Dans un communiqué publié à l’occasion du triste anniversaire de l’attentat contre Charlie Hebdo, la Ligue des droits de l’Homme (LDH) rappelle l’urgence de défendre les valeurs fondamentales de la République. Le 7 janvier 2015, onze personnes, dont huit membres de la rédaction de l’hebdomadaire satirique, étaient assassinées par des terroristes islamistes. Cet acte de terreur suscitait une immense vague de solidarité mondiale symbolisée par le slogan « Je suis Charlie ».
La LDH évoque cette mobilisation historique comme l’expression collective de la souffrance, de la peine, de la colère et surtout de la détermination à défendre les libertés fondamentales : penser, croire ou ne pas croire, critiquer, rire.
Un cri d’alarme toujours d’actualité
Dès le lendemain de l’attentat, la LDH, aux côtés de la Licra, de SOS Racisme et du Mrap, lançait un cri d’alarme contre les fractures qui gangrènent la société :
« Racisme et antisémitisme, stigmatisation d’une partie de la population, replis identitaires… Ces mots d’exclusion devenus si quotidiens appellent à une République effective pour tous. »
Dix ans après, ces paroles conservent toute leur pertinence. La LDH dénonce la persistance d’un climat de division où les actes et discours racistes, antisémites et discriminatoires se multiplient, tandis que les libertés fondamentales se retrouvent de plus en plus restreintes.
Une décennie marquée par les dérives
Depuis l’attentat contre Charlie Hebdo, d’autres attaques meurtrières ont visé la République et ses valeurs. Si ces actes terroristes n’ont pas détruit la paix civile, la LDH alerte sur leurs conséquences indirectes :
- Une montée des discours haineux visant les personnes se réclamant de l’islam.
- La banalisation des thématiques d’exclusion dans le débat public.
- Une prolifération des restrictions aux libertés civiles, frappant militants associatifs, écologistes ou syndicalistes.
Une République à protéger et à reconstruire
Alors que la France vient de célébrer l’anniversaire de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, la LDH rappelle que cette grande loi de liberté est un socle à défendre. Elle appelle à résister aux forces de division, qu’elles soient portées par des extrémistes violents ou par des discours d’exclusion au sein même de la sphère publique.
Dans son communiqué, la LDH insiste sur l’importance de rassembler autour des valeurs républicaines pour lutter contre la haine et promouvoir une République « effective pour tous ».
Dix ans après, un combat toujours nécessaire
Cet anniversaire tragique est pour la LDH l’occasion de réaffirmer ses engagements :
- Défendre les droits humains face à toutes les formes de discrimination.
- Promouvoir l’égalité et la fraternité, contre les replis identitaires et la stigmatisation.
- Protéger la liberté d’expression et les droits militants, essentiels à une démocratie vivante.
La LDH conclut son appel par un message clair :
« Dix ans après Charlie, nous devons redoubler d’efforts pour construire une société fondée sur la justice, la solidarité et les libertés. »
Communiqué de presse de la LDH du 6 janvier 2025 :
Le 7 janvier 2015, onze personnes, dont huit membres de la rédaction de Charlie Hebdo, étaient assassinées par des terroristes islamistes lors d’un attentat contre l’hebdomadaire satirique. L’immense « Je suis Charlie » qui se lève en réponse, en France et bien au-delà dans le monde, dit alors ce que les mots, les formules convenues peinent à traduire : souffrance, peine, colère et, par-dessus tout, la détermination à ne pas subir, à défendre, dans un rassemblement unitaire sans équivalent dans notre histoire, le droit de critiquer, de rire et de penser, de croire ou ne pas croire, bref, d’être libre et heureux de l’être.
Au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, les présidents respectifs de la Licra, du Mrap, de SOS Racisme et de la LDH dans une déclaration commune, lançaient un cri d’alarme : « Sur fond de crise sociale permanente, la cohésion de notre pays a éclaté. Racisme et antisémitisme, stigmatisation d’une partie de la population, retour de la vieille antienne du bouc émissaire dont on ne retient que l’origine, relégation dans des ghettos territoriaux et scolaires, replis identitaires, ignorance de notre histoire, qu’elle concerne l’esclavage, la collaboration ou le colonialisme, et ces mots d’exclusion devenus si quotidiens au nom d’une conception dévoyée de la liberté d’expression. Pire, certains détenteurs de la parole publique n’ont pas su, et parfois pas voulu, respecter les symboles de l’égalité républicaine ». Ils en appelaient à la mobilisation des « hommes et les femmes de ce pays qu’il faut rassembler autour non d’une incantation, mais d’une République effective pour tous. »
Cet appel n’a rien perdu de sa pertinence ni de son urgence. De fait, depuis le funeste attentat contre Charlie, d’autres crimes antisémites, d’autres attentats meurtriers sont venus confirmer l’existence de forces ténébreuses et sanguinaires, déterminées à faire de la terreur l’arme privilégiée d’une guerre contre les valeurs d’égalité, de fraternité, de liberté, celles-là mêmes qui fondent la République et la démocratie. S’ils ont toujours échoué à mettre en péril la paix civile, ils ont, hélas, largement été mis à profit par des forces ouvertement hostiles aux personnes se réclamant de l’islam et ont servi de point d’appui à la mise en place de restrictions toujours plus importantes à l’exercice des libertés et des droits civils.
Dix ans après Charlie, alors que les thématiques d’exclusion racistes ont aujourd’hui pignon sur rue, que les actes et propos antisémites se sont multipliés, que les mesures de censure – franche ou sournoise – prolifèrent contre les militants, associatifs, écologistes, syndicalistes, cet appel à l’effectivité des droits, au rassemblement contre les forces de la haine, de la division et du bâillon, demeure d’une brûlante actualité.
Alors que la France vient de commémorer cette grande loi de liberté qu’est la loi de 1905 portant sur la séparation des églises et de l’Etat, la LDH (Ligue des droits de l’Homme) entend plus que jamais poursuivre ses efforts de rassemblement dans les engagements multiples de la société civile pour les droits, l’égalité, la liberté et la fraternité.