L’Agence Régionale de Santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté a mené une étude inédite en 2024 afin de mieux appréhender la présence des phlébotomes, des insectes vecteurs de la leishmaniose, une maladie parasitaire affectant les humains et les animaux. Cette action s’inscrit dans le cadre du Plan Régional Santé Environnement (PRSE) 2023-2027, qui vise à mieux connaître et prioriser les zoonoses dans la région.
Une stratégie d’investigation ciblée
Dans le but d’évaluer la présence des phlébotomes, des pièges lumineux nocturnes ont été installés dans 26 localités jugées favorables à leur développement, notamment dans des granges anciennes, sur des murs en pierres sèches ou encore près de falaises rocheuses. Au total, 144 piégeages ont été effectués et ont permis de capturer 74 spécimens de phlébotomes dans 21 communes, couvrant ainsi l’ensemble des départements de Bourgogne-Franche-Comté.
Deux espèces de phlébotomes ont été identifiées :
- Phlebotomus mascittii, largement présent, mais dont la capacité à transmettre la leishmaniose à l’homme reste à confirmer.
- Phlebotomus perniciosus, réputé pour être un bon vecteur de la maladie, détecté dans l’Yonne, la Nièvre, la Saône-et-Loire et le sud-ouest du Jura.
Les résultats montrent que la présence des phlébotomes en Bourgogne-Franche-Comté est plus faible qu’au sud de la France, mais supérieure à celle observée en Belgique ou au Luxembourg. Si le risque vectoriel reste modéré, il n’est pas négligeable et pourrait évoluer avec le changement climatique et l’extension des habitats favorables aux insectes.
Une surveillance renforcée pour mieux comprendre l’impact de la maladie
Parallèlement, une collecte de données sur la leishmaniose canine est en cours. Les chiens étant le principal réservoir du parasite, un réseau de vétérinaires volontaires surveillera les cas recensés de septembre 2024 à août 2025. Cette étude vise à évaluer la prévalence de la maladie chez les animaux domestiques et à identifier une éventuelle circulation autochtone du parasite.
Des perspectives à moyen terme
Les données récoltées permettront de mieux évaluer le risque d’implantation de la leishmaniose en croisant les informations relatives à la présence des phlébotomes, aux cas de leishmaniose canine et aux éventuels cas humains. Des enquêtes de terrain complémentaires seront menées afin de préciser la distribution et la saisonnalité des phlébotomes en Bourgogne-Franche-Comté.
Vers une anticipation des risques sanitaires
Cette étude préfigure une démarche plus large d’identification et de prioritisation des zoonoses dans la région. Une meilleure connaissance de la situation permettra d’anticiper les risques et d’adopter des mesures préventives afin de limiter la propagation de la leishmaniose et d’autres maladies à transmission vectorielle. L’ARS Bourgogne-Franche-Comté poursuit ainsi son engagement dans une approche « Une seule santé« , visant à protéger à la fois la santé humaine, animale et environnementale.