Le 16 janvier, les personnels AESH (Accompagnants des Élèves en Situation de Handicap) et AED (Assistants d’Éducation) de Côte-d’Or se sont mobilisés dans le cadre d’une grève nationale, soutenus par les organisations syndicales CGT Éduc’action, FSU, et Sud Éducation. Ce mouvement met en lumière les conditions de travail précaires, les salaires indécents et l’absence de reconnaissance qui pèsent sur ces métiers essentiels au fonctionnement des établissements scolaires.
Des salaires sous le seuil de pauvreté
Les AESH, en raison du temps partiel imposé par le ministère, perçoivent des salaires en dessous du seuil de pauvreté. Ce travail, souvent réparti sur cinq jours, rend difficile voire impossible l’accès à un second emploi pour compléter leurs revenus. Les AED, quant à eux, travaillent 41 heures par semaine (1 607 heures annuelles) pour un salaire de 1 440 euros net. Pour atteindre le SMIC, une indemnité dérisoire de 6 centimes brut leur est versée chaque mois, un ajout qui illustre davantage la précarité que la reconnaissance.
De plus, les AED ayant obtenu un contrat à durée indéterminée (CDI) attendent toujours une grille salariale spécifique, deux ans après l’entrée en vigueur de cette mesure.
Une formation largement insuffisante
La formation est un autre point noir dénoncé par les grévistes. Les AESH et AED soulignent le manque d’accès à des formations qualifiantes, adaptées à leurs missions.
- Une AESH témoigne : « Je me suis inscrite à une formation sur les outils numériques pour mieux accompagner des élèves dyslexiques, mais je n’ai jamais été contactée par la suite. »
- Un AED déplore : « Quand on commence, on a une seule journée de formation, qui arrive en janvier, bien trop tard ! On doit apprendre sur le tas avec les collègues plus expérimentés, ce qui les surcharge. »
Cette absence de formation institutionnelle les empêche de remplir efficacement leurs missions et contribue à la surcharge des équipes.
La mutualisation et des tâches éloignées des missions initiales
Les AESH dénoncent également la pratique de la mutualisation, qui les oblige à intervenir dans plusieurs établissements et niveaux scolaires, de la maternelle au BTS, avec des élèves aux besoins variés et complexes.
« On ne prend pas en compte nos compétences ni notre expérience. On nous envoie juste boucher des trous ! » témoignent les AESH, qui se disent trop souvent réduits à une fonction de « couteaux suisses« .
De leur côté, les AED se retrouvent fréquemment assignés à des tâches qui dépassent leurs missions. Par exemple, lors de la pandémie, certains ont été chargés de remplacer des infirmières pour des dépistages COVID, ou encore d’assurer l’accueil d’élèves malades en l’absence de personnel médical. Ces pratiques nuisent à leur rôle principal : l’encadrement et l’accompagnement des élèves.
Des revendications pour la reconnaissance des métiers
Réunis en assemblée générale, les grévistes refusent fermement la dégradation de leurs conditions de travail, la précarité de leurs contrats et des salaires indignes. Ils soulignent que ces difficultés ont un impact direct sur la qualité d’accueil et de prise en charge des élèves, qu’ils accompagnent au quotidien.
Ils revendiquent :
- Une revalorisation salariale qui permette de vivre dignement ;
- Des conditions de travail décentes, adaptées à leurs missions ;
- Une formation de qualité, accessible et adaptée aux besoins spécifiques des métiers d’AESH et d’AED.
Une mobilisation pour la dignité et l’avenir des élèves
Cette grève des AESH et AED souligne une réalité alarmante : des personnels essentiels pour l’inclusion et l’éducation des élèves sont maintenus dans des conditions de précarité et de non-reconnaissance. Alors que ces professionnels jouent un rôle clé dans la réussite des élèves, en particulier ceux en situation de handicap, leur combat pour des conditions de travail dignes et des salaires décents est un appel à repenser les priorités de l’éducation nationale.
Le mouvement du 16 janvier n’est pas seulement une lutte pour des droits élémentaires, c’est aussi un acte de défense du service public d’éducation et de l’avenir des élèves qu’ils accompagnent chaque jour.
