Dijon Actualités ne couvre que les 23 communes de Dijon Métropole, ce qui est déjà pas mal, mais nous avons décidé de regarder ce qui se passe dans les communes voisines, et de faire un sujet, histoire de sortir de ce périmètre géographique que nous nous sommes nous-mêmes imposé. Nous vous raconterons, une fois de temps en temps, une histoire ou deux qui se passent chez nos voisins.
Pour cette première, nous vous dénichons l’histoire d’un maire, Monsieur Théron Pascal, le maire de la commune de Bézouotte (21310), qui hier après-midi, le jeudi 5 décembre 2024, s’est retrouvé devant le délégué du procureur, près du Tribunal Judiciaire de Dijon. Il lui était reproché d’avoir, entre le 1er décembre 2021 et le 1er août 2022, imposé à B…. A…. des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste portant atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, ou créant à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante, en l’occurrence l’expression « dans ton cul ». Avec cette circonstance que les faits ont été commis sur une personne en abusant de l’autorité que lui conféraient ses fonctions, à savoir en tant que maire de la commune.
Comme toute histoire commence par un début, il nous faut vous dire quand cette histoire a commencé. Celle-ci débuta le samedi 4 mars 2023, lorsque Madame B…. A…. se présenta à la gendarmerie de Quetigny, afin de déposer plainte contre le maire de la commune, Monsieur Théron Pascal, pour des faits de harcèlement moral.
Rien n’est facile dans cette affaire, car, il vous faut le savoir, entre septembre 2022 et août 2023, la victime, Madame B…. A…., qui travaillait pour la commune de Bézouotte sous l’autorité du maire, entretenait une relation extra-conjugale avec ce dernier. L’épouse du maire découvrit leur relation et quitta son mari ! Suite à cela, le maire insulta la victime, la traitant de « raclure de chiotte », tout en mettant fin à leur relation.
« J’ai vécu avec M. Theron pendant 20 ans et nous avons eu un enfant ensemble et elle va avoir 16 ans en avril. Début 2022, j’ai reçu des lettres qui disaient que M. Theron me trompait. Je lui ai montré et il a nié totalement. Nous sommes partis en vacances en août 2022, pendant les vacances, je reçois un message contenant un audio. Où l’on entendait mon conjoint en plein acte sexuel avec une autre », dira l’ex-femme du maire lors de son audition du 7 février 2024 (14h25). Elle continua ainsi : « Je lui ai fait écouté et il a arrêté de nier. Et il m’a dit que c’était un complot contre lui car il est élu. Je l’ai laissé tout le mois d’août, et je suis revenue vers septembre et là il faisait comme si de rien n’était. Puis il m’a expliqué que c’était avec la secrétaire et que cela durait depuis 8 mois. J’ai été obligée de cohabiter avec lui pendant 2 mois cela a été un peu compliqué. J’ai donc vécu sous son toit et cela a été un enfer. Il m’a fait vivre un vrai enfer. Il a passé ses deux mois à se débarrasser d’elle. Il la traitait de « raclure de chiotte » ».
Un peu plus loin, lorsqu’on lit l’audition de l’ex-femme de Monsieur Theron, nous apprenons que : « Quand il a su qu’elle l’enregistrait à son insu il est devenu fou et il a tout fait pour qu’elle ne retrouve pas de boulot, qu’elle soit virer. C’est vraiment un manipulateur et calculateur. J’ai vu son côté pervers narcissique pendant 2 mois, c’était horrible […] et depuis qu’il est député suppléant et il croyait vraiment qu’il était le sauveur de la France. Il est dans des réseaux privés et il met la pression aux gens ». Effectivement, Theron Pascal fut le suppléant de Benoît Bordat.
Son ex-femme a depuis quitté Monsieur Theron. Elle a même dû saisir le juge des affaires familiales en juin 2023, car il ne voulait pas payer la pension alimentaire.
Nous avons pris connaissance de plusieurs auditions dans le cadre de cette affaire, somme toute digne d’un polar déjanté. Le mercredi 24 mars 2024 à 16h15, F.G. fut lui aussi entendu en tant que témoin. Lors de son audition, il déclara : « Une fois, j’étais en mairie, en tant que citoyen, je suis allé voir la secrétaire parce qu’elle s’occupait d’un dossier que je ne savais pas faire, une demande de révision. Elle m’a dit qu’elle s’en occuperait. Elle faisait mon dossier, Pascal est venu, je peux dire qu’avant c’était un ami […] à un moment donné, elle avait un dossier à ranger, elle a dit « Où je range ce dossier-là ? » il a répondu « Tu te le mets dans ton cul » ».
F.G. dira aussi lors de son audition : « Avant, j’avais confiance en lui, avant ces histoires. Je me suis vite aperçu que c’était un beau parleur. En tant que maire, il me déçoit beaucoup. Moi, je pense que la commune n’a rien à cirer de lui. Il préfère briller du côté de Bordat plutôt que de se soucier de son pays, il y a du laisser-aller, il n’y a pas d’entretien, il n’y a rien. Beaucoup de paroles, mais pas beaucoup d’action ».
Monsieur Theron Pascal, lui, fut auditionné le jeudi 11 avril 2024 à 14h15 en tant que personne mise en cause. Ce grand collectionneur de vieilles voitures – il en aurait sept – a répondu aux questions de l’officier de Police Judiciaire, dont voici quelques extraits :
Comment êtes-vous perçu des autres ? « Comme quelqu’un de bienveillant, disponible ».
