Ce mardi matin, la colère des éleveurs ovins a retenti devant la direction départementale des territoires à Dijon. En réaction à une série d’attaques de loups, les éleveurs de Côte-d’Or ont manifesté pour exprimer leur désespoir et demander des mesures concrètes pour protéger leurs troupeaux.
Quelques dizaines d’éleveurs se sont rassemblés pour protester contre la multiplication des attaques, notamment dans le secteur de Vitteaux et Poiseul-la-Ville, où quatre assauts ont été recensés depuis le 29 novembre. Ces attaques ont coûté la vie à une quinzaine de moutons, laissant les éleveurs dans une impasse.
Une pression grandissante sur les éleveurs
Les Jeunes Agriculteurs de Côte-d’Or ont également pris la parole pour exprimer leur détresse face à la recrudescence des prédations. « Le loup sévit de nouveau depuis quelques jours, laissant derrière lui des vingtaines de brebis mortes ou agonisantes sur tout le département … Les éleveurs restent aujourd’hui sans solutions … Nous demandons au minimum le droit au tir de défense !!! », ont-ils réclamé. La situation, marquée par une perte récurrente de bétail, plonge les éleveurs dans un profond sentiment d’abandon face aux ravages causés par les prédateurs.
La tension monte alors que la Convention de Berne, réunie à Strasbourg, a approuvé ce mardi une proposition de déclassement du loup, qui passerait d’espèce « strictement protégée » à « protégée ». Cette décision, prise par les 49 États membres de la Convention, vise à répondre aux difficultés croissantes de coexistence entre l’homme et le loup, dans un contexte d’augmentation importante de la population des canidés en Europe. Une mesure qui pourrait être mise en place sous trois mois, sauf en cas d’opposition d’un tiers des pays membres.
La coexistence homme-loup, un défi à relever
Actuellement, la population de loups dans l’Union européenne est estimée à environ 20 300 individus, présents principalement dans les Balkans, les pays nordiques, ainsi qu’en Italie et en Espagne. En France, ce chiffre s’élevait à environ 1 003 loups en 2023, bien que la population ait diminué de 9 % par rapport à l’année précédente. Chaque année, environ 20 % de la population lupine française est abattue dans le cadre de dérogations pour prévenir les attaques sur les troupeaux.
Malgré ce déclassement, de nombreux agriculteurs français jugent les mesures actuelles insuffisantes pour répondre à la menace que représente le loup pour leurs animaux. « Laisser les élus gérer la situation à l’échelle locale est la seule solution viable. Ils doivent implanter sur leur territoire des personnes formées pour renseigner et accompagner les éleveurs », prône Jean-Luc Valérie, cofondateur de l’Observatoire du loup.
Une protection en question
Le déclassement du loup est loin de faire l’unanimité. L’association de protection des animaux One Voice a exprimé son « indignation totale », estimant que la décision cède aux exigences « des lobbies de l’agriculture intensive et de la chasse ». « Un loup sur cinq est condamné à être tué avant même l’abaissement de leur protection. Que veulent ces agriculteurs intensifs ? Intensifier la disparition des animaux ? », s’interroge l’organisation, qui étudie « tous les recours possibles » contre cette mesure.
Les tensions autour de la cohabitation entre le loup et les activités humaines ne cessent de croître. Pour les éleveurs de Côte-d’Or, l’urgence est palpable. Privés de solutions pour protéger leurs animaux, ils demandent aujourd’hui que les décisions politiques soient à la hauteur des difficultés qu’ils rencontrent au quotidien. Pour beaucoup, c’est la survie même de leur activité qui est en jeu, face à un prédateur dont la population ne cesse de croître et dont les conséquences sur les élevages sont de plus en plus dramatiques.