Le climat social chez ALDI prend une tournure préoccupante. Ce jour, 80 salariés de la société régionale ALDI BEAUNE ont remis en main propre à leur direction des demandes de ruptures conventionnelles, marquant leur volonté de quitter l’entreprise. Ce chiffre impressionnant représente 10,69 % des effectifs totaux de la région Bourgogne Franche-Comté et des départements limitrophes dépendant de cette centrale logistique, qui alimente 78 magasins et emploie 748 salariés en CDI.
Des salariés lassés par le manque de reconnaissance
Cette mobilisation exceptionnelle est une réponse directe aux propositions jugées « dérisoires » d’augmentations salariales de l’employeur. Les représentants syndicaux dénoncent également un chantage à l’acceptation : « c’est signature ou rien ». La situation est aggravée par la suppression de la prime transport, qui entraîne une baisse de salaire pour les bas salaires estimée à 0,88 %. Cette décision, loin de satisfaire les employés, apparaît comme une provocation supplémentaire dans un contexte d’inflation et de difficultés croissantes pour maintenir le pouvoir d’achat.
Le constat est particulièrement alarmant à la centrale logistique de Beaune, où 64 % des salariés non-cadres souhaitent quitter l’entreprise, soit 64 sur 100. Parmi eux, 82 % du service expédition et 62 % du service préparation, y compris les caristes, se disent prêts à partir. Dans une ville où le plein emploi est une réalité, le recrutement est déjà un défi pour l’entreprise, et cette vague de départs pourrait compliquer encore davantage la situation.
Un pouvoir de décision centralisé et des pratiques contestées
La CGT dénonce également le mode de gestion de la société, affirmant que les négociations locales sont inexistantes. « Les sociétés régionales n’ont d’indépendantes que le numéro de SIRET », soulignent-ils, affirmant que toutes les décisions sont prises unilatéralement par le siège parisien, sans consultation des organisations représentatives des salariés. Cette centralisation, selon le syndicat, empêche une véritable prise en compte des réalités et besoins locaux.
Une réunion nationale annulée dans un climat de tension
Autre point de crispation : une réunion nationale des directeurs d’ALDI France, prévue de longue date à Beaune pour la fin janvier, a été brusquement annulée. Une décision perçue par les salariés comme une tentative d’éviter une confrontation avec leurs revendications. Ironie de la situation, des travaux d’urgence avaient été déclenchés pour rénover le réfectoire en vue de cet événement, contraignant les salariés à manger dans un couloir pendant plusieurs jours.
Une mobilisation inédite pour interpeller l’employeur
Avec cette action collective, les salariés d’ALDI BEAUNE souhaitent alerter sur leurs conditions de travail et rappeler que le pouvoir d’achat n’est pas une variable d’ajustement mais un investissement sur l’avenir. Si l’entreprise ne répond pas aux attentes des employés, elle pourrait rapidement faire face à une crise sociale et organisationnelle d’envergure.
En attendant, la balle est dans le camp de la direction d’ALDI France, qui devra démontrer si elle est prête à écouter et à reconnaître les efforts de ses salariés, ou si elle persistera dans une posture de confrontation. Le message des employés est clair : ils veulent être entendus, et surtout, respectés.