Comment vous décririez-vous ? « Je ne sais pas quoi répondre, je pense avoir quelques valeurs, sinon on ne serait pas venu me chercher pour être maire, suppléant du député ».
Avez-vous des déclarations spontanées à faire concernant les faits ? « Au 1er août 2022, Madame A.B. a envoyé un enregistrement de nos ébats à ma compagne F.C. De fait, ma vie de famille a stoppé immédiatement, j’ai appelé A.B., en la traitant de tous les noms. En stoppant la conversation, en lui disant « Je ne veux plus jamais entendre parler de toi et j’efface ton nom de ma mémoire ». Ceux qui signifie que depuis le 1er août 2022, je n’ai plus eu aucun contact avec cette personne et que je l’ai supprimée de ma mémoire ».
Pouvez-vous me donner votre propre définition du harcèlement moral ? « Pousser un employé vers la sortie, avec des mots, des attitudes ».
Vous êtes également entendu pour des faits d’outrage sexiste et sexuel par une personne abusant de l’autorité qui lui confère sa fonction. Même question, que vous évoque cette infraction ? « Ce seraient plutôt des gestes ».
Avez-vous eu une relation avec Madame B. ? « Oui ».
Combien de temps a duré votre relation ? « 10 mois ».
Que pensez-vous de votre statut ? « Quand on est élu, il y a une journée dont on est fier, c’est la première. Après, c’est juste un travail, mais quand même la fierté de représenter la France ».
Avez-vous insulté Madame B.A. ? « Je l’ai insultée, le jour où ma compagne a reçu l’enregistrement sonore ».
Avez-vous dit à Madame B.A. qu’elle était une « raclure de chiotte » ? « Le 1er août 2022, j’ai appelé A. suite à l’enregistrement sonore de nos ébats, qu’elle avait envoyé à ma compagne. Je lui ai dit que c’était une raclure de chiotte que je n’avais jamais croisée un personnage aussi pervers. J’ai raccroché en lui disant « fin des émissions » et à partir de ce moment là je n’ai plus jamais répondu à ses messages ».
Pouvez-vous me donner la définition de « raclure de chiotte » ? « C’est une vieille expression »
Madame B. déclare, courant 2022, lors de son audition, qu’elle était au téléphone, et que vous auriez glissé votre main dans son décolleté, sous la robe, sans toucher la poitrine. Qu’avez-vous à dire ? « On a un seul bureau de maire, j’ai effectivement posé ma main sur son épaule pour passer derrière elle. Je l’ai enlevée directement car ce n’était pas correct ».
Lors de son audition, Monsieur Theron Pascal ne reconnaîtra pas l’infraction de harcèlement moral, propos ou comportements répétés ayant pour objet ou effet une dégradation des conditions de travail pouvant attenter aux droits, à la dignité, à la santé ou à l’avenir professionnel d’autrui. Il ne reconnaîtra pas non plus l’infraction d’outrage sexiste et sexuel par une personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction – propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste.
Bref, vous l’aurez compris, ce dossier fut complexe, car au milieu de cette affaire, il y a aussi un corbeau, qui aurait déposé une lettre dans les boîtes aux lettres de certains habitants de la commune.
Qu’importe, le procureur de la République a décidé que l’auteur des faits, Monsieur Theron Pascal, bénéficierait d’une alternative aux poursuites. Comme nous le disions au début de notre article, hier après-midi, le jeudi 5 décembre 2024, Monsieur Theron Pascal s’est retrouvé devant le délégué du procureur, près du Tribunal Judiciaire de Dijon. Il a accepté la mesure alternative aux poursuites, qui consiste à :
Verser une contribution citoyenne de 250,00 € à l’association France-Victimes dans les six mois.
Ne pas entrer en contact avec Madame B.A. pendant six mois.
Verser à Madame B.A., qui était présente à l’audience et assistée d’un avocat très connu sur Dijon, la somme de 500,00 € de dommages et intérêts au titre du préjudice moral, ainsi que 500,00 € de frais irrépétibles.
Nous avons pris l’initiative de contacter Monsieur Pascal Theron aujourd’hui même (à 12h01). Voici le contenu de notre échange : « Bonjour Monsieur, ici Monsieur Bauduin, journaliste pour Dijon Actualités. Je me permets de vous appeler suite à votre passage devant le délégué du procureur hier. ». Monsieur Theron nous a répondu : « Je ne sais pas de quoi vous me parlez, Monsieur. En plus, ce n’est pas vraiment le moment, puisque vous êtes sur haut-parleur. » Nous lui avons précisé que nous ignorions être sur haut-parleur. Il nous a alors répondu, avant de nous raccrocher au nez : « Je ne sais pas si vous me comprenez, mais c’est une grosse erreur. Je vous laisse. »
De toute évidence, Monsieur Pascal Theron n’a pas souhaité aborder le sujet avec nous. Il n’a même pas pris la peine de nous dire au revoir ou de conclure poliment la conversation. Il a simplement raccroché, ni plus ni moins ! Puis, à 12h16, Monsieur Pascal Theron nous a rappelés. Il s’est excusé de nous avoir raccroché au nez et nous a expliqué qu’il se trouvait avec des maires dans la voiture. Il n’a pas souhaité répondre à nos questions, se contentant de nous dire qu’il allait contacter son avocat.
À Bézouotte, beaucoup de personnes estimeront peut-être que Monsieur Pascal Théron s’en sort plutôt bien. Une chose est certaine : en reprenant l’expression déplacée et choquante utilisée par Monsieur Théron lui-même, maire de Bézouotte, c’est lui qui, hier après-midi, devant le délégué du procureur, l’a « pris dans le cul » !