclaré avoir bénéficié de plus de six séances d’éducation sexuelle durant leur parcours scolaire. De plus, 75 % des jeunes expriment le souhait d’être mieux informés et accompagnés dans le début de leur vie affective et sexuelle.
Sidaction rappelle que l’éducation à la sexualité est bien plus que de simples informations techniques. « Éduquer à la sexualité, c’est repérer les stéréotypes pour pouvoir s’en distancier, lutter contre les violences sexistes et sexuelles et parler des rapports de genre et de la construction de relations égalitaires et respectueuses. Et bien sûr, des relations protégées ! » poursuit Florence Thune. Selon une étude de l’Inserm, 50 % des femmes et 40 % des hommes de 18 à 29 ans n’ont pas utilisé de préservatif lors de leur premier rapport sexuel avec un nouveau partenaire au cours des 12 derniers mois. Ces chiffres, en hausse, montrent un besoin criant d’information sur les pratiques à risque et les modes de contamination du VIH et des IST.
Pour offrir une réponse concrète à ce constat, Sidaction lance le site internet sidaxxxion.fr. Ce site utilise les codes des vidéos pour adultes pour en faire un outil de prévention adressé aux jeunes. Adapté à leur langage, il aborde des thématiques cruciales telles que le consentement, la non-violence, la performance, la tolérance, l’orientation sexuelle et la prévention. En parallèle, Sidaction a lancé une campagne d’affichage et sur les réseaux sociaux, conçue par l’agence The Good Company, qui reprend les codes visuels de la pornographie pour interpeller les adultes sur les contenus auxquels les jeunes sont exposés. Les messages sont clairs : l’éducation est la première des protections, et il est urgent de soutenir une éducation affective, relationnelle et sexuelle à l’école.
L’école doit jouer son rôle de digue protectrice en offrant aux jeunes un socle de connaissances adaptées à leur âge, tout au long de leur scolarité. Il s’agit non seulement de prévenir les risques sanitaires, mais aussi de construire des relations basées sur le respect, l’égalité et le consentement. Pour Sidaction, l’éducation à la vie affective et sexuelle doit être une priorité, afin que les jeunes puissent vivre leur sexualité de manière éclairée et sécurisée.