Le lundi 16 décembre, lors du Conseil municipal, la Ville de Dijon a officiellement voté sa candidature au dispositif « Territoire engagé pour la nature » – un label censé valoriser les collectivités soucieuses de protéger la biodiversité et d’améliorer la qualité de vie de leurs habitants. Mais derrière l’enthousiasme affiché par la Maire et son premier adjoint, des voix citoyennes et associatives, dont le Collectif Sauvons les berges du Suzon, s’élèvent pour dénoncer les politiques urbaines menées ces dernières années. Celles-ci, selon le collectif, contribuent à la dégradation des milieux naturels et de la biodiversité au cœur de la capitale bourguignonne.
Une artificialisation des sols en hausse malgré les discours officiels
Dijon se présente comme une ville pionnière en matière environnementale. Pourtant, la cartographie du Ministère de la Transition écologique montre qu’entre 2011 et 2022, la municipalité a artificialisé plus de 30 hectares de sols. Un constat accablant aux yeux du Collectif Sauvons les berges du Suzon, qui juge cette politique contradictoire avec les ambitions environnementales mises en avant par la Ville.
Le projet Venise-2, symbole d’une bétonisation irréversible
Depuis plus de deux ans, le Collectif Sauvons les berges du Suzon lutte contre le projet immobilier Venise-2. Ce dernier prévoit la construction sur trois hectares du dernier grand espace de nature au nord de Dijon, situé en bordure du ruisseau du Suzon. Outre la destruction de cette zone naturelle, le projet menace également la ripisylve, cette bande boisée le long du cours d’eau, essentielle à l’équilibre écologique.
Pétitions, lettres ouvertes, interventions en réunions publiques, recours judiciaires : le Collectif Sauvons les berges du Suzon et ses partenaires ont multiplié les actions pour demander aux élus de renoncer à la vente des terrains (actée en juin 2022) et au permis de construire (accordé en janvier 2023). Leur mobilisation est allée jusqu’à la création d’une « Réserve Urbaine de Biodiversité du Suzon » (RUBS), un label citoyen soulignant la valeur écologique de ce site unique en milieu urbain.
Une biodiversité remarquable, menacée par l’urbanisation
L’intérêt écologique de la zone est attesté par une étude publiée dans la revue scientifique Bourgogne-Franche-Comté Nature, qui a recensé plus de 60 espèces de papillons, dont 7 figurent sur la liste rouge des papillons menacés en Bourgogne. Les relevés de terrain font également état de 71 espèces d’oiseaux, dont 33 nicheuses, et la proximité du Suzon favorise la présence de chauves-souris (chiroptères). Le Collectif Sauvons les berges du Suzon souligne ainsi que ce lieu constitue un véritable havre de biodiversité, rare en zone urbaine.
D’autres espaces naturels menacés dans la ville
Le cas du Suzon n’est malheureusement pas isolé. Selon le collectif, de nombreux quartiers dijonnais subissent la disparition progressive d’espaces verts, remplacés par des constructions et des infrastructures bétonnées. Si la mairie met en avant le reboisement du plateau de la Cras, le Collectif Sauvons les berges du Suzon rappelle que les arbres matures, situés au plus près des habitations, offraient un rafraîchissement urbain immédiat et précieux, aujourd’hui perdu au profit d’une « compensation » lointaine et moins efficace.
Un label environnemental en trompe-l’œil ?
Pour le Collectif Sauvons les berges du Suzon, la candidature de la Ville de Dijon au label « Territoire engagé pour la nature » n’est qu’une opération de communication destinée à entretenir une image « verte » de la collectivité, sur la scène nationale et internationale. Le collectif exhorte l’Office français de la biodiversité à examiner minutieusement la situation sur le terrain, plutôt que de se fier aux seules déclarations officielles.
Le Collectif Sauvons les berges du Suzon souhaite ainsi que la candidature de Dijon soit rejetée, envoyant un signal clair : la préservation de la biodiversité ne peut se résumer à une vitrine écologique, mais exige des actes concrets, cohérents et véritablement respectueux de la faune, de la flore et de la santé des habitants.