Pour améliorer la sécurité des Côte-d’Oriens, Paul Mourier, préfet de la région et de la Côte-d’Or, a officiellement lancé, vendredi, le Plan d’Action Départemental de Restauration de la Sécurité du Quotidien (PADRSQ). Cette initiative ambitieuse vise à répondre aux principales préoccupations des habitants en matière de délinquance, avec une priorité affirmée : la lutte contre le trafic de stupéfiants.
Une volonté politique forte contre le trafic de stupéfiants
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a exprimé son ambition de créer des plans spécifiques adaptés aux besoins de chaque département. L’objectif est clair : identifier les problématiques locales, mettre en place des actions ciblées et obtenir des résultats concrets.
Dans ce cadre, le préfet Paul Mourier, accompagné du procureur de la République de Dijon, Olivier Caracotch, ainsi que des autorités des forces de sécurité intérieure, a détaillé les grandes lignes du PADRSQ. Le trafic de drogue étant une source majeure de violence et de troubles, l’accent est mis sur une intensification des opérations répressives.
« Le narcotrafic est la mère des batailles, tant il génère dans son sillage violences, dégradations et incivilités », affirme Paul Mourier. L’objectif est de « pilonner l’ensemble des points de deal et les déstabiliser au maximum », avec un renforcement des moyens déjà en place grâce au dispositif des « Villes de sécurité renforcée ». La ville de Dijon bénéficiera ainsi de renforts zonaux et nationaux pour mener cette lutte.
Mesures clés contre le trafic de drogue
Le préfet a annoncé plusieurs initiatives destinées à entraver les réseaux criminels :
- Opérations régulières de démantèlement des points de deal dans les quartiers sensibles, notamment aux Grésilles.
- Surveillance renforcée des axes de transport par les douanes pour limiter l’approvisionnement des trafiquants.
- Enquêteurs infiltrés sous pseudonyme pour surveiller le trafic sur les plateformes numériques.
- Saisies élargies de biens des trafiquants (véhicules, bijoux) pour renforcer la pression financière sur les criminels.
Sur le plan judiciaire, un Comité de pilotage stupéfiant (Copil) sera créé pour améliorer la coordination des actions et identifier les cibles prioritaires à tous les niveaux du trafic.
Une approche préventive et éducative
Le préfet insiste sur l’importance d’une approche globale qui inclut la prévention :
- Sensibilisation des jeunes en milieu scolaire pour réduire l’attrait du trafic.
- Projet Limits financé par l’État (400 000 € pour Dijon et Chenôve) visant à proposer des alternatives éducatives, sportives et culturelles.
- Reconnaissance du lien entre trafic de drogue et santé mentale, nécessitant des actions coordonnées dans ces deux domaines.
Sécurisation des espaces publics et des établissements scolaires
Le PADRSQ ne se limite pas au trafic de drogue. Plusieurs actions visent à renforcer la protection des habitants et des infrastructures :
- Optimisation de la présence policière sur la voie publique.
- Extension de la vidéoprotection dans les communes identifiées comme prioritaires.
- Fouilles régulières aux abords des établissements scolaires pour confisquer les armes blanches.
- Plan de contrôle des établissements festifs pour lutter contre la suralcoolisation des mineurs.
Renforcement de la sécurité des entreprises et lutte contre les violences intrafamiliales
Un volet spécifique est dédié aux entreprises et aux acteurs économiques :
- Diagnostics de sécurité pour les entreprises, réalisés par les forces de l’ordre.
- Optimisation du dispositif « Alerte 21 » pour améliorer la réactivité face aux menaces.
La lutte contre les violences intrafamiliales et conjugales est également une priorité du plan. Huit actions concrètes sont mises en place, dont le déploiement du « Pack nouveau départ » en haute Côte-d’Or, qui facilite les démarches pour les victimes souhaitant quitter un partenaire violent.
Une escalade des tensions : les bâtiments publics pris pour cible
L’action mise en place par le préfet Paul Mourier, bien que nécessaire, ne devrait pas être sans conséquence. Dans la nuit du 16 au 17 février, un incendie s’est déclaré à la médiathèque Champollion, à Dijon. Il s’agissait du deuxième bâtiment public du quartier ciblé en dix jours.
Le risque est grand de voir ces incidents se multiplier : plus la pression sur les trafiquants s’accentuera, plus les représailles seront probables. Cette guerre, désormais lancée sur la métropole dijonnaise, ne restera pas sans conséquences. Les autorités devront redoubler de vigilance, tant dans le quartier des Grésilles que dans d’autres secteurs sensibles comme Chenôve ou Longvic.
Alors que l’État s’attaque aux biens des trafiquants, ces derniers ripostent en ciblant les infrastructures publiques. Il est donc impératif de renforcer la surveillance des bâtiments publics, qui pourraient rester une cible privilégiée des narcotrafiquants.
Une détermination affichée
Paul Mourier insiste sur l’importance d’une prise de conscience nationale concernant le narcotrafic, qu’il compare à la lutte contre le terrorisme en termes de priorité et de mobilisation. « Il en va d’une question de souveraineté nationale aujourd’hui », affirme-t-il, réitérant sa détermination à faire de la sécurité quotidienne une priorité pour tous les Côte-d’Oriens.
Cette guerre ne fait que commencer, et les défis à venir s’annoncent nombreux. La question reste posée : qui en sortira vainqueur ?