L’EPCAPA, composé des EHPAD des Bégonias et des Jardins Voltaire-Paulette Guinchard, traverse une crise majeure. Cette situation, mise en évidence par une inspection réalisée en mai 2024 par l’Agence régionale de santé Bourgogne Franche-Comté (ARS BFC) et le Conseil départemental de la Côte-d’Or (CD21), soulève des questions sur la gestion interne de l’établissement.
Un diagnostic alarmant
Le rapport définitif de cette inspection, transmis en novembre 2024 à Antoine Hoareau, président du Conseil d’administration de l’EPCAPA et premier adjoint à la ville de Dijon, a révélé plusieurs dysfonctionnements. Bien que la prise en charge des résidents ait été jugée satisfaisante grâce à l’engagement quotidien des agents, des insuffisances managériales et l’absence de procédures internes essentielles ont été pointées. Ces écarts, aggravés par l’absence de suivi après des observations similaires relevées lors d’une inspection en 2019, ont conduit à une situation critique.
En parallèle, la situation financière de l’établissement s’est nettement dégradée. L’exercice 2024 s’est soldé par un déficit de près de 2 millions d’euros, pour un budget global d’environ 14 millions d’euros. Cette détérioration s’inscrit dans un contexte de sous-financement chronique des EHPAD publics, exacerbé par les conséquences de la crise sanitaire.
Des mesures fortes pour un redressement
Face à ces constats, Antoine Hoareau, en collaboration avec l’ARS BFC et le CD21, a proposé des actions concrètes pour redresser l’EPCAPA. L’une des mesures phares est le recours à un mandat de gestion par l’Etablissement Public National Antoine Kœnigswarter (EPNAK), reconnu pour sa gestion de 85 établissements en France, spécialisés dans le handicap et la dépendance.
Dans une lettre adressée aux familles et résidents, Antoine Hoareau a expliqué en détail les mesures envisagées, insistant sur leur nécessité et leur pertinence pour surmonter la crise : « Depuis quelques mois, l’EPCAPA est confronté à plusieurs difficultés. Je souhaite par ce courrier vous apporter des informations afin de répondre aux nombreuses et légitimes sollicitations qui m’ont été exprimées. Une inspection, diligentée par l’ARS BFC et le CD21, a fait état de plusieurs dysfonctionnements. En premier lieu, le rapport insiste sur le fait que les résidentes et résidents sont bien pris en charge, grâce au formidable travail des agents de l’EPCAPA, auxquels je rends hommage. »
Cependant, il a aussi pointé les failles managériales qui ont contribué à cette situation : « Plusieurs écarts importants ont été relevés dans le fonctionnement interne de l’établissement, notamment en lien avec des insuffisances managériales et l’absence de plusieurs procédures internes essentielles. Ces lacunes sont d’autant plus regrettables que des observations similaires avaient déjà été formulées lors de l’inspection de 2019, sans qu’un suivi efficace n’ait été mis en place. »
Antoine Hoareau a ensuite précisé les actions envisagées : « La situation actuelle commande de prendre des décisions. J’ai proposé, lors du Conseil d’administration du 20 décembre 2024, avec le soutien de l’ARS BFC et du CD21, que notre établissement, notamment la direction, se fasse accompagner durablement par un organisme extérieur, l’EPNAK, dans le cadre d’un mandat de gestion. Il ne s’agit pas de refaire un audit, tout est dans le rapport d’inspection, mais bien d’accompagner notre établissement pour établir un plan d’action précis, efficace, reconnaissant envers les équipes et soutenable financièrement. »
L’importance de l’EPNAK, en tant qu’établissement public national, a également été mise en avant : « L’EPNAK est connu et reconnu par nos autorités de tutelles (ARS BFC et CD21) pour sa gestion d’établissements spécialisés dans la dépendance. L’intérêt qu’ils portent à notre situation est très positif. »
Un soutien institutionnel et financier
Pour pallier les urgences financières, l’ARS BFC a débloqué une enveloppe exceptionnelle de 800 000 € fin 2024, permettant de stabiliser provisoirement la trésorerie de l’établissement. Antoine Hoareau a souligné que cette aide est cruciale mais ne saurait suffire à résoudre tous les problèmes : « Ces difficultés s’ajoutent à la situation financière de l’établissement qui reste très préoccupante. Nous devons agir avec responsabilité pour assurer la durabilité du service public. »
Un dialogue constructif avec les parties prenantes
Antoine Hoareau a pris soin d’échanger directement avec les familles et le personnel. Lors des réunions du 8 et du 10 janvier 2025, il a partagé sa vision pour l’avenir de l’EPCAPA, écoute les préoccupations des représentants, et a salué leur implication : « Je tiens à saluer et remercier les représentants des familles ainsi que les représentants du personnel pour leur sens des responsabilités et la qualité de notre dialogue. Leur adhésion aux mesures proposées montre une mobilisation collective essentielle. »
L’avenir de l’EPCAPA : Une mobilisation collective
L’enjeu principal reste le bien-être des résidents et l’amélioration des conditions de travail du personnel. Antoine Hoareau affirme que l’engagement collectif, soutenu par les autorités publiques, permettra de surmonter cette crise et de poser les bases d’une gestion pérenne et efficace. « Notre seule boussole est le bien-être des résidentes et résidents, ainsi que de bonnes conditions de travail pour le personnel dans le cadre du maintien du service public. »
Le défi est immense, mais la mobilisation des différents acteurs laisse entrevoir une issue positive pour l’EPCAPA et ses résidents.